Kasperczak est un entraîneur qui craint la nouveauté et ce n'est pas nouveau. Non seulement il la craint, mais il la combat aussi. Dans le football, tout part de la personne, de sa motivation, de sa volonté, de sa recherche de l'excellence et de l'envie de travailler. La sélection est aujourd'hui loin de ce qu'elle devait réellement être, préconiser, revendiquer. Elle héberge, voire chérit, des considérations et des acteurs emblématiques. Certaines insuffisances, aussi cruelles soient-elles, participent aussi à lui donner une certaine insipidité dans le jeu et dans le comportement de ses joueurs sur le terrain. De sa dernière participation à la CAN jusqu'à aujourd'hui, la politique d'enfermement dans laquelle elle s'est réfugiée et la fuite en avant de son principal responsable technique, Kasperczak, renvoient l'image d'une équipe coupée du football. Elle ne fait plus honneur à une institution qu'elle semble de plus en plus gâcher sans y prendre garde. Elle est tombée tellement bas. Mais ce n'est malheureusement pas une surprise, puisqu'elle s'est ainsi entraînée dans une spirale à multiples facettes: sportive, éthique, humaine. Dans les coulisses ouvertes à tous les vents auto-protecteurs, elle est restée bloquée au stade absurde d'une starification négative des joueurs et dans une inépuisable fausse jubilation. A côté de cette perte sèche, c'est l'enclenchement pernicieux d'un mécanisme incontrôlable qui semble de plus en plus inopportun. A travers les différentes prestations, à l'instar de celle d'avant-hier contre le champion d'Afrique en titre, le Cameroun, les joueurs choisis et retenus par le sélectionneur ont encore une fois confirmé l'idée qu'ils sont incapables de faire les choses avec l'intensité demandée, l'émotivité requise et la passion et la concentration exigées, rien que par le fait d'être là et l'honneur de porter le maillot de l'équipe nationale. En football, il n'y a pas le devoir d'un match officiel ou d'un match amical... Il y a le devoir tout court. La sélection et son entraîneur sont un peu perdus, égarés. Sur le terrain, l'équipe n'a pas d'intensité. Son travail défensif, ses formules d'attaque et sa capacité de presser n'ont aucune valeur. La différence de niveau vis-à-vis de certaines équipes, comme le Cameroun, semble minime, mais elle est énorme. Et cela relève de la sensibilité du sélectionneur. En principe, il est le seul qui, durant les exercices à l'entraînement ou les matches, peut voir les nuances que les autres ne pourront jamais réussir à voir. Or, Kasperczak est un entraîneur qui craint la nouveauté et ce n'est pas nouveau. Non seulement il la craint, mais il la combat aussi. D'ailleurs, il a de plus en plus de difficultés à faire passer le message...Difficulté aussi à détecter les talents, pour en faire en sorte qu'il soit alimenté par la passion, par une véritable culture du professionnalisme. Difficulté, enfin, à pousser l'équipe pour donner plus. En un mot, une certaine sensibilité du jeu et de l'épanouissement sur le terrain. Le jeu est le moteur du football Le moteur du football est le jeu. Mais en partant de cette idée, nous avons le regret de constater que le sélectionneur ne sait pas choisir, et encore moins repérer les joueurs fonctionnels et les systèmes adéquats. Le collectif est meilleur que l'individu. Kasperczak semble pourtant ignorer que l'individu peut faire gagner un match, mais que les exploits se font avec une équipe. Le football est un sport collectif avec des moments individuels, non pas le contraire. Cela en dit long sur l'évolution de beaucoup d'autres équipes africaines et de notre propre évolution. Une équipe comme le Cameroun a beaucoup de choses à enseigner à notre équipe nationale qui est restée en arrière. Kasperczak et son staff ont encore du mal à comprendre le jeu, l'inspiration, l'organisation. Quand ils jugent et choisissent un joueur, ils ne parlent que de son intensité physique ! Mais non, c'est avant tout de l'organisation ! Et de la motivation, du travail, de la capacité de devenir avec ses camarades une équipe avec un E majuscule. C'est comme ça que leur impact d'une équipe comme le Cameroun donne une impression dévastatrice. Ce n'est pas une question de physique, mais d'imagination, de créativité, d'organisation. De cette capacité à rester compact, tout en créant du mouvement et de la vitesse de jeu. C'est de l'organisation, certes défensive, mais avec beaucoup de mouvements sans ballon.