La formation professionnelle reste un domaine très important pour les entreprises allemandes, avec 66% déclarant être engagées. Les résultats de l'enquête de la Chambre tuniso-allemande (AHK) sur la situation et les perspectives des entreprises allemandes en Tunisie durant la période 2016-2017 ont montré une tendance mitigée de la perception du climat d'affaires en Tunisie. Cette enquête a sondé 200 entreprises représentant 45 mille postes d'emploi, avec un taux de réponse de 50%. En termes d'avantages, la Tunisie reste encore bien positionnée en termes de proximité avec l'Europe par 85% des entreprises interrogées en 2017 (bien qu'en recul par rapport à 2016, soit 90%), de coût de production compétitif (45%) et de bon niveau d'éducation (43%). Mais là où la grande transformation a été opérée, c'est la perception des avantages fiscaux. Ils sont considérés comme un avantage par 28% des entreprises interrogées en 2017 contre 44% en 2016. «Cet avantage était classé auparavant à la deuxième place. Il n'est plus considéré comme un atout, à cause de l'effet rétroactif de la contribution exceptionnelle de 7,5 imposée aux sociétés totalement exportatrices», affirme Ibrahim Dabeche, nouveau président de l'AHK Tunisie. Difficultés En termes de handicaps, l'incertitude politique et sociale reste importante pour 79% des entreprises, en plus de la rigidité administrative qui a baissé par rapport à 2016, soit 59% contre 69% en 2016, mais qui reste toujours importante, selon M. Dabeche. La faible productivité du personnel est en recul, soit 31% des entreprises la considèrent comme un handicap en 2017 contre 37% en 2016. De même pour le manque de personnel qualifié, 15% des entreprises indiquent qu'elles trouvent des difficultés dans le recrutement contre 21% en 2016. En ce qui concerne la performance des entreprises, 53% affirment qu'elles ont enregistré une hausse de leur chiffre d'affaires en 2016 contre 56% en 2015, alors que 28% ont vu leur chiffre d'affaires baisser par rapport à l'année précédente (32%). Selon l'enquête, des disparités sont apparues par secteurs, puisque 16,7% des entreprises opérant dans l'électrotechnique ont pu enregistrer une hausse de plus de 10% de leur chiffre d'affaires en 2016 contre seulement 3,2% des entreprises du secteur textile. Pour ce dernier, 32,2% de ses entreprises ont pu enregistrer une légère hausse de moins de 10% contre 53,3% pour le secteur électrotechnique. Ces taux sont des indicateurs des difficultés que vit le secteur textile, selon M. Dabeche, liés essentiellement à des avantages compétitifs très faibles par rapport aux autres secteurs et aussi aux augmentations salariales. Du côté de l'effectif, l'enquête révèle que 38,3% des entreprises, tous secteurs confondus, ont augmenté leurs effectifs en 2016 par rapport à 2015 contre 33% qui indiquent une réduction. Cela est d'autant plus prévisible dans le secteur textile où 35,5% des entreprises ont augmenté leur effectif contre 41,9% qui l'ont réduit. A ce niveau, la formation professionnelle reste un domaine très important pour les entreprises allemandes, avec 66% déclarant être engagées, et 60% en collaboration avec un centre de formation professionnelle public. Perspectives d'investissement En ce qui concerne les perspectives d'évolution du chiffre d'affaires, elles sont bonnes, soit 48% des entreprises qui prévoient une augmentation en 2017 contre 37% en 2016, 35% déclarent un non-changement et 12% qui prévoient une diminution. Cette évolution positive est prévisible pour le secteur électrotechnique avec 70% des entreprises contre 9,7% seulement des entreprises de textile Pour les prévisions d'investissement, il y a un sentiment d'attente, exprimé à travers l'enquête. 12% des entreprises comptent réduire leur volume d'investissement en 2017 et 38% souhaitent investir plus. A ce niveau, Martin Henkelmann, directeur général de l'AHK Tunisie, a indiqué que les perspectives d'investissement sont bonnes, surtout dans le secteur mécatronique, le câblage, les pièces automobiles, le secteur pharmaceutique, les services et les énergies renouvelables. D'un autre côté, l'enquête a recensé le perception des entreprises allemandes quant aux facteurs positifs impactant leurs activités en 2016. Il en ressort l'évolution du taux de change pour 55,3% d'entre elles, la coopération avec l'AHK pour 44,7% et l'engagement des employés pour 41,5%. Les facteurs négatifs concernent essentiellement les problème administratifs et procédures d'autorisation (54,3%), l'insécurité générale (44,7%) et le niveau et l'évolution du coût de travail (38,3%). D'ailleurs, 80% des entreprises non totalement exportatrices indiquent qu'elles souffrent de la bureaucratie contre 7% des entreprises totalement exportatrices. Pour 45% des entreprises locales, les coûts de transport sont un élément négatif et 40% se sont plaints de grèves sauvages. Suggestions d'amélioration L'enquête a également comporté des suggestions d'amélioration à l'intention du gouvernement. Du côté des exportateurs, il s'agit en premier de la simplification des procédures administratives (43%), suivies par les avantages fiscaux (19%), l'évolution salariale trop élevée (12%) et aussi la suppression de la contribution exceptionnelle (10%). Pour les sociétés non totalement exportatrices, il s'agit aussi de la simplification des procédures administratives (44%), l'organisation du port de Radès (11%), la stabilité du gouvernement (11%) et une loi fiscale claire (11%). En outre, M. Henkelmann a affirmé que malgré ces difficultés, l'AHK travaille pour améliorer les relations économiques entre les deux pays, indiquant que la balance commerciale reste excédentaire avec la Tunisie. Il ajoute que l'objectif est d'améliorer l'image de la Tunisie, «qui n'est pas assez présente dans le radar des entreprises allemandes, orientées plutôt vers l'Europe de l'Est». Toutefois, les perspectives restent bonnes. A noter que l'enquête a abordé également l'Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca), avec 32% des entreprises interrogées déclarant qu'il aura des répercussions positives, mais plus de la moitié ont préféré ne pas donner de déclarations (53%). Mais selon M. Henkelmann, cet accord pourrait avoir des incidences positives sur les entreprises tunisiennes en termes de perspectives d'association avec les entreprises européennes dans la Recherche & Développement.