Le bénéfice des marchands des fruits et légumes est fixé, depuis les années 70, à seulement 15%, et ce, pour les produits vendus à plus de un dinar le kilo L'échelle des marges bénéficiaires relative au commerce des fruits et légumes en détail n'a pas changé d'un cran depuis 1988, date qui marque la révision, sur décision ministérielle, de la loi réglementant ce secteur. Certes, les prix des fruits et légumes font couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Cela dit, le gain des marchands reste tributaire d'une marge bénéficiaire fixe depuis des décennies. La Chambre syndicale régionale des fruits et légumes de Tunis a élaboré, en 2015, une étude sur la marge bénéficiaire dans ce domaine ; une étude qui analyse d'une manière détaillée et méthodique toutes les spécificités et les exigences matérielles et financières relatives à ce métier. En effet, l'échelle des marges bénéficiaires appliquées au commerce des fruits et légumes remonte, à vrai dire, aux années 70. Elle est, en ce sens, fort dépassée dans la mesure où elle rejoint les prix appliqués, jadis, sur ces denrées alimentaires mais aussi le pouvoir d'achat et le niveau de vie du Tunisien de revenu moyen en ces temps-là. Cette échelle continue de situer la marge bénéficiaire comme suit : si le prix du produit en question est proposé entre un millime et cent millimes, la marge bénéficiaire du commerçant se limite à trente millimes ; soit un bénéficie de l'ordre de 30%. Plus le prix augmente plus la marge bénéficiaire diminue. Au final, si le prix du produit au kilo excède un dinar, la marge bénéficiaire appliquée est de 15%. « Or, la plupart des fruits et légumes sont vendus, de nos jours, à plus d'un dinar le kilo. La marge bénéficiaire allouée à cette fourchette de prix s'avère, ainsi, être inappropriée, voire dépassée », indique M. Akrem Boukraâ, président de la Chambre syndicale régionale des fruits et légumes de Tunis. Pour la libération des marges bénéficiaires A travers cette étude, les maîtres du métier analysent en détail toutes les charges et les dépenses fixes et autres, occasionnelles qui ont trait à leur activité, dont le loyer de l'échoppe ou de l'étal, les frais de transport quotidien, etc. D'après cette étude, et vu la cherté de la vie et les innombrables dépenses nécessaires, les commerçants de fruits et légumes jugent que la marge bénéficiaire ne leur garantit aucun gain. Pour remédier à cette situation, la Chambre syndicale régionale des fruits et légumes de Tunis recommande la prise de mesures salvatrices. Pour les maîtres du métier, il convient de procéder, en effet, à la libération des marges bénéficiaires au niveau des ventes en détail, à l'instar du commerce des viandes rouges et autres, blanches. «Nous rassurons et les parties officielles et les consommateurs quant au respect du pouvoir d'achat des Tunisiens. Il n'est pas de l'intérêt des marchands des fruits et légumes, poursuit M. Boukraâ, de procéder à des augmentations exorbitantes. Etant périssable, la marchandise doit, inéluctablement, être vendue à des prix abordables sinon elle sera jetée à la poubelle. Aussi, la marge bénéficiaire doit être logique, légitime et raisonnable ». Compte tenu du taux des dépenses, lequel se situe à 17%, les commerçants suggèrent d'appliquer désormais un taux de marge bénéficiaire de l'ordre de 35%. D'après le syndicaliste, si l'on soustrait le taux de dépenses du taux de bénéfice, ce dernier se situerait à 21% ; soit une augmentation de 6%. Les commerçants des fruits et légumes proposent en outre l'adoption d'une nouvelle échelle des marges bénéficiaires ; une échelle plus simplifiée qui fixera à 50% la marge bénéficiaire des produits vendus entre 100 millimes et un dinar et de 35% pour tous les produits dont le prix excède un dinar. «Nous avons suggéré aux parties concernées d'actualiser l'échelle des marges bénéficiaires pour la période située entre 1988 et 2014 en prenant en considération notamment l'inflation financière survenue durant toute cette période ; une suggestion qui a été catégoriquement refusée», fait remarquer M. Boukraâ.