«Je trouve très bien que les JCC reviennent aux fondamentaux : l'Amérique Latine et l'Asie. J'étais un peu déçu de voir que les JCC à venir n'annoncent pas plus de lien avec ces continents cinématographiques que sont l'Europe, l'Afrique et le Maghreb». Récemment, lors du lancement officiel du Fonds bilatéral d'aide à la coproduction d'œuvres cinématographiques franco-tunisiennes, qui s'est tenu à l'Institut Français de Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, a exprimé sa déception par rapport aux prochaines Journées cinématographiques de Carthage, qui selon lui, ne considèrent pas le cinéma français comme faisant partie des «fondamentaux», un concept évoqué par Néjib Ayed, directeur de la 28e édition des JCC (4-11 novembre), lors de la conférence de presse organisée dernièrement à Cannes. «Je trouve très bien que les JCC reviennent aux fondamentaux : l'Amérique Latine et l'Asie. J'étais un peu déçu de voir que les JCC à venir n'annoncent pas plus de lien avec ces continents cinématographiques que sont l'Europe, l'Afrique et le Maghreb. Je suis resté sur ma faim de voir les JCC se faire sans les artistes franco-tunisiens. Nous réfléchissons ensemble, nous les européens à ce qui nous lie les uns les autres des deux côtés de la méditerranée : le Maghreb, l'Afrique, l'Italie, le Portugal, la Grèce, la France aussi, de manière ou d'une autre à construire avec vous Tunisiens un rendez-vous qui serait un complément au focus porté par les JCC autour de l'Argentine et de la Corée du Sud et qui rendrait compte de la réalité d'une production et des échanges entre ces pays», a-t-il déclaré. «Je comprends vos soucis, mais je crois qu'il y a un malentendu. Néjib Ayed a cité l'Asie, l'Amérique Latine et le monde arabe parce qu'à mon sens, les cinémas français et européen ont toujours eu une place estimable. D'ailleurs, il existe une section permanente au sein des JCC qui est "le cinéma du monde". Peut-être que le directeur des JCC a insisté sur les fondamentaux et les spécificités de ce festival qui reste ouvert à la création universelle. Je crois que Néjib Ayed sera à l'écoute de votre souci», a répondu Fathi Kharrat, directeur du Centre national du cinéma et de l'image. Les représentants des médias présents à cette rencontre de presse n'ont pas prêté attention au propos de l'ambassadeur de France en Tunisie qui nous surprend quelque peu. Pour notre part, nous sommes étonnés que Son Excellence se mêle de la programmation d'un festival et qu'il émette ce genre de remarques qui apparaissent comme des pressions indirectes sur la direction du festival. Nous avons contacté Néjib Ayed, le directeur de la 28e édition des JCC qui a préféré s'abstenir de répondre aux propos de l'ambassadeur, précisant toutefois que les JCC sont un festival tri-continental et qu'il a fait le choix de consacrer des focus sur des cinématographies peu connues en Tunisie, notamment l'Argentine, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud et l'Algérie. Notons, par ailleurs, que le cinéma français a toujours eu une place de choix dans la programmation des JCC ainsi que les autres cinématographies européennes, et ce, depuis la création de cette manifestation en 1966. Rappelons que la 27e session a consacré un hommage au cinéaste français Olivier Assayas avec la projection de cinq de ses meilleurs films. En 2008, un hommage a été rendu au producteur disparu Humbert Balsan avec une exposition réalisée par Natalie Balsan. En 1996, à l'occasion de la célébration de cent ans de cinéma, ont été programmés des films des frères Lumière. Nous avons pris des exemples au hasard, mais la liste est longue. La section «Cinéma du monde» célèbre le cinéma mondial et particulièrement le cinéma européen de qualité. Sans oublier de citer la présence d'intervenants, notamment français, dans les rencontres, colloques et autres ateliers. Nombreux se souviennent encore de la belle leçon sur le thème de l'écriture de scénario présentée par Jean-Claude Carrière devant une salle pleine d'étudiants de cinéma lors d'une des éditions des JCC.