Elle figure parmi les illustres gloires du sport national grâce à sa cinquantaine de médailles nationales et internationales épinglées sur son tableau de chasse suite à ses milliers de kilomètres parcourus avec brio dans les bassins. Bien évidemment, c'est de Senda Gharbi qu'il s'agit, la championne arabe méditerranéenne et d'Afrique des années 80 et début des années 90. La scène sportive nationale a toujours regorgé de talents et de champions à travers les décennies depuis l'indépendance jusqu'à nos jours. Ce mérite n'est pas exclusivement l'apanage des hommes. La gent féminine, elle aussi, a eu et continue à avoir sa grande contribution dans le lot de satisfactions sportives de haut niveau ramenées avec bravoure à notre chère Tunisie. Parmi nos sportives ayant défrayé la chronique nationale et internationale, notamment dans les années 80, on cite incontestablement la grande championne de natation Senda Gharbi qui a été pendant des années championne d'Afrique et du monde arabe marquant ainsi d'une pierre blanche l'histoire du sport national. Partout ou elle passait, le drapeau tunisien était hissé avec fierté et honneur en fin de joute. Son grand cœur lui dicte de rappeler: «Ma contribution dans les réalisations réussies par la natation s'inscrit dans le lot de triomphes ramenés par les autres grands noms de gloire de la natation tunisienne, à savoir feu Ali Gharbi, Samir Bouchlaghem, Hédi Belhassen, Saloua Obba, Mériem Mizouni, Faten Ghattas et tant d'autres nageurs et nageuses notoires. Tous ces sportifs méritent qu'on leur rende hommage et que l'on profite de leur expérience pour que notre sport, la natation, constitue toujours la grande fierté de la Tunisie». Fille du virtuose du «qanoun» et mémorable feu Hassen Gharbi, chef de la Troupe musicale de la Radio télévision nationale, Senda Gharbi a été, dès l'âge de quatre ans en 1971, orientée vers un art autre que la musique : la natation où elle a tapé dans l'œil des fins connaisseurs de ce sport qui ont vu en elle l'étoffe et le potentiel d'une future grande championne. «En effet, j'étais encouragée par mes frères, eux aussi nageurs, à faire ce sport et, rapidement, j'ai été prise en charge par le grand maître en la matière. Mohamed Mahjoub qui a détecté en moi d'énormes capacités et une impressionnante facilité d'assimilation dès l'âge de neuf ou dix ans. Après lui, c'est un autre grand Monsieur qui a veillé sur ma carrière. Il s'agit de Moncef Chérif. Avec Faten Ghattas, nous étions les mieux placées des nageuses tunisiennes à prendre la relève de la championne Meriem Mizouni qui était notre aînée de dix ans». Première médaille à 16 ans Naturellement, quand on est née championne, la réussite ne se fait jamais attendre. «C'est à l'âge de seize ans que j'ai remporté ma première médaille d'or. Ce fut dans le cadre du championnat maghrébin à Alger. Cela avait coïncidé avec la dernière compétition de feu Ali Gharbi. Après cela, les événements et les compétitions à l'échelle nationale et internationale allaient se succéder, parfois d'une manière frénétique. Et plus je nageais, plus j'améliorais mes capacités et la conséquence fut une impressionnante razzia de trophées, de médailles et des souvenirs qui resteront gravés dans mon être toute la vie. Je n'arrive plus à compter mes médailles (or, argent ou bronze) qui sont au nombre de quarante-cinq ou cinquante glanées sur les plans national, africain, arabe et méditerranéen. Mais mes médailles les plus chères à mon cœur restent celles que j'ai remportées aux Jeux méditerranéens de Lattaquié 1987 (argent) et à ceux d'Athènes (or et bronze). Elles ont plus de signification car elles ont été décrochées devant des nageuses européennes de haut niveau. Ma participation aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 demeure également un beau souvenir pour moi puisque j'avais été classée dix-neuvième mondiale». «On naît champion, mais on se perfectionne» Aucune poitrine, même celle d'un gaillard ne peut supporter, sans peine, le poids de toutes ses médailles qui sont, sans aucun doute, le fruit du don certes mais aussi du labeur. «Tout à fait, on peut naître champion mais pour y parvenir réellement, il n'y a pas d'autre recette que le travail acharné et l'encadrement basé sur les méthodes scientifiques adéquates. Là-dessus, je peux dire que j'ai été choyée par mon équipe de cœur, l'Espérance Sportive de Tunis, et la Fédération tunisienne de natation. J'ai toujours fait l'objet d'un traitement spécial dont les ingrédients étaient un programme de préparation spécifique et personnalisé, des participations mensuelles et parfois bimensuelles aux meetings internationaux un peu partout dans le monde. C'est d'ailleurs cette politique à applaudir qui a aidé notre grand champion Oussama Mellouli à atteindre le niveau mondial et être souvent sur le podium pour remporter les médailles et les titres mondiaux». Aya, sa fille, est sur ses traces Bien que sa carrière soit déjà clôturée depuis belle lurette (1992), Senda continuera certainement à être à l'origine d'autres satisfactions et performances à offrir à la Tunisie. Mais cette fois-ci, ce sera par le biais de sa fille Aya Gara (16 ans) qui, il y a moins de vingt jours, a remporté deux médailles de bronze aux championnats d'Afrique de natation juniors organisés au Caire. Y a-t-il plus symphatique et plus symbolique que cela pour vérifier la véracité de l'adage tunisien très connu qui dit que «le petit de l'oie devient toujours bon nageur»... ou bonne nageuse?