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Face à nous-mêmes
Première de la pièce Fantastic city de Ahmed Amine Ben Saad
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 03 - 2017

Il était une fois un pays tourmenté par les querelles assassines, les trahisons, les liquidations, les injustices sociales et par la quête d'une liberté de plus en plus illusoire.
Après la pièce Tounes, le comédien Ahmed Amine Ben Saâd nous revient avec une nouvelle mise en scène intitulée Fantastic City (Biledoul Aajeib). Une nouvelle création dont la première représentation a été donnée, jeudi dernier, au Mad'Art Carthage. Fantastic City est une sorte de monodrame interprété par Sihem Akil Chabane qui en signe avec Ahmed Amine Ben Saâd le texte. Sur une scène dépouillée, la comédienne, dans la peau d'une spécialiste du théâtre pour enfants, raconte à une jeune audience aisée l'histoire de la Tunisie... Habillée en robe de princesse avec des chaussures qui clignotent, à la manière des conteurs pour enfants, elle livre un discours cru et franc qui n'épargne rien à ce jeune public. Une forme de narration naïve qui contraste avec le propos, et l'histoire vire à l'épouvante... Il était une fois un pays tourmenté par les querelles assassines, les trahisons, les liquidations, les injustices sociales et par la quête d'une liberté de plus en plus illusoire. Elle leur (nous) parle de nos martyrs, des victimes d'un système-vampire qui se nourrit du sang du petit peuple et de cette part oubliée ou pas assez reconnue par l'histoire... Cela finit par se retourner contre elle et elle se retrouve face à un système juridique qu'elle a toujours dénoncé...
Ahmed Amine Ben Saâd, qui a fait une petite apparition dans la pièce pour nous lire (interpréter) un texte d'une grande sensibilité, nous parle, en recourant à la figure du public-enfant de cet effet de miroir, de cette image de nous-mêmes, de notre société, de notre histoire que l'on n'arrive pas (ou que l'on ne veut pas) à assumer... de cette «révolution» qui a fini par engloutir ses enfants ... L'on est dérangé, malheureusement, par la symbolique trop directe et par cette saturation du jeu (qui demeure néanmoins excellent) qui fait que l'on peut décrocher par moments...Un voyage à Fantastic City est néanmoins recommandé !


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