Malgré l'entame du projet de réforme depuis 2011, la police de proximité tarde un peu à se concrétiser Au ministère de l'Intérieur, discipline, ordre et rigueur reviennent comme un leitmotiv dans les discours des hommes en uniforme appelés à appliquer la loi loin de tout excès de zèle qui peut mener à restreindre la liberté des citoyens. On a beaucoup parlé de police républicaine et de police de proximité après la révolution pour mettre en exergue ce grand besoin de démocratiser la police tunisienne et raffermir les liens entre le citoyen et l'homme en uniforme. Toutefois, c'est le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, qui a expliqué, devant les députés de l'Assemblée des représentants du peuple le 22 novembre 2016, que «la sécurité républicaine réside dans l'application et le respect de la loi». Projet d'appui à la réforme sécuritaire Il convient d'ajouter, dans ce contexte, que l'application de la loi doit se faire dans la transparence et dans le respect total des droits du citoyen, car, en fin de compte, nul n'est au-dessus de la loi. Et c'est dans le but de contribuer à l'émergence d'une police proche des citoyens et respectueuse des valeurs démocratiques, qu'un projet d'appui à la réforme du secteur de la sécurité en Tunisie a été élaboré et mis à exécution de 2011 à 2016 dans le cadre des activités du ministère de l'Intérieur avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Tunisie. Ce projet vise l'amélioration des services de sécurité fournis à la population en adoptant une approche de « police de proximité». Au terme de ce projet, le constat n'est pas très flatteur. Il y a toujours cette insatisfaction due aux conditions d'accueil et à la qualité des services dans les locaux de la police. Il va sans dire que ce n'est pas toujours le cas, et certains commissariats émergent du lot dans ce contexte, mais ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Il serait aussi injuste de faire endosser toute la responsabilité aux agents de police. En effet, les carences sont nombreuses au niveau des postes de police et des moyens matériels mis à la disposition de la Direction générale de la sécurité publique dans notre pays. En février 2015, l'ancien ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, a ordonné la fermeture du poste de police de Soliman, au gouvernorat de Nabeul, après avoir constaté des conditions de travail et de détention catastrophiques. Peu d'effectifs et peu de moyens pour nos policiers qui travaillent le plus souvent avec les moyens du bord, dans des locaux vétustes. Les mauvaises conditions de travail ne peuvent aboutir qu'à des résultats en deçà des attentes du citoyen qui rêve toujours d'une réelle police de proximité. Quels rôles pour les bureaux des relations avec le citoyen ? Par décret n° 93-1549 du 26 juillet 1993, les bureaux des relations avec le citoyen ont été créés dans le but «d'aider le citoyen à surmonter les difficultés qu'il pourrait rencontrer dans ses relations avec l'administration et de lui faciliter l'obtention des prestations administratives dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur», selon le site officiel du MI qui ajoute que ces bureaux sont chargés, aux niveaux central et régional, d'accueillir les citoyens et de recevoir leurs requêtes, de les renseigner et surtout de «déceler, à travers une analyse approfondie des requêtes des citoyens, les lourdeurs et complications au niveau des procédures administratives et de proposer les réformes afin de les surmonter». Ces efforts sont, à coup sûr, susceptibles de rapprocher le citoyen encore plus des forces de la police, mais les retards accusés tant de fois, au niveau de la réalisation des documents à caractère sécuritaire (Bulletin des antécédents judiciaires, carte d'identité nationale, passeport), poussent à chercher d'autres formules qui donneraient plus de satisfaction aux citoyens et allégeraient les tâches des agents de police. Les citoyens ne peuvent pour le moment profiter du service en ligne qui permet de faire une demande à distance du bulletin du casier judiciaire et que le ministère de l'Intérieur a mis à disposition des Tunisiens résidant à l'étranger .En attendant, on espère toujours que cette expérience sera généralisée en dehors de nos frontières mais surtout à l'intérieur. Une relation basée sur le respect mutuel entre le citoyen et l'agent de police commence par la mise en place de cette police de proximité qui tarde un peu à se concrétiser malgré l'entame du projet de réforme depuis 2011, ainsi que l'amélioration des services dans les postes de police.