Le Club Africain ne doit rien lâcher même si le chemin menant à un effort vraiment maîtrisé semble encore long et tortueux. Il est peut-être prématuré d'avancer que le Club Africain s'est redonné le droit de rêver. Mais force est de constater qu'il a bel et bien repris sa marche en avant, se rassurant par là même avant le court déplacement en banlieue nord pour y affronter l'AS Marsa. Cependant, et c'est le cas de tous les clubs populaires, la question qui agite encore la bulle clubiste et taraude les esprits des épris du CA est forcément en rapport avec la réelle fibre de compétiteur d'un club dont la régularité et l'endurance ne sont pas le fort. En clair, si la victoire du derby suffit à calmer les inconditionnels les moins tolérants (qui ne jurent que par l'excellence), le groupe de joueurs devra impérativement recevoir le message 5/5, en enchaînant par un résultat probant face à La Marsa. Encore plus d'engagement et d'implication dans le jeu via des chants «Mouille le maillot» qui ont retenti à de nombreuses reprises récemment, des slogans bien d'actualité, vu les « trombes d'eau » qui tombaient sur le CA par le passé ! Bref, si au bout d'un derby longtemps poussif, le CA a arraché un succès précieux pour lancer définitivement l'ère Ellili, les trois points et le leadership doivent permettre à terme de dessiner de nouvelles bonnes pistes. Il y a ce stade de Radès qui se remplit de nouveau malgré des supporters qui cherchent doucement leur place dans un nouveau projet clubiste ! Il y a aussi cet entraîneur qui dégage des ondes et des idées positives à un groupe qui ne demandait que ça. Et il y a, surtout, cette équipe qui avait besoin de respirer après s'être mise à la quête de ce match référence tant attendu. Il faut dire que seule la victoire permet de couvrir le gagnant de louanges. C'est pourtant injuste, car face à l'ESM par exemple, à El Menzah, le CA de Chiheb Ellili a laissé les meilleures impressions, mais a perdu ! Et bis repetita face à l'EST avec un résultat différent cette fois: le CA a longtemps maîtrisé sans piquer une EST qui avait bien joué sans s'imposer. Puis, comme le premier vrai coup de caractère de l'ère Ellili, Khelifa surgit après une feinte de corps de Darragi consécutive à un contrôle orienté de Ghazi Ayadi. Le succès est scellé. La première pierre est posée, au bout du suspense... Installer un projet, des idées et des préceptes Chiheb Ellili n'avait que ce mot sous la mèche : l'équilibre. Celui des hommes, d'abord, à l'heure où il cherche encore, quelques semaines après son arrivée sur le banc du CA, les solutions aux problèmes collectifs d'un groupe qui était en quête de confiance. Celui des résultats, ensuite, après une première défaite dans son nouveau costume d'apparat face aux surprenants Mineurs de Métlaoui. Puis, celui de son onze, enfin, sur le plan tactique ! Il touche au but le coach, non sans avoir compris qu'un entraîneur restera toujours tributaire de l'effectif qu'il a entre les pinces ! Et alors qu'il « fouille » de toutes les manières et sous toutes les coutures pour obtenir le premier succès éclatant de son mandat. Il sait maintenant qu'il faudra du temps pour installer son projet, ses idées et ses préceptes. Au fond, s'il sera avant tout jugé sur les résultats, lui préfère y chercher la manière ! Le déplacement à La Marsa se présente donc comme un nouvel exercice de style pour le technicien clubiste. Car même si le CA caracole en tête, son bilan n'est pas terrible. Dans la continuité au niveau du choix des hommes, dans la résistance sur le plan des idées, le CA a encore tout à prouver. L'adversaire, quant à lui, semble ragaillardi. Sauf qu'à la gourmandise clubiste, l'ASM tentera une approche avec pour ligne directrice l'idée qu'un point serait suffisant (un tiens vaut mieux que deux tu l'auras !) Mais voilà, la saison du CA est lancée et les victoires en appellent d'autres. Cela dit, même s'il y a eu du mieux dans l'animation du milieu grâce au retour pimpant de Wissem Ben Yahia, le CA a tenté de jouer, de combiner, mais a longtemps peiné à dégainer ses flèches offensives face à l'EST. Comme une longue stérilité et rien de très excitant en première mi-temps, malgré les belles ouvertures de Khlil, la douceur des centres de Kchok et les « gribouillages » techniques de Chenihi. Même la « joute verbale » entre Khelifa, Matthew et Hadded n'a fait frémir personne avant le but de la délivrance. En clair, globalement, l'architecte Ellili a beau gratter frénétiquement sur son calepin, le second acte fut une question d'inspiration et d'envie. Chatouiller quelques chevilles, ne pas trembler, ne jamais douter, y croire jusqu'au bout. Le football est finalement une question d'hommes plus qu'une affaire de plan de jeu. Le CA semble l'avoir assimilé et il doit forcément s'en imprégner. Parfois, c'est dur. Souvent c'est long. Garder la main n'est pas toujours une sinécure. Passer outre et garder le cap. Comme on dit, ne rien lâcher consiste d'abord et très modestement à suivre le chemin fixé, à être pèlerin plus que conquistador. Et ne pas trop parler ! Un leader aime le silence !