Par Khaled TEBOURBI A la toute veille des festivals d'été, le débat s'aiguise autour de la musique. Les gens de la «wataria»(la classique à corde)montent résolument au créneau, se focalisant, encore et encore, sur les dernières JMC. Un avis :dans cette «affaire» il y a, au pire, querelle, malentendu, au mieux. La querelle date du lancement des «journées» en 2010. A l'époque, déjà, les partisans du «bon vieux festival» s'étaient un peu sentis «menacés». Des lignes avaient plus ou moins été franchies. On s'interrogeait chez les professionnels : pourquoi un tel changement ?A vrai dire, on s'inquiétait moins de «principe» que d'intérêts proprement dits. Le «vieux festival» avait certes beaucoup perdu de son lustre d'antan, grâce à lui, cependant, une pléthore de chanteurs, instrumentistes, compositeurs et paroliers pouvait s'assurer d'un pécule de «basse saison». C'est ce qui comptait, et ce qui compte toujours, au yeux des musiciens :la rente annuelle, le pécule saisonnier. Remplacer un festival de la chanson sur le déclin par des journées musicales pétries d'ambition ne pouvait s'admettre, à la rigueur, qu'une fois cela acquis. La première édition des JMC , par prudence, peut-être encore par mérite, a su garder le «juste milieu». Plus de festival local, mais maintien de la compétition des chansons. La seconde, en revanche, est allée «droit au but». Ouverture(sur le monde arabe et l'Afrique) diversité(tous genres concernés) et compétition de projets. Un nouveau concept mis en pratique, revendiqué et pleinement assumé. On allait ainsi(aussi) droit dans la «querelle». Dans le «schisme». Voire, «l'affrontement». Les gens de la «wataria», d'un côté, les élites de l'ISM de l'autre. C'est ce que l'on en a déduit. Faussement, à notre sens. Ni l'élite de l'Institut supérieur n'a volontairement «fait main basse sur la musique. Et ni les gens de la «wataria» n'ont vraiment mené combat pour «la sauvegarde et le bien de la chanson». L'élite «académique» ne pouvait que gagner dans la participation des ténors de la «wataria». Et elle l'a, du reste cherchée. Essuyant (hélas!) un boycott quasi complet. Les gens de «la wataria», eux, (on l'a bien souligné)se sont accrochés à leurs intérêts «étroits», derrière de «beaux argumentaires» esthétiques, artistiques, même «patriotiques» ! Au mieux, a-t-on dit, il y a malentendu. Pour avoir suivi de près «l'affaire», depuis ses commencements, jusqu'à ses plus récents développements, on peut certifier d'une chose : les JMC nouvelle version tendaient, avant tout, à constituer une plateforme d'excellence pour toutes les musiques(sans exclusion aucune)pratiquées aujourd'hui, en Tunisie. Une des principales recommandations des fondateurs, en 2009, précisait d'ailleurs que «la formule des journées devait surtout aider à la réhabilitation de la chanson tunisienne et, pourquoi pas, au retour, sous de meilleurs auspices, du festival de la chanson...» Cette idée, à la fois, novatrice et réformatrice, a guidé(sauf quelques petites erreurs de parcours ou de communication)la gestion des deuxièmes JMC. Les tenants de l'école classique s'y sont, malheureusement, refusés. S'ils consentaient à y venir, demain, dès la prochaine session, l'art musical tunisien en ressortirait requinqué pour des décennies. Comme à ses plus belles années.