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Rjim Maâtoug, la révolution verte !
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 05 - 2017

A Rjim Maâtoug, on se bat sur trois fronts, économique, social et écologique : lutte contre la désertification, fixation des populations nomades et amélioration de leurs conditions de vie à travers la création de sources de revenus
Enclavé, aux confins de l'extrême sud tunisien, sur la frontière tuniso-algérienne, Rjim Maâtoug était pendant des années un coin du pays déserté. Et jusqu'à un passé non lointain, ce pan du territoire national a risqué, à un moment donné, de perdre sa souveraineté. Quitte à devenir une zone de conflit d'intérêts géographiques. En 1972, la prospection d'une nappe phréatique, riche en réserves hydriques, lui avait redonné vie. Ce fut, alors, une manne souterraine naturellement partagée avec ses deux voisins limitrophes, l'Algérie et la Libye, et dont le quota de la Tunisie était de 2.000 litres par seconde. Mais, la cruauté du milieu a laissé douter qu'un pareil espoir ne soit jamais à la portée. Entre-temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
Et il a fallu attendre presque vingt ans pour que la région commence à sortir, peu à peu, de son isolement. Aujourd'hui, elle doit beaucoup à une armée nationale qui n'a guère failli à son devoir et qui continue à croire dans son capital humain. La création, en 1989, de l'Office de développement de Rjim Maâtoug, œuvrant sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, la repêcha du néant. Et ce n'est pas un hasard si une telle intervention militaire a été perçue comme un coup de chance décisif . A 120 kilomètres de Kébili, ce bout de terre coincé entre le « grand erg oriental » et Chott Djerid, de la délégation d'El Faouar, a survécu à l'oubli. A la merci d'une manœuvre politique « forcée » visant à le protéger de toute forme d'intrusion étrangère. L'Etat a su garder une si vaste superficie de 1300 hectares sous son contrôle. Il n'avait pas, à l'époque, d'autre choix que de la repeupler et fixer toute une population bédouine dans son périmètre frontalier. Aussi la lutte contre la désertification n'a-t-elle pas été, pour lui, un défi majeur, voire une menace écologique bien réelle. Cela dit, le développement de la région n'était pas une mince affaire. La rudesse du climat, avec des pics de plus de 50°C en été et moins de 7°C en hiver, doublée d'un manque flagrant des moyens nécessaires, n'a fait que retarder l'heure de l'action.
A pas lents, mais sûrs
En attendant, une phase d'essai (1984-87) menée sur 300 hectares de palmiers dattiers avait, à terme, démontré qu'une vie en plein désert était possible. Et que ce coin du pays, autrefois reconnu comme un exil politique à ciel ouvert, pouvait un jour connaître sa révolution verte. Un souci de financement, en premier lieu. Puis, une question d'investissement. C'est pourquoi la coopération engagée, fin des années 80, entre la Tunisie, l'Italie et l'Union européenne a permis de lancer, en deux tranches, un projet de développement colossal (1990-2009) d'une valeur globale de près de 100 millions de dinars. Etendu sur 2.160 ha, plantés de palmiers dattiers pour être, par la suite, cédés à près de 1.500 bénéficiaires, à raison d'une parcelle de 1,5 ha pour chacun. La philosophie était d'encourager les gens à y rester, en leur favorisant un cadre de vie digne de ce nom. Les cadres de l'Office ont bravé les difficultés du parcours, ne ménageant aucun effort pour aider les habitants à résister aux aléas de la nature. Certes, à pas lents, mais sûrs. Patience ! L'aventure n'est pas une simple partie de plaisir.
Lutte sur trois fronts
A Rjim Maâtoug, on se bat sur trois fronts, économique, social et écologique : lutte contre la désertification, fixation des populations nomades et amélioration de leurs conditions de vie à travers la création des sources de revenus. Au fil des jours et des mois, cette localité en milieu désertique se voit libérée de ses chaînes. Peu à peu, l'oasis a bien fleuri, portant ses fruits. D'après l'Office, un palmier dattier ne saurait être effectivement productif qu'après presque 7 ans. Aujourd'hui, la production annuelle est estimée à 15 mille tonnes de dattes « Deglet Ennour ». Soit 75% des prévisions qui tablent déjà sur 20 mille tonnes en moyenne. Bilan concluant, pour ainsi dire. Ingénieur agronome de formation, M. Ahmed Charef, directeur de la planification et du suivi du projet, vient de brosser un tableau évaluatif mitigé en termes de postes d'emploi et du nombre des bénéficiaires des parcelles (1.568 exploitants). «Jusqu'à la fin 2015, l'on enregistre, chaque année, quelque 100 mille journées de travail temporaire. Et 12 mille actuellement. », estime-t-il. Ces données à géométrie variable s'expliquent par le fait qu'un tel investissement agricole est toujours soumis aux aléas de la vie. Il évolue en dents de scie. Et «l'oasis-modèle », mise sous le contrôle de l'Office, a pour effet de tester le succès de toute espèce de culture et son adaptation au climat saharien de la région. A ce niveau d'étude, l'Office fait appel à ses partenaires, chacun dans son champ d'action, en l'occurrence l'Institut des régions arides, celui de l'olivier, l'Office de l'élevage. Ils cherchent toujours à prouver l'efficacité de telle ou telle plante, avant qu'elle ne soit recommandée auprès des exploitants.
Trente ans déjà. Cette révolution verte, ainsi qu'on la qualifie, a quand même transformé le paysage d'une zone frontalière longtemps classée invivable. En ce jour, elle compte environ 7.000 habitants, avec une vie paysanne en progression. En fait, « Ferdaous », « Ennassr », « El Amal », « Essalem » sont des cités mitoyennes des palmeraies, où existent certaines commodités nécessaires, l'école et le dispensaire. A perte de vue, sur un cordon vert de 25 kilomètres dressé contre l'avancée du sable, d'autres structures de base (lycée, poste, mosquée, cafés, échoppes..) longent la vieille route principale reliant Rjim Maâtoug à Matrouha. Cependant, l'ambiance générale qui y prévaut donne l'impression que le rapport de force homme-nature n'est pas encore au beau fixe.


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