Le plan clubiste était simple : démarrer avec la bave aux lèvres en se jetant sur chaque ballon ! Parce que ce n'est pas un match comme les autres, parce qu'un derby se gagne avec les tripes, parce que ce genre de rencontre ne supporte pas l'à-peu-près et les faux départs, le CA a fini par fondre sur l'Espérance lors du dernier quart d'heure d'un derby haut en couleur et à la saveur particulière pour le désormais leader clubiste. Pourtant, au départ, ce sont les « Sang et Or » qui étaient morts de faim quand le CA semblait avoir laissé sa rage au vestiaire. Puis, vers la fin, le CA a pris l'avantage et l'EST le bouillon ! On retiendra au coup de sifflet final que le trident Darragi-Ghazi Ayadi-Khelifa a finalement sanctionné le dilettantisme des Espérantistes vers la fin. Une victoire clubiste qui a mis du temps à se dessiner face à un adversaire à court de jus et d'arguments, toujours vers la fin. Oublions les temps forts du match et tentons plutôt de déceler les indices annonciateurs d'une victoire clubiste. Face à une Espérance dominatrice et monopolisatrice du ballon dès l'entame du match, un CA serein mais alerte a parfaitement géré les temps forts des « Sang et Or ». Le plan clubiste était simple : démarrer avec la bave aux lèvres en se jetant sur chaque ballon ! Et volet physionomie globale, l'EST a fini par payer son état d'esprit défaillant mais aussi les choix douteux du staff technique en cours et d'entrée de jeu (Châalali sur le couloir). L'on n'irait pas jusqu'à dire que l'EST s'est tiré une balle dans le pied. Mais force est de constater que la pilule est dure à avaler, sans pour autant plonger les pensionnaires du Parc B dans une situation critique. En face, le CA a simplement joué avec son cœur. Des Clubistes si décevants en finale de la Coupe de Tunisie, rayonnant le temps d'un derby où ils ont su se mettre à la hauteur de l'événement. Quel dommage de ne pas les avoir vus aussi déterminés et entreprenants dans d'autres rendez-vous aussi importants. Mais qu'importe. Cette victoire offre des perspectives, si les Clubistes s'en nourrissent. Prudence et projection L'entraîneur clubiste, quant à lui, a su déjouer les plans adverses, même s'il s'en est fallu de peu en cours du jeu. Loin d'être délesté de toute pression, car il aurait été infamant, encore et toujours, de perdre face au «voisin de palier», il a tout d'abord choisi de jouer la sécurité avec un dispositif prudent, et de l'audace via une projection rapide et déroutante. L'on retiendra toutefois que les attaquants des deux équipes ont fait frissonner les gardiens sans succès , à plus d'une reprise. Sauf qu'au final, le CA a supplanté l'EST en tête de groupe. Ce faisant, ce revers «sang et or» met un peu plus de pression sur les épaules de Faouzi Benzarti, sachant que son équipe avait jusque-là l'habitude d'être intraitable depuis le début de saison. Un CA courageux et audacieux, une EST peu inspirée et maladroite : le choc de la journée a largement fait les affaires des gars de Bab Jedid. Un CA à l'italienne qui arrache une victoire aux forceps ! Une très bonne opération pour le club qui reçoit. Tout le contraire pour les «visiteurs». Avec seulement quelques jours de «vie commune» avec ses joueurs, Faouzi Benzarti (qui vient de succéder à Ammar Souayah) a dû composer dans l'urgence un onze capable de réaliser une performance à Radès, antérieurement terre maudite pour le CA ! Quant à Chiheb Ellili, pour son premier derby, il a obtenu exactement ce qu'il espérait trouver : trois précieux points qui le propulsent en haut du tableau. Pour le CA, c'est une vraie satisfaction. Au-delà du résultat, c'est l'esprit d'équipe et l'abnégation qui sont à souligner. Ce sont des bases sur lesquelles le coach va pouvoir construire.