Les entreprises allemandes installées en Tunisie semblent assez optimistes quant à la situation générale du pays. Selon une enquête réalisée par la Chambre tuniso-allemande d'industrie et du commerce (CTAIC ou AHK) auprès de 139 entreprises à capital ou à participation allemande, 46,5% prévoient une augmentation de leurs investissements par rapport à l'année précédente, soit 36%. Une note positive qui montrerait un certain attachement au site Tunisie par les investisseurs allemands. Les entreprises interrogées opèrent majoritairement dans les secteurs du textile et confection et de l'électrotechnique; et sont en majorité des petites et moyennes entreprises (69%). Pour l'année 2011, 76% des entreprises sondées évaluent positivement l'évolution des affaires en Tunisie (55% qualifient cette évolution de bonne). Pour l'année en cours, environ 50% des entreprises envisagent une augmentation de leurs exportations contre 22,5% qui s'attendent à une diminution de leur chiffre d'affaires export et 21,1% qui pensent qu'il n'y aura pas de changement par rapport à l'année précédente. A ce niveau, les entreprises opérant dans le secteur électrotechnique sont plus optimistes, car 64,3% d'entre elles s'attendent à une augmentation des exportations. Celles opérant dans le secteur textile prévoient une baisse de leurs chiffres d'affaires à l'export (32%). Opportunités Concernant les effectifs, 29,6% des entreprises interviewées envisagent d'augmenter le nombre de leurs employés, en 2012, soit 39% pour l'électrotechnique et 8% seulement pour le textile -ce dernier est encore dans le flou, selon l'enquête de la CTAIC. Ce genre d'enquête a l'avantage de donner une idée assez complète sur la perception du climat d'affaires et de l'investissement en Tunisie. Dans ce contexte de transition que vit la Tunisie, il est très important de donner une idée sur les opportunités que peut présenter la Tunisie. Des opportunités qui semblent être malmenées par l'image véhiculée à l'étranger et qui nuit considérablement aux efforts de réhabilitation de la destination. «Tout changement est une nouveauté. Et toute nouveauté crée des opportunités», nous dit Ferdinand Terburg, président de l'AHK Tunisie. De son côté, Natasha Boussiga, directrice générale adjointe de l'AHK, affirme que la Chambre tient à rassurer les entreprises allemandes quant à la situation économique en Tunisie. En 2011, une vingtaine de villes allemandes ont été approchées. Pour cette année, l'AHK sera active dans une quinzaine de villes allemandes pour rassurer et promouvoir l'investissement en Tunisie. «Certaines entreprises ont manifesté leur intérêt. Elles ont déjà fait les premiers contacts. Mais il y a toujours de la prudence», affirme-t-elle. La destination Tunisie offre plusieurs atouts qui ont été cités par les participants à l'enquête, tels que la proximité géographique à l'Europe (77,5%), les avantages fiscaux (57,5%) et les coûts de production compétitifs (49,3%). Stabilité politique Cependant, la stabilité politique et sociale, jugée très importante ces dernières années (91% en 2009), n'est plus du tout été citée en spontané, et ce depuis l'année 2011. Selon l'enquête, elle constitue le principal inconvénient pour 76,1% des entreprises interrogées. «On s'accorde sur le fait que le manque de stabilité politique et sociale constitue le principal handicap de la Tunisie actuelle». Ajoutons à cela la faible productivité des employés (38%), essentiellement dans le secteur textile, et la rigidité de l'administration, le manque de personnel qualifié (36,6%) et la réglementation excessive (pour 35,2% des sondés). Il s'agit aussi, à un moindre degré, des coûts élevés de la production (15,5%) et la limitation de l'accès au marché local (9,9%). Toutefois, la Tunisie post-Révolution révèle quelques aspects positifs, à savoir l'évolution du taux de change avec la hausse de l'euro par rapport au dinar tunisien; ce qui a facilité les affaires de 34,8% des sociétés allemandes en 2011. L'engagement des employés est aussi un aspect salué par 24,6% des entreprises allemandes ainsi que l'enthousiasme (23,2%) et la coopération avec l'AHK Tunisie. A noter, par ailleurs, que les entreprises allemandes n'ont pas été épargnées par les perturbations sociales de l'après 14 janvier. La Chambre est intervenue à plusieurs reprises, selon M. Terburg, pour établir des consensus entre les syndicats et les entreprises. Reste encore que nombre d'entreprises estiment que l'évolution des salaires, la coopération avec les institutions tunisiennes, l'amélioration de la productivité et l'accès aux moyens de promotion et aux crédits présentent encore des difficultés. Scepticisme Un autre aspect révélateur est celui de l'évolution de la confiance en le gouvernement tunisien concernant les conditions économiques. L'évolution est négative pour 67,2% des entreprises interviewées. Les suggestions d'amélioration concernent, en premier lieu, la sécurité (39,1%), la facilitation des procédures administratives (25,9%), une vision claire (21,6%), un accord avec les syndicats et les employés (21,5%) et l'interdiction des grèves sauvages (17,3%). En ce qui concerne la réaction des fournisseurs, clients et donneurs d'ordre étrangers, plus d'un tiers des entreprises interrogées déclarent ne pas avoir de problèmes à ce niveau. Mais on remarque que la majorité oscille entre scepticisme (23,0%), méfiance (15,3%), précaution et prudence (5,8%) et incertitude (5,8%). Un pourcentage de 7,7% déplore l'annulation des commandes. D'un autre côté, la formation qualifiée est l'un des soucis des entreprises allemandes en Tunisie. Plus de la moitié déclare avoir des besoins dans ce domaine pour les collaborateurs actuels et futurs.