Le gouvernement britannique a annoncé un projet de réforme majeur visant à durcir les conditions d'obtention de la résidence permanente au Royaume-Uni. Cette décision, qui s'inscrit dans un contexte politique tendu autour de l'immigration, concerne directement les ressortissants tunisiens établis dans le pays ou souhaitant s'y installer durablement. Selon les nouvelles orientations dévoilées par la ministre de l'Intérieur, Shabana Mahmood, les étrangers devront désormais résider au Royaume-Uni pendant dix ans au lieu de cinq pour prétendre à un titre de séjour permanent. En plus de cette durée doublée, les candidats devront répondre à des critères plus stricts : maîtrise avancée de la langue anglaise, emploi stable, indépendance vis-à-vis des aides sociales, absence de casier judiciaire, cotisations sociales régulières, et engagement dans des activités bénévoles locales. Les Tunisiens, présents au Royaume-Uni depuis plusieurs années, sont directement impactés par ce durcissement. Beaucoup sont venus en tant qu'étudiants, travailleurs qualifiés ou dans le cadre du regroupement familial. La possibilité d'obtenir une résidence permanente au bout de cinq ans représentait jusqu'à présent un objectif atteignable pour de nombreux ressortissants tunisiens. Désormais, ce cap devient plus difficile à franchir. Les autorités britanniques justifient cette réforme par une volonté de mieux contrôler l'immigration légale et de garantir que les étrangers contribuent réellement à la société. En 2024, pas moins de 163 000 personnes ont obtenu un titre de séjour permanent, soit une hausse de 35 % par rapport à l'année précédente. Cette progression a suscité des inquiétudes au sein du gouvernement travailliste, déjà sous pression face à la montée du parti d'extrême droite Reform UK, qui prône la suppression pure et simple de la résidence permanente. Shabana Mahmood prononcera un discours officiel à Liverpool pour présenter les détails du plan. Elle y défendra une ligne ferme, tout en rejetant les propositions jugées "extrêmes" de la droite radicale. Le Premier ministre Keir Starmer a lui-même dénoncé ces idées comme étant "immorales et racistes", tout en affirmant que son gouvernement gardera le contrôle de l'immigration sans céder aux surenchères. Pour les Tunisiens résidant au Royaume-Uni, cette réforme marque un tournant. Elle impose une nouvelle stratégie d'intégration : il ne s'agira plus simplement de résider légalement, mais de prouver une contribution active à la société britannique. Cela implique un effort supplémentaire, notamment pour les jeunes diplômés, les familles en voie de régularisation ou les travailleurs temporaires. Le projet n'a pas encore été voté, mais le débat est lancé. Dans la diaspora tunisienne, entre inquiétudes et incertitudes, nombreux sont ceux qui espèrent que le gouvernement assouplira certaines conditions avant l'entrée en vigueur de la réforme.