L'avant-centre a pris une part prépondérante dans le nouveau sacre des «Sang et Or» où il se sent comme un poisson dans l'eau «Der bomber». C'est ainsi que l'on appelait Gerd Muller, grand buteur de la Bundesliga devant l'Eternel, un attaquant capable de pousser, dans une position déséquilibrée, presque à terre, le ballon au fond des filets. Bien entendu, toute comparaison est impossible, mais Taha Yassine Khenissi a marqué de son empreinte la saison qui vient de rendre l'âme. A coups de buts qui ont énormément aidé la machine «sang et or» pour dominer haut la main le championnat, et plus particulièrement le play-off. La progression de l'ancienne flèche de l'Espérance Sportive de Zarzis et du Club Sportif Sfaxien est linéaire. Il gagne au fil des années en métier, en roublardise et en spontanéité, ce qui en fait une épine au pied des arrière-gardes les plus expérimentées et les plus intraitables. A l'instar de celle de l'Etoile Sportive du Sahel qu'il avait déjà crucifiée l'été dernier en quarts de finale de la Coupe de Tunisie d'une tête astucieuse, et cette saison aussi bien à Sousse qu'à Radès. N'est-ce pas là une petite hantise qui renvoie au bout du compte tout le monde dos-à-dos en ce sens qu'il n'a pas épargné non plus les autres pensionnaires du PO? Habile dans tous les registres, aussi bien du pied droit et gauche que de la tête, le bonhomme possède une qualité de jaillissement remarquable. La façon dont il sait couper la trajectoire du ballon est un régal pour les puristes et une assurance tout risque pour tous les entraîneurs. Il sait claquer le ballon au moment opportun, à la seconde qu'il faut en attaquant l'espace et tout à la fois son cerbère qui croit pourtant le surveiller comme on surveille le lait sur le feu. Il flirte avec le hors-jeu Pas très «joueur», en ce sens qu'il ne tient pas le ballon, n'aime pas trop revenir en arrière participer à la manœuvre, il préfère dévier, prendre le ballon dans le dos des défenseurs, terminer les actions au prix d'un sang-froid remarquable ou encore partir à la limite du hors-jeu. Il serait prétentieux de parler d'un attaquant complet, mais il n'est pas inexact d'évoquer un avant-centre classique, du bon vieux temps. Dans la lignée de tous ceux qui peuplent l'imposant classement des buteurs, de Habib Mougou à Mohamed Salah Jedidi, d'Abdelmajid Tlemçani à Moncef Khouini, de Abdessalem Adhouma à Zoubeir Boughenia, de Mongi Delhoum à Moncef Ouada... Le total de 14 buts est tout à fait respectable. De plus, Khenissi réhabilite la lignée des attaquants auxquels revient naturellement l'honneur de conduire le tableau des buteurs. L'an dernier, il se produisit en effet un fait vraiment rare, celui de voir un défenseur (un latéral gauche) remporter le classement des buteurs : Ali Maâloul, avec le Club Sportif Sfaxien. En tout cas, sa performance est tout bénéfice pour l'équipe nationale qui hérite d'un buteur qui pète le feu à quelques jours du grand derby contre l'Egypte aux éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations «Cameroun 2019».