« Un pays résilient, mais également un pays émergent parce que la Tunisie était quasiment sur une lancée de confiance et qu'elle avait le droit d'espérer être dans dix ans un pays émergent. L'objectif est aussi de faire en sorte que l'Etat tunisien puisse se réconcilier avec lui-même», souligne Hatem Ben Salem, directeur général de l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) Après la clôture de son Assemblée générale collective pour 2016, la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (Ctfci) a organisé, hier, un débat sur le thème «La Tunisie en 2025» dans l'objectif de jeter un regard prospectif sur ce que sera la Tunisie dans dix ans. Ce choix procède d'un besoin d'approfondir la réflexion sur le devenir du pays et sa jeune démocratie en construction. Un débat animé par M. Hatem Ben Salem, directeur général de l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) qui a élaboré une étude intitulée «La Tunisie en 2025, un Etat émergent, résilient et réconcilié avec lui-même». Cette étude, présentée récemment au président de la République, constitue «une bonne référence qui permettra de mieux orienter nos stratégies et politiques pour arriver à l'objectif assigné», précise M. Foued Lakhoua, président de la Ctfci. M. Lakhoua n'a pas manqué de rappeler que la jeune expérience démocratique de notre pays fait face à de nombreux vents contraires, à des périls, à des pressions, des tensions et de grandes attentes. «C'est de la façon dont on appréhendera toutes ces problématiques brûlantes que dépendra la réussite de cette expérience qui est déterminante pour la Tunisie». En effet, la définition d'une vision qui permet de mieux cerner les contours de la Tunisie de demain «est capitale pour avoir une meilleure appréciation des défis qui se dessinent pour desserrer les différentes contraintes et entreprendre les réformes adéquates qui permettront au pays d'aller de l'avant sur la voie d'un développement soutenu, inclusif et durable, et en même temps de renforcer son ancrage régional et international tout en s'intégrant dans les chaînes de valeur mondiales». Que faire pour que cette démocratie naissante parvienne à l'horizon 2025? Quelles stratégies adopter pour soutenir une croissance soutenue et partagée, se doter d'une économie compétitive, basée sur le savoir et l'innovation, atténuer efficacement les équilibres régionaux, lutter contre la corruption et la contrebande? Quelles pistes suivre pour avoir une bonne perception puis un meilleur pilotage des mutations démographiques de santé, de l'éducation, de la formation, de gestion des ressources (eau, énergie...)..., autant de questions qui se posent et qui sont examinées dans l'étude précitée dont les grandes lignes ont été présentées par M. Hatem Ben Salem. Les piliers, les préalables Plus de 40 experts ont travaillé sur cette étude stratégique et plus de 500 acteurs privilégiés et compétences ont contribué à sa réalisation. Compte tenu de la situation exceptionnelle que vit la Tunisie, «nous avons jugé qu'il y avait véritablement une absence totale de vision stratégique en Tunisie et c'est peut-être l'une des raisons de l'échec des différentes politiques de développement. Cette absence de vision prospective est due au fait que notre Etat a vécu des situations urgentes auxquelles il fallait réagir en urgence», souligne M. Ben Salem. L'idée était donc de sortir du carcan des plans de développement et faire en sorte que «nous puissions avoir une idée sur les conditions de ce pays, de son peuple, de ses institutions, de ses entreprises et faire en sorte que cette vision puisse être chiffrée, opérationnelle, capable de faire bouger les choses, et de changer le coût de développement». Sur le plan méthodologique, «nous avons opté pour des choix impératifs pour la Tunisie. Nous avions considéré que pour qu'il y est une véritable vision de ce pays pour les dix prochaines années, il fallait identifier les piliers d'une refondation de notre pays». Les six piliers identifiés s'articulent autour de l'Etat et ses institutions, la réforme, le développement économique, le dialogue social, l'éducation et la culture et le repositionnement de la Tunisie sur la scène régionale et internationale. Après un diagnostic exhaustif sur la situation dans le pays, «nous avons fixé trois objectifs majeurs. D'abord, il faut que ce pays soit un pays résilient, c'est à dire un pays capable de tirer des conclusions de notre histoire contemporaine en toute objectivité. Un pays résilient, mais également un pays émergent parce que la Tunisie était quasiment sur une lancée de confiance et qu'elle avait le droit d'espérer être dans dix ans un pays émergent. L'objectif est aussi de faire en sorte que l'Etat tunisien puisse se réconcilier avec lui même».