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Au lieu de chercher à convaincre, on veut contraindre
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 02 - 2017


Par Dr Rejeb Haji
« L'opinion publique est souvent une force politique, et cette force n'est prévue par aucune constitution » (Alfred Sauvy)
En parcourant tous les jours la presse tunisienne, à la recherche d'informations utiles, le lecteur est amèrement désabusé et déçu du constat : un ensemble d'articles tirés d'agences de presse, parlant peu ou prou de son quotidien et de son avenir. Rares sont les débats qui tracent une vision ou insufflent une confiance. L'essentiel se limite souvent à des ragots rapportés des coulisses pour amadouer l'acheteur. Avec l'avènement d'Internet, le citoyen peut s'exprimer en passant outre le journaliste, d'où le risque pour le métier de ce dernier, s'il n'est pas au service du droit de savoir du citoyen et ne produit pas des vérités ! Le journalisme dans notre pays intrigue. La recherche de la vérité n'est pas encore son credo. Pourtant, la construction de la démocratie le concerne en premier lieu, sinon à quoi sert-il ? Assume-t-il aujourd'hui ses responsabilités ? Assure-t-il sa mission d'informer, d'expliquer et de mettre en valeur les enjeux politiques auxquels le pays est confronté depuis la révolution ? Quelles limites trace-t-il du droit de réserve et quels secrets doit-il respecter ? Son métier peut-il encore être considéré comme un privilège ? Comment contribue-t-il au redressement du pays ? Autant de questions légitimes à se poser et autant d'autres sur la presse en général, sur les associations et sur les partis politiques en particulier, à l'époque de la révolution numérique où les mots de transparence et de vérité méritent d'être vérifiés, élargis et approfondis. Au lieu d'oublier le passé et penser au futur, des institutions contribuent à nous faire dans l'opprobre, alors que leurs dirigeants ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Ils sont contestés et accusés de mauvaise gestion. Ils n'aident pas, loin s'en faut, au retour de la confiance dont le pays a grandement besoin. Ils encouragent plutôt à fracturer le pays, au lieu de le remettre en marche.
Les courants politiques structurés ont fait leur temps, sinon comment expliquer le refus d'une commission d'enquête pour passer au peigne fin la gestion d'institutions dont le fonctionnement est supporté par nos impôts, voire par les dettes contractées qui accableront les générations futures. Ces attitudes peu orthodoxes sont-elles en fait la conséquence de «... ce quart de million de chômeurs universitaires, de ministres, de députés, de chargés de mission présidentiels et de dirigeants de partis sans formation universitaire dans un pays indépendant depuis plus de cinquante ans...». L'ancien ministre qui a fait cette déclaration sait de quoi il parle. Aucun démenti n'est venu le contredire. L'utilisation de l'argent du Nobel et sa destinée ou encore la non-publication des revenus des principaux dirigeants du pays sèment encore plus le doute et le désarroi. Au lieu de répondre à l'attente et à l'angoisse, on multiplie les amalgames. Au lieu de chercher à convaincre, on veut contraindre. Ceux qui s'attellent à fouiner dans le passé pour la recherche du sensationnel sont eux-mêmes des personnages énigmatiques.
A suivre l'exemple de nos proches voisins avec qui notre devenir est scellé. Les primaires chez eux, même si elles renforcent le déclin des partis politiques, se généralisent. Elles ont créé un mouvement d'engagement de citoyens capables de s'impliquer dans la bataille électorale. Leurs coûts ont été largement couverts par les électeurs. Les débats des prétendants étaient au plus haut, les arguments minutieusement affinés, les éléments de langage parfaitement ciselés et même l'élocution soigneusement préparée. A comparer avec ce qui se passe dans notre pays, il est navrant de constater l'éclatement, en sourdine, des partis et la paupérisation généralisée : l'absence d'idées innovantes et de débats fructueux. Cela est dû en grande partie à des moyens de communication cherchant le choc et servant de refuge à des magouilles politicardes, qui ont conduit le pays à la crise actuelle. Les partis politiques dominants et leurs appendices, des milliers d'organisations sous le couvert d'ONG manœuvrières se préparent déjà aux prochaines échéances électorales. L'actualité en témoigne. La nomination de 114 délégués dont 80, soit plus de 70%, répartis en fonction de la mosaïque des partis de gouvernement, des partis en réalité sans troupes. Soumis à l'autorité du gouverneur, les délégués en sont l'image dans les régions. Ce sont paraît-il des hommes indépendants et de qualité. Ainsi soit-il ! Encore une nouvelle exception tunisienne, le partage du gâteau même à l'échelle la plus élémentaire, celle de la délégation, cellule de base du fonctionnement administratif du pays. Dans le même ordre d'idées, pourquoi ne pas nous épargner des élections municipales et ne pas procéder de la même manière, à la proportionnelle ! Ce sera encore une nouvelle posture politique dont il faut chercher la racine et les objectifs diffus. Cette posture est dévastatrice. Elle détruit les repères politiques, encourage le clientélisme et instaure le « couffinisme » tant décrié par les nouveaux politiciens. Il est vrai que sur l'ensemble de l'échiquier, on s'intéresse peu au devenir des 650 000 chômeurs, des milliers de jihadistes infiltrés malgré les efforts des services de sécurité, des prix qui n'arrêtent pas de galoper, de la pauvreté qui ne cesse de gagner du terrain, des raisons de la régression des avoirs nets de la Banque centrale à 106 jours, de l'augmentation des services de la dette extérieure cumulée.. Tout le monde en convient qu'un petit pays, comme le nôtre, ne peut être livré à lui-même et indépendant de ses choix, sans une sécurité intérieure et extérieure au-dessus de tout soupçon. Les dernières révélations des auteurs du complot médical, la lenteur des débats au parlement, le refus de créer des commissions parlementaires d'enquête... autant de signaux révélateurs de la faiblesse de la gouvernance et de son inefficacité. Il est vrai que deux piliers de notre fonctionnement économique sont dirigés par des octogénaires. A ne pas douter qu'ils y mettent leur expérience ! Notre pays est de plus en plus montré du doigt. Ceux qui l'ont gouverné, par hasard, auraient dû se taire, car pour eux « seul le silence est grand tout le reste est faiblesse !» Ils ont abîmé un Etat moderne, reconstruit après des siècles de décadence. Ils occupent toujours la une des médias. Ils ne cherchent qu'à remuer le couteau dans la plaie, en créant des institutions pour les besoins de leur cause. De nombreux militants, par exemple, se sont rendu compte qu'il n'en est rien de l'instance créée pour la vérité et la dignité. Elle se sert du militantisme de ceux qui ont été opprimés à des fins politiques. Je fais partie comme d'autres de ceux qui ont refusé de déposer leur dossier à cette institution. Pourtant la commission présidée par feu Adelfattah Amor m'a conseillé de recourir aux tribunaux pour demander des dédommagements !
