Tout le monde est aujourd'hui convaincu de la nécessité et de l'urgence du retour de cet organe suprême. Sous certaines conditions. Contrairement à ce que certains pensent, le Cnas ou Comité national d'arbitrage sportif, organe juridictionnel de troisième et dernière instance, n'a pas été supprimé. Il a été simplement mis en veilleuse après certaines polémiques qu'il a suscitées en rendant des verdicts incompréhensibles, parfois même étranges, dans des affaires de haute importance et même anodines. Ce sont les clubs qui se sont manifestés en premier lieu pour réclamer sa suppression pure et simple et le recours en cas de nécessité au TAS ou Tribunal arbitral du sport à Lausanne (Suisse). Le Bureau fédéral a saisi cette occasion pour se contenter de retirer au Cnas certaines attributions et limiter son champ d'action et sa saisine dans les seuls cas suivants lors de l'assemblée générale extraordinaire du 6/11/2015 : – les sanctions disciplinaires rendues contre les dirigeants, les joueurs ou les entraîneurs dont la durée est supérieure à quatre (4) matches ou à trois (3) mois à l'exception des décisions relatives au dopage. – les décisions relatives à la validation des listes électorales du Bureau fédéral. Dans le fameux article 56 des statuts, amendé, qui, à l'époque, a fait couler beaucoup d'encre et suscité tant de remous, le Bureau fédéral a tenu à préciser dans le dernier alinéa que «toutes les autres questions et décisions rendues en dernier ressort par la FTF et ses organes juridictionnels revêtent un caractère définitif et non susceptible d'aucune voie de recours quelle que soit la forme». L'amendement de cet article 56 qui commençait à faire peur a été un cas de «légitime défense» pour le bureau fédéral suite aux échos qui lui parvenaient et des rumeurs qui circulaient sur une «éventuelle instrumentalisation» de cet organe juridictionnel suprême pour dissoudre ce bureau et provoquer des élections anticipées. Le Cnas a été ainsi frappé de plein fouet dans son principe de neutralité et de crédibilité et il est devenu une «instance dangereuse» sous la tutelle du Cnot ou Comité national olympique tunisien avec son président Mehrez Bousayène prêt à tout à l'époque pour en découdre par tous les moyens avec le président de la FTF Wadiî El Jari et régler ses comptes avec lui. Aujourd'hui, les deux hommes sont revenus à de meilleurs sentiments et ont tenu à afficher leur volonté d'œuvrer ensemble pour le bien du sport tunisien. C'est sans doute un premier pas important pour la création d'un Cnas nouveau, indépendant et au-dessus de tout soupçon de «manipulation» de décisions pour rendre service à telle ou telle partie au détriment de telle ou telle autre. Surtout que le fait de recourir au TAS en Suisse n'est pas à la portée des petits clubs démunis qui ne peuvent pas débloquer des montants de plus de trente mille dinars pour défendre jusqu'au bout leur recours et obtenir gain de cause. Seuls les grands clubs qui jonglent avec les milliards peuvent se permettre ce luxe. Mais l'urgence et la nécessité de rendre la vie au Cnas ne doivent pas conduire à refaire les mêmes erreurs, notamment dans sa composition qui doit obéir à des critères nouveaux avec le choix aussi d'hommes nouveaux. Le paysage sportif en a marre de certains de ces juristes de droit commun de tous bords et de leur ingérence dans un domaine qui leur est inconnu pour remonter de toutes pièces des affaires qui ne font que l'envenimer et l'embraser et avoir ainsi une grosse part de responsabilité dans la détérioration des relations entre clubs, entre publics, entre régions et cette escalade et ce dérapage vers la violence dont nous subissons aujourd'hui les impacts néfastes et les retombées négatives. Ces mêmes visages occupent quasi quotidiennement les chaînes radio et les plateaux de télévision comme consultants et experts juridiques en matière de sport en général et de football en particulier. En réalité, ils ne font que mettre de l'huile sur le feu, parfois sans le savoir et parfois avec préméditation. Wadiî El Jari est aujourd'hui pour un Cnas nouvelle version, un Cnas new-look, débarrassé aussi bien de la tutelle de la FTF que celle du Cnot, dont les membres prennent leurs décisions en âme et conscience, loin de toute pression, loin de ingérence, loin de toute instrumentalisation à des fins politiques et plutôt politiciennes. Le président de la fédération n'a besoin et ne demande qu'une seule garantie pour accélérer la procédure de la renaissance du Cnas et de sa remise en place : cet organe juridictionnel ne doit pas avoir pour prérogative et pour attribution la dissolution d'un bureau fédéral élu, qui doit rester du seul ressort des associations membres qui peuvent lui retirer leur confiance selon la procédure et les modalités fixées par les statuts ou qui peut survenir par l'effet de démission ou d'empêchement d'un nombre bien déterminé de ses membres. Une fois cette garantie somme toute logique donnée, Wadiî El Jari, il le clame en tout cas, sera le premier à signer des deux mains le retour du Cnas sous un autre visage. La balle n'est plus maintenant dans son camp.