Par Khaled TEBOURBI Pas beaucoup de musique en ce glacial février. Ici, on le sait, ce n'est pas tellement la saison. Ce que font nos musiciens ? D'aucuns chôment en attendant l'été... lointain. D'autres vont en studio enregistrer d'improbables albums. D'autres, encore (et ils n'ont pas forcément tort), se préparent pour les JMC. Les «Journées musicales de Carthage» sauvent désormais la mise à la musique et aux musiciens. D'abord (on y a déjà fait allusion) parce qu'elles ont lieu au printemps (du 8 au 15 avril cette année) et qu'elles interrompent, ainsi, un «quasi»-semestre de creux. Ensuite, et surtout, parce qu'elles suscitent à chaque fois (bientôt trois sessions) un engouement inhabituel pour la création. C'est, incontestablement, le meilleur des JMC que ces compétitions ouvertes, exclusivement, aux œuvres inédites et aux projets nouveaux. La musique tunisienne souffrait de routine il n'y a pas longtemps. Elle se répétait. Elle se desséchait à un point tel que les reprises des «vieux» répertoires étaient devenues une pratique commune, des «recours» pour tout un chacun. Chanson ancienne, mezoued, chant bédouin : mêmes motifs, mêmes rythmes, mêmes mélodies ressassés à l'envi, à l'infini. Les années 90-2000 en regorgèrent. Entre-temps, notre univers musical se vidait. Au profit du star système et des marchés khaliji et libanais. Les jmc sont nées pour toutes ces raisons. Il fallait, coûte que coûte, sortir de «l'ornière» d'un vieux festival, voler au secours d'un secteur, se reprendre, se renouveler. Trois éditions sont passées ; la quatrième suit. La tâche est loin d'être simple. Visiblement, on est sur la bonne voie. L'édition 2017 est quasiment prête Les douze prétendants aux Tanits sont connus. Huit Tunisiens, un Egyptien, deux marocains et une représentante de centre Afrique. Tous des groupes ; tous des projets. Les musiques «alternatives» dominent. Il se pose encore le problème de l'absence du classique arabe. Est-ce un recul historique de la «wataria», ou une orientation spécifique des JMC ? Honnêtement il y a lieu d'hésiter. Les gros tenants du classique ne se portent pas candidats, il est vrai. Ils se méfient du concept, un peu, aussi, des nouveaux. Mais on doit également reconnaître que la nouvelle programmation (compétition ou concerts off) semble comme avoir pris définitivement son parti. Exemple : sur les onze «off» prévus cette fois-ci, on ne comptera vraisemblablement aucun de mouture traditionnelle, «charqui» ou«tounssi». On ne se fera pas trop critique, pour autant. Les jmc attirent de plus en plus de jeunes. C'est la majorité, aujourd'hui, en Tunisie. De même que de plus en plus de monde. Qu'on en juge d'après la foule régulière des concerts de rue! L'innovation y trouve écho qui plus est. Nombre de créations révélées par les «journées» ont été distribuées à «Carthage» ou à «Hammamet». Preuve que l'on a fait les bons choix, et que l'on est tout à fait apte à en faire, de nouveau. Une grosse attente pour terminer : la compétition de «l'enfant créateur», point focal, sans doute, dans cette édition 2017. A coup sûr, une grande nouveauté des JMC. Avec, retenons bien le chiffre, 82 dossiers de candidatures !et une vingtaine de finalistes triés sur le volet qui se disputeront leurs petits Tanits, huit au chant, et une douzaine de redoutables précoces, au piano, à la percussion, à la cithare, au luth et au violon. Rendez-vous est certainement pris.