L'économiste tunisien Larbi Benbouhali, directeur dans une banque d'investissement en Australie, a tiré la sonnette d'alarme sur la persistance d'un taux d'inflation jugé trop élevé en Tunisie, malgré une stabilisation officielle autour de 5 %. Dans une analyse publiée sur sa page Facebook, il explique que cette moyenne masque une hausse bien plus marquée des prix ressentie par les ménages. Selon les données de l'Institut national de la statistique (INS), l'inflation cumulée sur les neuf premiers mois de 2025 a atteint 5,5 %. Les produits agricoles ont enregistré une hausse de 13,6 %, l'habillement de 9,5 % et les services bancaires et d'assurance de 8,2 %. Benbouhali souligne que la multiplicité des intermédiaires dans les circuits de distribution amplifie la hausse des prix de gros et, par conséquent, celle ressentie par les consommateurs. L'expert relève également que la Bourse de Tunis (BVMT) a progressé de 21 % depuis le début de l'année, principalement portée par les secteurs bancaire, assurantiel et de la grande distribution, qui détiennent, selon lui, un « pouvoir de fixation des prix » alimentant l'inflation. Dans le même temps, l'augmentation du salaire minimum (SMIG) n'a été que de 2,6 %, accentuant la perte de pouvoir d'achat des ménages. Benbouhali estime que la politique monétaire restrictive de la Banque centrale de Tunisie (BCT), avec un taux directeur maintenu à 7,5 %, freine la consommation sans endiguer la hausse des prix. Il critique aussi la hausse de 12 % des recettes fiscales en 2025, qui aurait selon lui davantage pesé sur l'investissement et la production que sur la réduction du déficit. Comparant la Tunisie à ses partenaires commerciaux, l'économiste rappelle que l'inflation est de 2 % en Europe, 1,8 % en Libye, 3,7 % en Algérie et 2,2 % au Maroc. Cet écart, selon lui, accentue la dépréciation du dinar et accroît l'inflation importée. Pour faire baisser les prix, il recommande que la BCT rachète la dette de l'Office des céréales et accorde des prêts à faible taux aux agriculteurs, à la STEG et à l'ETAP afin de réduire les coûts de production et de l'énergie. Il appelle aussi à une réduction de l'impôt sur les sociétés et à un soutien aux entreprises tunisiennes désireuses d'exporter vers les marchés libyen et algérien. En conclusion, Benbouhali plaide pour une coordination étroite entre la BCT et le gouvernement afin d'abaisser le taux directeur à 5 % et de ramener l'inflation à 2 % sur douze mois. Il exhorte les autorités à réorienter les crédits bancaires vers les secteurs productifs, notamment l'agriculture et l'industrie, afin de stimuler la croissance et contenir la spirale inflationniste.