Des bavures des gouvernements successifs d'après la révolution, il en existe, et c'est au quatrième pouvoir d'aider à les débusquer pour que la justice puisse dire son mot. Tout cela est comptabilisé par certains sur la spécificité de la période par laquelle passe le pays. Alors que c'est un signe d'échec patent de ces gouvernants qui se sont succédé à la tête du pays. En conséquence, ils devraient remettre les clés au peuple et l'appeler de nouveau à choisir pour la troisième fois, en espérant qu'elle sera la dernière, pour la recomposition de l'échiquier politique. Une clarification apparaît nécessaire, à court ou à moyen terme. Elle sera d'ailleurs inévitable! Le curseur politique, on ne sait plus où le placer depuis la révolution. Les professionnels de la communication doivent baliser le chemin à suivre. Le drame est que nos moyens de communications s'intéressent plus aux résultats sportifs et à leur désolation qu'à la chute du dinar et ses répercussions sur le panier de la ménagère. Chaque jour sur l'ensemble des sujets qui touchent de près ou de loin à l'action du gouvernement, le service de presse rattaché au Premier ministre devrait adresser à l'ensemble des ministres, non des coupures des informations parues sur les journaux, mais des éléments de langage prêts à l'emploi pour répondre aux éventuelles questions de journalistes. Le ministre sera astreint non pas à dire ce qu'il pense mais à défendre l'action politique du gouvernement quels que soient les sujets pour ne pas être dans l'improvisation comme cela est souvent le cas. Telle est la démarche dans les pays démocratiques. S'il est difficile de faire de la politique, il faut avoir des convictions chevillées au corps et c'est le danger d'un gouvernement tributaire d'une coalition de partis. La politique demeure un spectacle. Avec ses acteurs, ses décors, ses mises en scène, ses scenarii, il faut s'y engager pour barrer le chemin aux parvenus.
De communication, il est aussi question au Parlement. Les questions d'actualité au gouvernement sont-elles un jeu de dupes ? Pourtant, il devrait être un grand moment de démocratie ! Les petites mains s'activent pour obtenir les questions qui seront posées à leurs ministres, pour mieux préparer les réponses. Chaque intervention est alors étudiée avec soin. Le ministre lit régulièrement ses fiches parce que souvent il ne les a pas apprises ou parce qu'il s'agit de sujets qui fâchent. Souvent à la fin des séances plénières, des questions sont posées par les députés, devant un parterre vide, pour des ministres absents. Et c'est au tour du président de séance de les transmettre aux ministres concernés pour des réponses idoines ! Que dire encore d'une commission parlementaire consensuelle, créée sans fondement juridique ou encore des signatures de conventions entre ministères ? Là encore, ce sont des exceptions tunisiennes. Mais la seule exception reconnue et récompensée par le prix Nobel est le « dégagisme », que le génie de notre peuple a inventé et qui fera sans doute son chemin pour remplacer les mouvements d'idéologies politiques de ce siècle !
Notre pays est de plus en plus montré du doigt. Ceux qui ont eu la chance de le gouverner par hasard doivent se taire, car pour eux « seul le silence est grand tout le reste est faiblesse ! » Ils ont abîmé un Etat moderne, reconstruit après des siècles de décadence. Pourtant, ils occupent toujours la une, des médias. Il suffit de suivre la tempête dont le candidat à l'élection présidentielle de la droite française est l'objet pour s'en rendre compte. Suite aux révélations du Canard Enchaîné sur la rémunération de sa femme, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits ». Tempête dans un verre d'eau, révélation ou calomnie, peut-être ? Mais le monde politique a été remué et seule la justice, la leur, est capable de rétablir la vérité. Supposons, ce qui est souhaitable, que des journalistes s'intéressent à de pareils sujets dans notre pays, il y aurait sûrement panique à bord de la classe politique. Elle serait salvatrice et éteindrait dans l'œuf les incendies qui risquent de tourner au feu. La citation à retenir pour sauver notre pays de la crise grave qu'il traverse est, à mon avis, celle d'Albert Einstein :
« Soit A un succès dans la vie. Alors A = x + y + z
où x = travailler, y = s'amuser, z = se taire. »


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