Par R. EL HERGUEM Le taux d'inflation (c'est-à-dire l'augmentation de l'indice des prix à la consommation sur une année d'un panier de biens et de services représentatifs et pondérés bien sûr par le poids des biens et services consommés) du mois de mai est de 4,8%. Un chiffre assez inquiétant quand on prend en compte d'autres indicateurs macro-économiques, tels que le déficit du budget de l'Etat, le taux de chômage, la balance commerciale et de paiements, la croissance économique. Autrement dit, le prix des biens et des services augmente sur la période au-delà des changements dans la demande des quantités et la non-considération de certains biens et services dans le calcul de l'IPC. Cette inflation déprécie le pouvoir d'achat et par conséquent déprécie la monnaie et dissuade, par ricochet, les épargnants à reporter une consommation et attendre le rendement d'un placement ou d'une épargne qui va être absorbé par l'augmentation des prix. C'est ce qui gêne le plus dans cette inflation, d'autant que notre société et nos ménages ne sont pas si productifs (un problème de productivité et de création de richesse), courent derrière les produits alimentaires, l'habillement et autres biens de consommation générale (plus de 40% du panier général de la consommation) et préfèrent consommer et épuiser les ressources maintenant et à court terme et non placer de l'argent et attendre la rémunération. Sans dramatiser la situation, puisque ce taux de 4,8% est mieux que les 5% du mois dernier (toujours selon un glissement annuel), mais le comportement de consommation des Tunisiens reste classique et aussi peu valorisant : on exerce une grande demande sur l'alimentaire, quitte à creuser le déficit commercial avec certains marchés en raison des importations, et on fait tout pour «encourager» la dépréciation de la monnaie. Une consommation modérée et non faible (pour stabiliser les secteurs productifs et l'équilibre entre offre et demande) serait l'alternative. Le coût de la vie est moins cher par rapport à l'année précédente entre avril et mai. Cela va moins mal globalement, mais encore une fois, la consommation effrénée de biens alimentaires et d'habillement sans oublier les loisirs, et l'absence d'une culture de travail et d'épargne qui permet de mobiliser des fonds sur le marché financier, restent deux facteurs qui inquiètent tant à court terme. L'inflation est inévitable, c'est certain, mais les variations et surtout l'impact sur le pouvoir d'achat et sur la valeur du dinar doivent être bien gérés. Sinon, c'est la spirale inflationniste qui va mettre les ménages tunisiens en otage et avec eux les industriels et commerçants.