«La Tunisie en 2025, un Etat résilient et réconcilié avec lui-même» est une étude stratégique et prospective élaborée par l'Institut tunisien des études stratégiques, ayant mobilisé environ 41 experts appartenant à des horizons divers Cette étude présente le diagnostic, dans ses différents chapitres, de la situation socioéconmique, culturelle et politique en Tunisie dans dix ans, après «une longue transition qui a directement contribué à l'affaiblissement de l'Etat, au relâchement de la discipline et du civisme, à la montée consécutive des revendications corporatistes et régionales ainsi qu'au ralentissement économique». D'où, la nécessité d'un nouveau paradigme stratégique afin de lever les incertitudes, fixer le cap, affirmer une vision. En effet, «la Tunisie a besoin d'un projet stratégique fédérateur, mobilisateur, inclusif et réellement moderne afin d'aspirer, à l'horizon 2025, au rang d'Etat émergent, résilient et réconcilié avec lui-même». En identifiant les enjeux majeurs nationaux et internationaux, l'étude détermine les grandes lignes des orientations stratégiques et élabore des scénarios susceptibles de faire sortir le pays de la crise et de surmonter les obstacles politiques, économiques, sociaux et culturels. Ainsi, «six secteurs interdépendants conditionnant l'évolution future de la Tunisie ont été identifiés», à savoir l'Etat et ses institutions, la sécurité et la défense nationales, les politiques économiques et la croissance, le contrat social et le vivre-ensemble, l'éducation et la culture et le repositionnement de la Tunisie sur la scène régionale et internationale. «Tels sont les vecteurs du changement sur lesquels il convient de fédérer toutes les énergies, tels sont les leviers de l'émergence de la Tunisie». Leviers transversaux et sectoriels Sur le plan économique, l'étude montre que les leviers de changement présentés reposent sur la mise en œuvre par l'Etat, en synsergie avec le secteur privé, de politiques économiques volontaristes. «Ces politiques économiques s'articulent autour d'une initiative nationale 4.0: entreprises, technologies, régions, internationalisation visant à assurer une accélération industrielle et technologique de la Tunisie à l'horizon 2025. Cette initiative comprend dix plans d'action répartis en cinq leviers transversaux (développement durable, plan régions, système financier au service de l'entreprise, écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à l'innovation et les prérequis pour sortir de la crise) et cinq leviers sectoriels de changement (agriculture, industrie, digital, tourisme et énergie). D'après le premier plan d'action, huit prérequis pour la sortie de crise en 2017 sont à retenir, dont le rétablissement de l'Etat et son fonctionnement, la levée des entraves qui font obstacle au développement des entreprises, en particulier le développement démesuré de l'économie parallèle, l'engagement d'une action vigoureuse de lutte contre la corruption, l'assainissement du climat social. Il s'agit également d'assurer la sécurité des citoyens, des systèmes productifs et logistiques, d'instaurer une véritable dynamique de réconciliation nationale, d'adopter une gestion rigoureuse des dépenses publiques pour maîtriser les déficits et de prendre les mesures adéquates pour une reprise rapide du secteur pétrolier et du secteur du phosphate. Concernant la mise en place d'un écosystème favorable à l'entrepreneuriat et à l'innovation, l'étude montre qu'une réforme administrative profonde est indispensable. «Libérer les initiatives entrepreneuriales exige des administrations et des institutions d'appui fortes et compétentes. Les éléments de l'écosystème ont trait au cadre institutionnel, notamment au code des investissements, au coaching et l'accompagnement des promoteurs, facteurs déterminants dans la survie des start-up et pour le développement des entreprises». Un autre élément de l'écosystème concerne la relance de l'investissement public et privé par la mise en œuvre d'un programme national de création et de dévloppement de l'entreprise, ainsi qu'un programme de restructuration financière des PME. En plus, il «s'agira d'assurer le lancement des projets en PPP et de promotion de l'essaimage à partir des grandes entreprises. Nouvelle vision du développement régional L'étude stratégique propose une nouvelle vision du développement régional, des villes, des infrastructures et de l'aménagement du territoire. Elle indique que toutes les régions doivent être interconnectées afin de contribuer activement à l'intégration de la Tunisie dans l'économie mondiale. Le plan régions est placé sous le signe « la décennie du décollage des régions». En effet, «les zones de développement régional bénéficieront de 50% des investissements publics, soit 55 milliards de dinars en dix ans, tandis que les investissements privés dans ces régions seront d'un montant de 65 milliards de dinars». Ainsi, le volume global des investissements publics et privés pour le Plan régions s'élèvera à 120 milliards de dinars, soit 12 milliards de dinars par an. Par ailleurs, le plan d'action concernant le secur de l'agriculture, vise à porter la valeur ajoutée agricole de 7.948MD en 2015 à 12.072MD en 2025, les exportations agricoles de 4.009MD à 6.780MD et les investissements agricoles de 1.230MD à 5.200MD. Idem pour le secteur de l'industrie, le plan permettra de porter les exportations industrielles à plus du double: de 26.404MD en 2015 à 60.506MD en 2025. C'est dire que la vision prospective de l'industrie manufacturière «s'appuie à la fois sur des éléments de continuité et de nombreux facteurs de changement». Pour ce qui du plan énergie, la dépendance énergétique, maintenue à moins de 13% au cours des années 2000, s'est dégradée depuis 2011, pour atteindre 43% en 2015. «L'objectif de ce plan énergie est de ramener ce taux à 20% en 2025 et d'instaurer une gouvernance du secteur conforme aux standards internationaux». Dans ce nouveau contexte, l'Ites retient des mesures prioritaires qui consistent à affirmer l'Etat de droit face à la contrebande et à l'insécurité des sites de production, instaurer un climat de confiance favorable à la relance de l'investissement. Il s'agit aussi de «diversifier les sources d'approvisionnement du pays en promouvant le projet d'interconnexion électrique avec l'Europe et en recherchant un deuxième fournisseur de gaz naturel. En outre, la conjoncture internationale baissière est favorable à une refonte de la tarification des produits énergétiques».