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Recourir à l'armée pour la protection des sites de producton : autant de craintes ?
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 05 - 2017


Par Mohamed MEDDEB*
L'annonce de M. le président de la République, dans son discours du 10 mai, de charger l'armée de la protection de sites de production, a suscité certaines appréhensions et des craintes de voir l'armée se frotter aux manifestants et sit-inneurs avec les conséquences qu'on peut imaginer. Mais si on met de côté les considérations purement politiciennes, ces craintes sont très peu, ou pas du tout fondées et ce pour les considérations suivantes:
d'abord, examinons en quoi consiste cette mission. Par cette décision, le président de la République, agissant dans ses prérogatives de commandant en chef des forces armées, et dans son domaine de responsabilité, la sécurité du pays, confie à l'armée la protection de sites de production, il est vrai, sans préciser ni le type de sites ni les régions concernées. Mais compte tenu de la situation actuelle et sans grand risque de se tromper, on peut parier que cela couvrirait les installations d'extraction de pétrole, de gaz, de phosphate et de production de produits dérivés. Ces activités, parmi les premières sources de revenus en devises pour le pays, ont été, surtout depuis 2011, très largement perturbées, plusieurs fois complètement arrêtées même. Il faut aussi noter que les installations de tous types d'activités d'hydrocarbures et autres dans la zone désertique ont toujours été, depuis l'indépendance, sous la protection de l'armée. D'ailleurs toute cette zone a été et continue d'être une zone militaire où la circulation nécessite au préalable une autorisation des autorités régionales. Ainsi, presque rien de nouveau pour les installations de la zone saharienne, si ce n'est l'avènement du mouvement social de Tataouine s'élargissant par le campement des protestataires à El Kamour, une station de pompage de pétrole située en plein zone saharienne sous contrôle militaire.
L'autre région abritant des installations de production qui seraient vraisemblablement concernées par la décision présidentielle serait celle des gisements de phosphate dans la région de Gafsa. Et là aussi, des mouvements sociaux viennent assez souvent, même avant 2011, perturber leur fonctionnement. Il n'est pas exclu que d'autres sites importants de production dans d'autres régions soient aussi concernés par la même mesure.
Il semble que les craintes suscitées par cette décision présidentielle se cristallisent autour du comportement éventuel de l'armée vis-à-vis des manifestants et sit-inneurs, redoutant des dérapages et — qui sait — des blessures et pertes humaines.
Ces craintes devraient se dissiper rapidement, si on précise que la mission de l'armée telle qu'annoncée et telle qu'elle a toujours été exécutée, est de protéger des sites et non pas de disperser la foule et les sit-inneurs ou s'opposer à leurs mouvements. Il n'y a qu'à se rappeler l'attitude des militaires, à l'égard de la population, en mission de protection des institutions de l'Etat et de complexes industriels et autres sites lors des événements de 2011.
Cependant, des frictions plus ou moins violentes entre militaires, en mission de protection d'établissements de production et les manifestants restent probables, au seul cas où ces militaires se trouveraient provoqués par les manifestants ou empêchés d'assurer leur mission, c'est-à-dire voir l'installation à protéger vandalisée par la foule ou se voir eux-mêmes attaqués par celle-ci. C'est seulement dans ce cas, quand les parties impliquées ne s'en tiennent pas à la loi, il est vrai de sérieux risques d'affrontement ne sont pas à exclure.
En effet, pour éviter l'irréparable, il est utile de rappeler certains fondamentaux qui, quoi qu'ils puissent paraître des évidences,leur négligence par l'une ou l'autre des parties en présence sur le terrain pourrait déboucher sur des dérapages qui ne feront qu'empirer la situation :
1. Tout le monde convient qu'il revient à l'Etat, par le recours aux forces de sécurité publique, de maintenir l'ordre et la paix dans le pays. Pratiquement, cela consiste à veiller au respect de la loi et au besoin imposer ce respect par la force publique, la loi étant le principal garant des libertés, des droits et des devoirs de chacun, donc des citoyens mais aussi des membres des forces de sécurité en mission. D'où la nécessité et le besoin pour tous d'observer scrupuleusement les limites de ses droits et libertés définies par la loi en vigueur. D'ailleurs, s'en tenir à la légalité, quelles que soient les circonstances, est un principe qui devrait bénéficier de l'acquiescement de tous, conditionner leurs actions et à ne jamais mettre en cause.
2. Permettre aux citoyens de jouir pleinement du droit à manifester d'une part, veiller au respect de la loi, et si besoin est, forcer ce respect par la force légale, de l'autre, est un équilibre assez difficile à réaliser et maintenir. Au fait, c'est seulement grâce au respect de la loi par les parties en présence, dans ce cas manifestants et formations militaires, que cet équilibre sera maintenu et l'irréparable évité, c'est-à-dire protester et manifester sur la voie publique, se mettre en grève ou autre forme de protestation pour les premiers, protéger les sites de production pour les seconds, mais sans violence entre eux. Faut-il préciser que le respect de la loi s'impose également aux manifestants pour que leurs mouvements restent réellement pacifiques comme le spécifie la Constitution. Et dans ce cas, les craintes exprimées restent sans fondement.
