Pourquoi cet éternel veto contre les compétences tunisiennes? L'étranger a toujours cette supériorité, infondée parfois Ce n'est pas un plaidoyer aveugle pour l'entraîneur tunisien. Au contraire, nous avons, il y a quelques mois, critiqué la prestation des sélectionneurs tunisiens en compétition continentale. A ce moment-là, nos amis sélectionneurs n'ont pas apprécié ce que nous avons dit, considérant que c'est une déstabilisation gratuite contre les compétences tunisiennes. Pas vrai du tout. La nationalité est, à notre avis, un faux problème. Ce qui compte avant tout, c'est la compétence et la capacité à apporter le plus. La vraie question que l'on aimerait poser est la suivante : pourquoi cet éternel veto contre l'entraîneur tunisien? Du football au tennis, en passant par le hand, basket, volley, athlétisme, le dilemme étranger-Tunisien se fait de plus en plus pressant. La recherche du sélectionneur national de football a mis à nu tous ces tabous. Nous avons de l'estime et de l'admiration illimitée pour les noms étrangers. Ce n'est pas dérangeant quand il s'agit de lumineuses compétences internationales, mais le problème, c'est qu'on aime prendre le risque avec les entraîneurs étrangers (même quand ils font leurs débuts), alors qu'on fait tout pour barrer la route à nos entraîneurs, même quand ils ont réussi. Pas de chauvinisme, les entraîneurs tunisiens ne sont pas tous compétents et capables de réussir le haut niveau. Mais il y en a un bon nombre qui méritent d'avoir leur chance et qui ont le profil et la personnalité pour briller. Des exemples... Sans trop entrer dans les chiffres et les comparaisons, on vous donnera quelques noms tunisiens ayant réussi dans des clubs ou en sélection dans divers sports (on aura oublié quelques noms probablement!) : Hizem, Chetali, Tlili, Benzarti, Melliti, Zouaoui, Sayed Ayari, Zouabi, Belhareth, Ben Thayer, Moâtamri, S. Saïdi, Adel Tlatli, Monem Oune, Ridha Laâbidi, Ali Karabi, Rachid Ksontini, Abouda Ben Brahim, Mustapha Bouchnak, Fethi Mekaouer, Foued Kammoun, M. Belaïba, Wahid Alioua, Abdelmajid Senoussi, Khemaïs Refaï, Mohamed Mejri, H. Bouallègue... Voilà un petit échantillon des compétences tunisiennes qui ont réussi. Pourquoi eux et pas les autres? Question simple, mais difficile à cerner. Confiance Revenons au football. Tout le monde a remarqué cette tendance du bureau fédéral envers Roger Lemerre. Un sélectionneur qui a remporté la CAN 2004, mais qui a fait un petit Mondial 2006 et qui a quitté la sélection sur de mauvais résultats en 2008. Mais tout le monde jure au nom de Lemerre. Par contre, Sami Trabelsi, avec qui la sélection a énormément progressé, a quitté bizarrement la sélection pour figurer en tant que candidat sérieux (allez comprendre !). Les noms de Kebaïer, Ellili, Okbi, Ben Yahia, Kanzari sont moins cotés que ceux étrangers. Pourtant, ce sont des messieurs qui exercent ce métier depuis des années, qui ont joué le haut niveau, qui ont progressé sur le plan tactique et qui ont gagné avec leurs clubs. Un entraîneur qui a 50 ans, qui exerce ce métier depuis 10 ans, est-il encore «jeune entraîneur»?! On n'a pas de préjugés favorables pour les compétences tunisiennes. C'est fondé en partie quand on voit le passage de quelques entraîneurs tunisiens en clubs ou en sélection, mais pourquoi cette généralisation? Il y a de très bons entraîneurs tunisiens comme il y en a de mauvais. Pourquoi ne pas faire la même chose pour les entraîneurs étrangers? On a en mémoire des exemples inoubliables de pseudo-entraîneurs ratés et débarqués en Tunisie pour faire agents de joueurs mais protégés par tout le monde. On pardonne tout aux entraîneurs étrangers, mais on fustige les Tunisiens pour la moindre contre-performance. C'est un problème de confiance. Si on lève ce tabou, si l'on respecte l'entraîneur tunisien et on lui accorde le traitement qu'on accorde aux étrangers (moins compétents), les choses iront mieux. De bons dirigeants ! C'est ce qui manque le plus à notre sport. Nos compétences techniques réussissent à l'étranger, dans tous les sports, parce qu'ils travaillent dans une structure claire et motivante. Les grands dirigeants font les grands entraîneurs. Malheureusement, nos compétences techniques sont mises en doute par leurs propres dirigeants (fédérations ou clubs). Pressés par l'entourage, nos entraîneurs se trouvent isolés, obligés de tout faire pour gérer une réalité austère. On ne les protège pas contre un public profane et lunatique, alors que nos chers dirigeants s'accroupissent devant les étrangers. Notre sport peut compter sur de bons entraîneurs qui méritent d'être mis en confiance. C'est à nous de les motiver et de les pousser à se recycler et à apprendre chaque jour. Nos entraîneurs sont appelés, par contre, à gérer mieux la pression et à éviter les compromis avec les joueurs et l'entourage. C'est ce qu'on reproche plus à nos amis entraîneurs. Quand ils réussissent, ils changent et ils deviennent susceptibles à toute critique. Peut-être que c'est purement tunisien. Sinon, nous voterons tunisien, non par patriotisme, mais par conviction!