A côté d'Abdelmajid Chetali, Taoufik Ben Othmane a été l'un des artisans de la grande aventure argentine. Ensuite, il a qualifié la Tunisie pour les JO de Seoul, en 1988. Le 24 mars dernier, il a fêté son 78e anniversaire. Pourtant, la passion est toujours vive. L'ancien milieu de terrain de l'Avenir Sportif de la Marsa et de l'équipe nationale des années 1960 conduit aujourd'hui la direction technique de l'Académie de formation du club du Safsaf. «Je me rappelle avoir déclaré il y a quelques mois sur les colonnes de La Presse que Henry Kasperczak devait partir, et j'étais catégorique. Cela se passait bien avant la Coupe d'Afrique des nations «Gabon 2017». Donc, on ne risque pas de m'accuser d'opportunisme. Le sélectionneur a commis une erreur impardonnable. Il s'est sabordé en ignorant toute continuité juste après la CAN. Cette campagne n'a pas été une réussite. Il y avait moyen d'aller jusqu'en finale sans les erreurs de Kasperczak dans les choix stratégiques et dans la formation rentrante. Cela nous a condamnés à une sortie dès les quarts de finale. Maintenant que le mal est fait, je propose un recours à un entraîneur tunisien qui connaît parfaitement nos clubs, les joueurs qui animent la compétition. Il doit imposer une discipline rigoureuse et «professionnelle» et mettre un terme aux histoires de virées nocturnes, de boîtes de nuit, de bacchanales... «Ellili peut faire l'affaire» La priorité doit être à mon avis donnée aux joueurs locaux qui ont envie de donner quelque chose. Les binationaux, on les sent blasés. Ils évitent le contact et pensent plutôt à leur carrière en Europe. De plus, dans leur majorité écrasante, ils vivent un contexte durable où ils ne jouent pas et cirent les bancs. Ils manquent cruellement de compétition, et cela se répercute sur leur rendement. Dans ce cas, je préfère aligner un joueur de notre championnat d'autant que le niveau des expatriés n'est pas formidable. Ils ne sont pas supérieurs aux joueurs locaux. Ceux-ci doivent être pris en main souvent. Pas uniquement à l'approche d'une échéance officielle. Du temps de l'équipe argentine, nous prenions les joueurs en sélection du lundi au mercredi, avant de les rendre à leurs clubs le reste de la semaine afin de disputer le match du dimanche. Cela a facilité la consolidation de l'entente entre joueurs, de l'homogénéité de l'ensemble. La Tunisie a besoin d'un sélectionneur qui travaille. Pas de quelqu'un qui se tourne les doigts dans un bureau à la direction technique de la fédération et qui perçoit chaque mois quelque chose comme 70 ou 80 mille dinars. Chetali et moi, nous travaillions toute la semaine. A présent, il n' y a pas complémentarité entre les joueurs et les compartiments. Je crois qu'en deux mois, le nouveau patron de la sélection peut disposer d'une équipe prête, à partir des joueurs les plus en forme de notre championnat. S'il ne trouve pas de joueurs convaincants à certains postes, il peut se retourner vers les expatriés. Mais, au préalable, la priorité doit être donnée à une ossature composée de joueurs locaux. La devise doit être : non aux joueurs manquant de compétition et qui gardent toute la saison le banc. Il y a trois mois, sur les colonnes de La Presse, je vous ai proposé le nom de Chiheb Ellili pour remplacer Kasperczak. C'est un véritable pro qui a donné satisfaction là où il est passé. Eh bien, je réitère ma suggestion, l'essentiel étant que ce soit un technicien tunisien».