Concert des artistes de la troupe syrienne Salatine Ettarab présenté dans le cadre de la 34e édition du Festival de la Médina, mercredi dernier au Théâtre de la ville de Tunis. Le passage des artistes syriens de la troupe Salatine Ettarab sur la scène tunisienne, dans le cadre du Festival de la Médina, est devenu, depuis plusieurs années déjà, une belle tradition et un rendez-vous incontournable pour les mélomanes passionnés de tarab et de musique classique arabe. C'est que cette troupe musicale nous rappelle à chaque fois la beauté et l'exubérante richesse du patrimoine musical arabe tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu. En effet, cette troup,e qui emprunte son nom aux grands «sultans» du tarab de la ville syrienne d'Alep, œuvre à sauvegarder l'héritage musical arabe et à faire connaître ceux qui ont joué et qui jouent encore un rôle dans l'institution des courants musicaux arabes en général, et syriens et ceux d'Alep en particulier. La soirée s'annonçait festive et haut en couleur en ce mois de Ramadan. Devant une salle pleine d'amateurs du genre, les membres de la troupe des «Sultans» d'Alep sont venus assurer comme il se devait cet événement. La troupe était composée de musiciens et d'une chorale de trois chanteurs, qui, pour l'occasion, ont porté des habits traditionnels tunisiens, un geste symbolique rappelant la grande et vieille amitié qui unit les deux peuples. Le ton de la soirée s'annonce prometteur dès la première note. Les musiciens s'approprient l'ensemble des morceaux programmés avec une rigueur et une musicalité rayonnantes. Le concert débutait avec des pièces instrumentales du genre sammaii puis la troupe a enchaîné avec les mouachahs en chœur. Par la suite les trois chanteurs interprétaient tour à tour les meilleurs chefs-d'œuvre de la musique d'Alep, des titres des grandes figures de la chanson traditionnelle syrienne tels : «El Qualb Mel», «In kont nessi afakkarak» «Ya mél Echam», «Yalli dhalemni» ainsi qu'un inchad «Ya imam arrousol» et la chanson patriotique «Oktob esmek ya Bledi». Des titres poétiques et fins à travers lesquels chaque chanteur déployait toute la panoplie de son talent pour faire jaillir la passion et la beauté qu'ils contiennent. C'était l'occasion d'admirer la magnifique palette sonore des instruments arabes tels : le qanun, le oud, le nay, et les autres instruments à cordes tout à fait étonnants par l'exubérance et la beauté de leurs sons et la justesse infaillible de l'interprétation, particulièrement celle du qanun et du oud. Les voix fortes et chaudes se marient aux envolées vertigineuses d'une musique attractive et communicative qui dévoile l'expressionnisme musical de la mosaïque arabe et orientale. Ensemble ou en solo, les membres de la troupe de Salatine Ettarab nous ont servi, donc, une musique riche, chaude, et d'une énergie vibrante, avec une abondance incroyable de rythmes qui puisent leur originalité dans les racines profondes d'une culture millénaire. Un paysage musical aux rythmes toniques et lumineux a su trouver l'adhésion chaleureuse du public. Le concert s'est clôturé avec une émouvante reprise en chœur, par les membres de la troupe et avec le directeur qui les a rejoints sur scène, d'une chanson de Sabeh Fakhri «Men Halab abaâthli gawab», une façon de rendre hommage au pays et de lui souhaiter des jours meilleurs. Pour ceux qui ont manqué ce premier concert, rappelons que la troupe donnera un deuxième spectacle ce soir au Théâtre de la Ville de Tunis à partir de 22h00.