En battant largement le tenant du titre, les « Sang et Or » voulaient faire taire les mauvaises langues. Celles qui faisaient douter de leur aptitude à remporter le sacre de champion. C'est une Espérance Sportive de Tunis maître de son jeu, sereine et dominatrice à souhait qui a remporté jeudi après-midi son 27e titre de champion de Tunisie. En face, un dauphin étoilé méconnaissable, incapable de mener jusqu'au bout une action offensive. A notre avis, si l'Etoile du Sahel était quasi absente, c'est que Hamza Lahmar et ses camarades sont sortis mentalement du match avant même de le commencer. Le comportement du président Ridha Charfeddine, qui a refusé de quitter le banc des remplaçants avant d'y être forcé, n'a pas aidé ses joueurs à se concentrer sur le sujet, outre qu'il a retardé le coup d'envoi d'un quart d'heure. De Bedoui à Jemal, en passant par Lahmar et Msakni, tous avaient les nerfs à fleur de peau, en particulier Alaya Brigui, expulsé à la 63' pour somme d'avertissements. Les «Sang et Or» en voulaient plus Si le mental a fait défaut aux Etoilés, ce n'était pas le cas des Espérantistes. Faouzi Benzarti et son staff ont su convaincre leurs poulains d'aller chercher la victoire : «Nous aurions pu jouer pour faire seulement match nul. Nous avons écarté cette option de la tête des joueurs. Nous leur avons fait comprendre qu'il faut absolument gagner. Il fallait vaincre et convaincre et, surtout, démontrer à tous ceux qui avaient émis des doutes tout au long de la saison que l'Espérance de Tunis mérite amplement le titre de champion de Tunisie 2017. Cette large et belle victoire contre l'Etoile confirme que notre équipe est au-dessus du lot. Par ailleurs, Ben Chérifia n'a pas été inquiété. Il n'a pratiquement versé aucune goutte de sueur», a déclaré l'entraîneur adjoint, Mouine Chaâbani. En alignant deux milieux défensifs, Ghilane Chaâlali et Fousseiny Coulibaly, et un milieu-relayeur, en l'occurrence Ferjani Sassi, Faouzi Benzarti, qui connaît mieux que quiconque la formation étoilée, a su réduire les espaces de manœuvre à ses anciens poulains. Grâce au trio Chaâlali-Coulibaly-Sassi, l'EST a maîtrisé l'entrejeu, gagné tous les duels dans ce compartiment de jeu qui fut la clef de la réussite du match. Un jeu en bloc mobile et surtout porté vers l'attaque. Au fait, tous les joueurs, qu'ils soient du milieu ou de la défense, ont apporté leur concours aux attaquants en phase offensive. Bref, l'Espérance a été seul maître à bord sur la pelouse du stade de Radès. En face, l'Etoile n'a pas fait le poids et ce n'était pas de son plein gré selon les propos de l'adjoint de Faouzi Benzarti : «C'est nous qui l'avons forcée à se replier derrière. Nous avons dominé les débats, su imposer notre rythme et leur avons réduit les espaces de manœuvre», a tenu à dire Mouine Chaâbani, avant de poursuivre : «La phase du play-off était très disputée. De plus, le calendrier était corsé avec la moyenne d'un match tous les trois jours, sans compter les rencontres de la Ligue des champions. Tous nos adversaires étaient motivés pour battre l'EST. Nous avons relevé notre défi de remporter le championnat de Tunisie, en alliant manière et résultat. Nous avons ainsi clôturé de la meilleure manière notre parcours en championnat. Nous espérons rester sur notre lancée, ce qui nous aidera beaucoup pour la suite de notre parcours en Ligue des champions». La touche de Khenissi A l'Espérance de Tunis, tous les joueurs, qu'ils soient attaquants, milieux ou même défenseurs, ont l'instinct des buteurs. Certains sont plus chanceux que d'autres. Contre l'Etoile, la chance a encore tourné le dos à Fakhreddine Ben Youssef qui, à deux reprises, a raté de peu le cadre. Quant à Yassine Khenissi, il a été, lui, beaucoup plus combatif et, surtout, efficace à souhait. Contre l'Etoile, il a inscrit son 14e but, finissant la saison comme meilleur buteur du championnat. C'est que pour ce joueur revenu à l'Espérance pour réussir sous les couleurs de son club de toujours (là où il a été formé et là où son passage chez les seniors était un échec cuisant), le défi a été gagné. Après un passage de trois ans au CSS où il s'est fait un nom et où il a gagné en expérience, Yassine Khenissi est revenu au Parc B pour accomplir ce qu'il n'a pas réussi à entreprendre lors de son premier passage : «Partout où je suis passé, j'ai laissé mon empreinte. Dieu merci, mes rêves se réalisent. Après la Coupe de Tunisie, voilà que j'ajoute à mon palmarès le sacre de champion de Tunisie sous les couleurs de mon club de cœur, l'Espérance de Tunis. Je dédie ce sacre au public «sang et or». Je suis ravi d'avoir été capable de lui faire plaisir en lui offrant ce 27e titre. Nous avons encore des objectifs à atteindre, à savoir la Coupe de Tunisie, le Championnat arabe et bien entendu notre vœu le plus cher, la Ligue des champions». Bref, les « Sang et Or » méritent amplement le titre de champion de Tunisie et ils ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin.