Un collectif d'ONG a appelé les autorités à «respecter leur devoir constitutionnel de garantir la liberté de conscience» Faut-il rappeler que l'article 6 de la Constitution tunisienne stipule que l'Etat protège la religion, garantit la liberté de croyance, de conscience et de l'exercice des cultes ? Or, les scènes auxquelles nous assistons en ce mois de Ramadan nous renvoient à des Etats religieux, sinon comment expliquer les récentes condamnations prononcées par le Tribunal cantonal de Bizerte à un mois de prison contre quatre jeunes Tunisiens pour avoir commis «un acte provocateur portant atteinte à la morale» durant le mois de Ramadan : avoir déjeuné et fumé dans un parc de la ville en pleine période de jeûne. «Outrage public à la pudeur». Comment comprendre qu'un certain Adel El Elmi, investi du rôle de prédicateur religieux, traque les non-jeûneurs dans les cafés, les fast-foods et les restaurants en les filmant et en diffusant leurs photos sur les réseaux sociaux. Accompagné d'un huissier notaire et d'un individu caméra en main, il investit les lieux en question et menace de porter plainte contre les non-jeûneurs et les gérants de ces commerces de restauration les incitants, voire les obligeant à fermer leurs portes. Comment comprendre la diffusion avec haut-parleur du Coran du matin au soir dans certaines mosquées gênant le repos de personnes malades ou âgées et qu'aucune autorité officielle ne met en place une réglementation claire qui soit respectée par tous les lieux de culte sans exception et empêchant tout dépassement signalé. Face au mutisme des autorités officielles qui laissent des énergumènes jouer à «la police religieuse», la société civile a réagi, fort heureusement, à ces agissements contraires à la Constitution tunisienne qui garantit «la liberté de croyance et de conscience». Un collectif d'ONG a appelé les autorités à «respecter leur devoir constitutionnel de garantir la liberté de conscience». A cet effet, un appel à manifester le 11 juin a été lancé sur les réseaux sociaux pour défendre les non-jeûneurs et réclamer le respect des libertés individuelles. Pourtant, aucune loi n'interdit de manger ou de boire en public pendant le mois de Ramadan. Malheureusement, le débat sur cette question revient chaque année avec plus d'acuité. Faut-il, pour ne pas provoquer la colère des jeûneurs, se cacher pour manger ? Pourquoi parler de démocratie si les lois sont bafouées et la Constitution violée ? En 2015, quatre policiers avaient été limogés pour «abus de pouvoir» après être intervenus dans des cafés ouverts avant la rupture du jeûne. Va-t-on aujourd'hui assister à l'établissement progressif du rigorisme religieux ? De son côté, l'Association tunisienne de soutien des minorités (ATSM) a annoncé qu'elle tient à saisir la justice contre les agissements du prédicateur pour harcèlement et non-respect de l'article 6 qui garantit la liberté de culte, portant atteinte de la sorte à l'image d'un Islam tolérant prôné par une grande majorité de Tunisiens. D'autre part, ces lubies participent à ternir l'image d'une Tunisie plurielle, tolérante et accueillante, et ce, à la veille d'une saison touristique qui se veut prometteuse.