Crise de gouvernance, crise d'identité, la sélection cumule les ennuis. Cela dépasse largement le débat autour d'une énième déception, d'une élimination et d'une sortie par la petite porte. Le mal est beaucoup plus profond qu'une supposée prestation d'un match. Il touche aux racines d'un sport qui n'a ni projet ni ambition Les raisons qui ont poussé la sélection à tomber si bas ne sont plus difficiles à cerner. On ne s'étonne pas des arguments lancés ici et là, à tort et à travers. La responsabilité du sélectionneur y est totalement engagée dans la mesure où il s'est trouvé incapable de trancher sur l'utilité de tel et tel joueur, sur leur apport au sein de l'équipe. Mais au fait, changer les noms et la tactique pouvait-il réellement changer la donne? La sélection aurait-elle été meilleure sans la volte-face de Kasperczak qu'on considère à l'origine de la déstabilisation de tout le dispositif de l'équipe ? Ce qui a été accompli dans cette nouvelle édition de la CAN nous amène à constater que les dérives et les irrégularités ne sont point une affaire marginale, mais concernent des intervenants peu futés et qui arrivent pourtant à dicter leur loi. A faire système!... Crise de gouvernance, crise d'identité, la sélection cumule les ennuis. Cela dépasse largement le débat autour d'une énième déception, d'une élimination et d'une sortie par la petite porte. Le mal est beaucoup plus profond qu'une supposée prestation d'un match. Il touche aux racines d'un sport qui n'a ni projet ni ambition. On a fait de la sélection quelque chose de désincarné, qui perd du sens, et qui n'est plus qu'un moyen de déchirement et de controverses. Un moyen de subsister pour les incompétents. Un moyen qui abaisse la vocation de l'équipe par des actes dont elle risque de ne pas se relever de sitôt. Au mieux, ce sont des hommes ordinaires qui n'ont qu'une seule vocation dans laquelle ils excellent : polémiquer dans les journaux, dans les radios et les télévisions. Au pire, ils servent à montrer qu'on peut être tout juste mieux que médiocres. Ils croient que notre vieux football leur saura gré de leur présence, de leur compagnie. Ils font scandale avec leur ego. Ils oublient que le public n'est plus dupe depuis longtemps. Ce qui se disait à demi-mots par les plus avertis se confirme aujourd'hui: l'équipe nationale, son appareil, son entraîneur, ses joueurs, son premier responsable fédéral et ses hommes sont en train de souiller un monument, une institution !... Une dégringolade continue des valeurs et des principes La crédibilité de la sélection et derrière elle tout le football tunisien seraient ainsi affectés par la dégringolade continue des valeurs et des principes sportifs. Ces actes d'absolution et de décharge impliquent certainement des causes, des enjeux et des degrés de gravité très variés. Les défaillances et les manquements se conservent, perdurent et s'éternisent. On n'appréhende pas avec sérieux, ou encore pas suffisamment, les débordements et les dépassements qui conditionnent de plus en plus le parcours et la vie de l'équipe. Pareille singularité n'est pas essentiellement la conséquence de problèmes sportifs. Tout simplement, toutes les parties concernées de loin ou de près par la sélection ont failli. Elles incarnaient déjà les syndromes de l'échec avant qu'ils ne s'éclatent au grand jour. Les promesses, les fausses promesses, les arguments, on en a usé et abusé. Rien n'est plus comme avant au sein de l'équipe nationale et dans tout son entourage. Les grands hommes, les grands responsables figurent aujourd'hui dans les livres de l'histoire. L'enlisement est collectif. C'est le temps de l'amertume et de la désolation. Encore et toujours. Et comme aucun travail sérieux n'a été fait au préalable, ce serait une illusion de s'attendre à une prise de conscience de la part de responsables qui n'arrêtent pas de surprendre par leur incompétence et leur impuissance. Que ce soit sur le plan de la fiabilité sportive, ou d'ordre structurel, la fédération n'a plus la même carte d'identité. Elle n'a plus la même crédibilité. Quand l'accomplissement prend la forme d'une tendance ambiguë, le manquement devient une vision assumée. Une confusion qui trahit une méconnaissance de l'amour des couleurs nationales, de la définition du sport. La nécessité d'un dialogue constructif sur l'état du football tunisien pourrait être la pierre angulaire pour faire face aux débordements de tout genre. En même temps, la mise en place d'un système d'avertissements graduels et de rappels à l'ordre n'est plus aujourd'hui seulement souhaitée, mais surtout exigée. Cela est d'autant plus regrettable, plus désolant, que le parcours de la sélection est marqué aujourd'hui par des dépassements et des incertitudes de tout genre et que le cadre dans lequel elle se revendique renvoie nécessairement à une règle institutionnelle dont la légitimité n'est plus acceptée. La persistance des défaillances met en évidence un déficit de gestion, d'autorité. La sélection serait installée sur une montagne de dérives. De plus en plus contestée, trop risquée car soutenue par des personnes privées de discernement, d'imagination, d'initiatives et surtout de compétence. Les travers, les tares sont visibles à tous les niveaux. Ils inspirent les responsables les plus invertébrés, sans idées ni valeurs, et dont la seule ligne de conduite est le populisme, préférant caresser les bas instincts des gens, au lieu de les hisser à d'autres niveaux...