Karim Jemai, élu local de Chatt Essalem à Gabès, est revenu, mardi 30 septembre 2025, au micro de Naoufel Ouertani dans l'émission Midi Mag sur Mosaïque FM, sur la série de fuites toxiques qui ont provoqué, en septembre 2025, plusieurs dizaines de cas d'intoxication à Gabès. M. Jemai a d'abord voulu rassurer quant à l'état de santé des victimes les plus récentes, en l'occurrence une cinquantaine d'élèves du collège de Chatt Essalem qui avaient souffert de malaises respiratoires vendredi 26 septembre 2025. « Selon les rapports médicaux, leur état de santé est stable et ils font l'objet d'un suivi médical. Hier, des médecins spécialisés venus de Gabès ont examiné la situation. Un suivi psychologique a été mis en place pour les élèves et pour les habitants de la commune, avec la mise en place d'un programme de santé urgent pour les victimes, en coordination avec les autorités locales, régionales et nationales. Les équipes médicales vérifient les cas et procéderont, si nécessaire, à leur transfert vers l'hôpital de la Rabta », a-t-il déclaré. L'élu local a souligné que les autorités spécialisées devaient entamer une enquête, en coordination avec les autorités judiciaires, afin de fournir des résultats clairs. Ces intoxications se sont en effet répétées tout au long du mois de septembre 2025 dans la zone entourant le Groupe chimique tunisien (GCT), notamment à Ghannouch, Chatt Essalem et Bouchemma. « Ces unités industrielles ne sont plus seulement polluantes, elles représentent désormais une menace directe pour la vie des habitants, avec des cas de suffocation. Le GCT doit assumer ses responsabilités et informer la population de la nature du gaz qui a intoxiqué les élèves. Les intoxications sont devenues quasi quotidiennes, au gré du vent », a-t-il ajouté. L'élu local a par ailleurs dénoncé l'état de vétusté des installations : « Le GCT est périmé et ses équipements sont devenus obsolètes. Des programmes d'intervention et des projets bloqués depuis 2009-2010 auraient pu changer la donne. De plus, une décision datant de 2017 prévoyait le démantèlement de certaines unités, mais elle n'a jamais été appliquée. La situation actuelle est d'autant plus grave qu'elle représente une menace pour la santé : chaque famille de la région compte des membres souffrant de cancer, d'asthme, d'allergies ou d'autres maladies graves », a-t-il averti. Le mois de septembre 2025 a été particulièrement alarmant à Gabès. Selon Kheireddine Debbia, membre de la campagne Stop Pollution, la région a connu une série de fuites gazeuses graves aux conséquences sanitaires lourdes. Les 9, 10 et 16 septembre, la localité de Ghannouch a enregistré des cas d'intoxication collective dépassant la centaine de personnes. Un nouvel épisode est survenu le 27 septembre au collège de Chatt Essalem, où plus de cinquante élèves ont été victimes d'étouffements et de malaises. Selon M. Debbia, dix-sept d'entre eux sont toujours hospitalisés à l'hôpital régional de Gabès, présentant des complications allant de la faiblesse musculaire à un début de paralysie partielle. Le collectif Stop Pollution avait immédiatement attribué ces intoxications aux émanations de gaz du GCT, installé à proximité. Depuis plusieurs années, Gabès est au cœur d'un mouvement citoyen structuré autour de collectifs comme Stop Pollution, Nous voulons vivre ou le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), qui dénoncent ce qu'ils qualifient d'« écocide » impuni. Ces mobilisations ont parfois été réprimées par la police, tandis que plusieurs militants écologistes ont été poursuivis en justice, alimentant le sentiment d'abandon dans une région déjà marquée par un des taux de pollution les plus élevés du pays.