Durant la journée, la plupart des restaurants et des cafés baissent leurs stores et certaines rues de Tunis sont quasiment désertes Les commerces durant le mois de Ramadan connaissent une activité totalement différente selon qu'ils vendent des produits alimentaires, de cuisine ou dérivés par rapport à leurs homologues du textile et prêt-à-porter. En ce matin du mercredi 31 mai 2017, cinquième jour du mois du jeûne, l'activité commerciale connaît un rythme disparate selon la nature des produits vendus. La rue de Marseille et ses environs qui regorgent de sandwicheries et restaurants d'entreprises est vide de monde. Hormis quelques pâtisseries ou boulangeries ouvertes, le reste des commerçants a fermé boutique. Certains cafés sont ouverts avec des stores mi-clos puisqu'ils sont autorisés discrètement à servir leurs clients non-jeûneurs sans faire des chichis aux jeûneurs. Un cafetier de l'avenue Habib-Bourguiba dont les tables sont superposées les unes sur les autres comme toutes les terrasses avoisinantes s'affaire à observer les promeneurs. Il affirme à l'un d'eux qui désire un café : «Je vous sers volontiers mais à l'intérieur». Morne ambiance Au niveau de la rue Charles-de-gaulle, une guéguerre entre vendeurs à la sauvette et boutiquiers a lieu. Des cris fusent sur l'origine et la qualité des produits sur fond de spéculation du prix. Ambiances...En entrant dans le marché aux poissons, un petit vendeur d'allume-gaz attire ses clients par des coups de flamme en permanence et pour chasser l'ennui...sans doute. Les poissonniers, eux, ne sont pas de la fête malgré une offre variée, riche et consistante. C'est que les bourses des ménages se réduisent à petit feu. La chute du pouvoir d'achat se poursuit alors que les prix des légumes, tels les tomates ou les citrons, ont augmenté de près de 300 millimes par rapport à la semaine dernière et sont écoulés à 1,560D/kilo et 1,380D/kilo. Les aubergines se vendent à 2,340 D/kilo et les piments forts à 1,690 D/kilo, ce qui décourage les consommateurs à les acheter. Un commerçant faisant la grise mine, les bras croisés sur son comptoir, admet : «Les prix ont grimpé en flèche !». Un autre commerçant vendant des bananes a préféré dissimuler la pancarte sur laquelle est affiché le prix des légumes pour ne pas faire fuir les clients. «Je vends les bananes à 3,300 D le kg», déclare-t-il sans ambages. Longue file d'attente pour l'huile subventionnée Deux hommes chargeant des caissons de bouteilles d'huile vides répondent à une dame qui veut acheter de l'huile végétale subventionnée: «Y en aura demain matin à 7h00». Un vendeur ambulant s'acharne, à tout prix, à vendre ses sacs en plastique aux consommateurs qui ont oublié d'apporter avec eux leur couffin. Ces derniers ont finalement opté à contrecœur pour ces sachets pour y mettre leurs emplettes. Il est dix heures et pourtant les vendeurs de prêt-à-porter s'affairent à discuter, à laver les vitres, à faire des travaux de réaménagement pour chasser la disette et s'occuper. Aux heures de pointe, la foule se densifiait tout de même laissant augurer une meilleure fin de journée pour les commerces de textile désertés alors que certains consentent des offres avec remises et des gratuités en attendant l'embellie de l'Aid esseghir en fin de Ramadan.