3. Les agents de l'Etat, dont les militaires, sont eux-mêmes des citoyens fils de familles tunisiennes ordinaires, mais chargés de missions et rôles particuliers, convenus et admis par la société et bien définis par la Constitution et la loi. En outre, ces citoyens en uniforme sont absolument neutres et ne sont en conflit avec aucune autre partie, surtout pas avec leurs concitoyens, manifestants ou autres d'ailleurs ; au contraire, ils sont à leur service et agissant au nom de la collectivité nationale, assurent leur protection et également celle des biens publics et privés. Et au cas où un militaire transgresserait la loi dans sa relation avec l'un des manifestants, ce qui est toujours probable, cela ne peut être qu'une erreur ou un agissement individuel isolé, à condamner certes, mais il ne constituera aucunement la politique générale de l'Institution militaire qui n'a plus besoin de prouver son attachement aux valeurs républicaines qui veulent que les institutions de l'Etat sont issues du peuple et sont au service de celui-ci.
4. Comme mentionné plus haut, les mouvements de protestation sont supposés et doivent rester réellement pacifiques. Cela signifie, dans les faits, que les manifestants ne peuvent en aucun cas s'attaquer ni aux forces de sécurité, ni à leurs casernements ou campements, ni à leurs véhicules, ni d'ailleurs aux installations qu'ils protègent. Seulement, si malgré tout, certains manifestants passent outre ces limites, à quelles réactions devons-nous nous attendre de la part de ces forces ? Encaisser les coups, laisser faire sans réagir ou se retirer de la zone en laissant le champ libre pour la dévastation des biens publics, alors que leur mission est justement de faire imposer le respect de la loi, au besoin en faisant usage de la force ? Abandonner sa mission sous le faux prétexte de préserver la vie des manifestants, la vie de ceux qui savent que leurs mouvements doivent rester pacifiques alors qu'ils n'hésitent pas à violenter ces mêmes forces ? N'a-t-on pas vu, malheureusement, ce scénario se répéter à maintes reprises ces dernières années ?Jusqu'à quand l'Etat continuera à se dérober de ses responsabilités sous de faux prétextes ? Comment oserait-t-on continuer à justifier d'éventuelles violences sur les unités militaires qui seront chargées de ces missions ? Aussi, allons-nous continuer à trimballer les militaires devant la justice, juste pour des incidents survenus lors de heurts avec la foule agissant violemment, donc hors la loi? Non, les formations militaires, tant qu'elles agissent dans le cadre légal, sont intouchables et légalement protégées, les défier ou les menacer ne peut être que sévèrement réprimé. La vie d'un militaire n'est pas moins sacrée que celle d'un manifestant. De là, ce militaire, s'il est menacé ou empêché d'accomplir sa mission, est appelé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener à bout sa mission sans risque de se voir par la suite condamné pour sa fermeté et sa rigueur dans sa mission. Aussi, doit-il avoir le droit de se défendre, au besoin en faisant usage de l'arme mise à sa disposition, évidemment après sommations répétées et restées sans effet. Quant aux dégâts éventuellement occasionnés par des gaffes commises par un militaire lors de l'accomplissement de sa mission, naturellement tant qu'il agit conformément à la loi, c'est l'Etat qui doit en assumer la responsabilité entière, l'agent n'est au bout du compte qu'au service de l'Etat, agit en son nom et a l'obligation de ne pas laisser piétiner son autorité, c'est dans l'intérêt de tous.
Rappelons aussi le rôle essentiel des médias dans de telles circonstances, qui consiste notamment à expliquer les droits, surtout les devoirs de chacun et les procédures réglementaires à respecter pour sauvegarder les vies humaines, biens publics et privés et consolider les rapports de confiance entre les citoyens et leur Institution militaire ; et ne pas chercher à tout prix le sensationnel en jouant avec le feu. Quand il y va de l'avenir du pays, eh bien tant pis pour le buzz et pour l'audimat !
En conclusion, charger l'armée de protéger des sites importants de production ou des points sensibles est :
- conforme aux dispositions de la Constitution et des lois ;
- une mission de protection de sites et non de maintien de l'ordre. D'ailleurs, les militaires ne sont ni légalement habilités, ni proprement équipés pour des missions de maintien de l'ordre. Ainsi, dans les missions de protection de sites, l'armée n'a pas à se frotter aux manifestants et sit-inneurs, à moins que ces derniers ne la provoquent ;
- un type de tâches que l'armée a toujours accompli, quoique dans des circonstances sécuritaires et politiques autrement différentes;
- une mission qui ne suscite, en réalité, ni suspicion ni défiance, tant que les parties concernées se tiennent à leurs droits et devoirs dans les limites prévues par la loi ;
Dans tous les cas, le choix est clair :
Bien sûr permettre aux citoyens de jouir de leurs droits de s'exprimer, de manifester, de se mettre en grève ...pacifiquement et toujours dans le cadre prévu par la loi ; mais en même temps, permettre à l'armée de protéger les sites dont elle est chargée. Cela sauvera, d'abord, des vies humaines, peut-être des deux côtés, préservera aussi ce qui reste de l'autorité de l'Etat, de l'Etat même et protégera les quelques rares ressources nationales, d'où l'espoir éventuel d'un début de redressement socio-économique du pays ;
Ou bien, continuer à raviver les soupçons, les méfiances et défiances entre les citoyens et leur armée; pousser celle-ci aux heurts; sympathiser avec les casseurs et sit-inneurs à tort ou à raison; justifier leur recours à la violence pour s'attaquer impunément aux formations militaires et les empêcher d'accomplir leur mission ; aussi condamner l'usage "disproportionné"(!) de la force légale de l'Etat, même dans les cas de légitime défense ou pour imposer le respect de la loi ... et vous pouvez aisément deviner les progrès(!) que le pays réaliserait.
Que Dieu garde la Tunisie.
*Général (r) de l'Armée nationale


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