Le duel tant attendu entre l'EST et l'ESS n'aura finalement accouché que d'une promenade de santé des «Sang et Or» face à une Etoile terne et ne sachant pas sur quel pied danser. Mis à part l'incident regrettable ayant retardé le coup d'envoi de la rencontre de vingt minutes et dont l'auteur fut Ridha Charfeddine, le président de l'ESS, l'évènement tant attendu s'est déroulé dans une très bonne ambiance qui fait honneur au football tunisien. Le choc de l'année entre l'EST et l'ESS aura finalement consacré la supériorité et la suprématie de l'Espérance Sportive de Tunis qui a dominé le championnat 2016-2017 de bout en bout, sans bavure. Même en ce qui concerne l'arbitrage qu'on voulait confier à un étranger, la FTF a finalement vu juste en chargeant l'arbitre tunisien Youssef Sraïri de diriger cette rencontre à haut risque. Ce dernier a été l'auteur d'une belle prestation, prouvant que consommer tunisien est avant tout un acte de patriotisme et de fierté et une confiance en nos «produits». Pour ce qui est du match, on peut affirmer sans risque de se tromper que l'on n'a vu à l'œuvre qu'une seule équipe, en l'occurrence l'Espérance, qui a fait cavalier seul face à un adversaire étoilé qui n'avait pas grand-chose à négocier. On s'attendait à une confrontation équilibrée et indécise jusqu'à la fin, mais rien n'en fut, puisque les protégés de Faouzi Benzarti, auxquels suffisait un score de parité pour s'adjuger le titre de champion de Tunisie, avaient, avant-hier, les dents très longues et un désir de briller hors pair face à une amorphe ESS. Quelle sobriété des «Sang et Or» ! Quand on constate que l'ESS, qui est pourtant la seule équipe capable de tenir la dragée haute à l'Espérance, n'était qu'une victime expiatoire, on comprend bien la supériorité très convaincante des «Sang et Or», auteurs d'un match historique. Pourtant, le premier quart d'heure de la rencontre laissait entrevoir un certain nivellement, mais après trente minutes de jeu et après les buts de Ghailane Chaâlali (14') et Ali Machani (30'), le sort du match allait être scellé et le nom du champion était dès lors dévoilé. En effet, on voyait mal comment l'ESS allait pouvoir renverser la vapeur et marquer trois buts à une Espérance à la défense très hermétique. A la reprise, l'Espérance allait remuer le couteau dans la plaie en clouant à la 39' le troisième but grâce au renard de la surface Taha Yassine Khénissi qui porta l'estocade finale à une ESS méconnaissable sur toute la ligne. Ce qui fut choquant dans ce duel devenu littéralement déséquilibré, c'était l'absence du sursaut d'orgueil de la part des coéquipiers de Hamza Lahmar qui ont précocement jeté les armes et abdiqué devant ce gros calibre «rouge et jaune». L'équipe de Bab Souika a fait montre d'une remarquable sobriété et d'un mental à prendre en exemple, tellement le flegme des joueurs et leur concentration étaient au rendez-vous. Ces derniers n'ont jamais cédé à la provocation et à l'agressivité parfois exagérée des Sahéliens qui cherchaient par tous les moyens à freiner la lancée percutante et bien réfléchie de leurs hôtes. D'ailleurs, ce comportement blâmable qui dénote une désolante absence de fair-play de quelques joueurs étoilés leur a coûté d'abord trop de cartons jaunes et un carton rouge écopé par Alaya Brigui (62') et par voie de conséquence une fébrilité et une déconnexion très néfastes. Humiliation évitée de «justesse» Tout au long de ce bras de fer, qui n'en fut finalement pas un, particulièrement après l'exclusion de Brigui, l'ESS ne savait plus où donner de la tête et ses trois compartiments furent criardement disloqués. Ce qui fit le bonheur des coéquipiers de Ferjani Sassi. Mais ce qui a étonné plus d'une personne dans le comportement des «Sang et Or», c'est qu'ils n'ont jamais cherché à infliger la «correction» à leur dauphin qu'ils ont quand même traité avec un certain égard. Il est vrai qu'ils se sont créé un grand nombre d'occasions pouvant conduire à un score fleuve, mais c'est le rythme de jeu qui en disait quelque chose. Lequel rythme baissa manifestement d'un cran, fût-ce par respect au champion sortant ou par euphorie et rassasiement. Des joueurs au-dessus du lot En dehors de l'esprit de gagneur, de la sobriété et de l'application collective dans la construction du jeu ayant marqué le comportement de l'équipe de Faouzi Benzarti, on ne peut pas passer sans faire l'éloge de quelques individualités ayant régalé de leurs prouesses les fans de l'EST. Ferjani Sassi, Khélil Chammam, Yassine Khénissi, Ghailane Chaalali, et surtout Coulibaly ont spécialement été de vrais héros dont l'apport était à la fois généreux et très positif. Voilà, l'Espérance est champion de Tunisie pour la vingt-septième fois de son histoire. Elle l'est avec mérite et sans la moindre faille. Elle vient de le prouver amplement devant une ESS qui reste malgré tout la deuxième meilleure équipe de ce championnat.