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Crise mondiale et Etat-providence
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 09 - 2010


Par Soufiane Ben Farhat
Almudena Grandes, écrivaine espagnole et chroniqueuse au quotidien El País, justifie sa participation à la grève générale d'hier en Espagne: "Parce que je ne veux pas que mes enfants vivent moins bien que moi. Parce qu'il n'est pas juste que les travailleurs payent la facture d'une crise qui a enrichi ses responsables. Parce que le gouvernement n'a pas rétabli l'impôt sur le patrimoine, n'a pas imposé les grandes fortunes, ni augmenté la fiscalité des Sicav, où les plus riches investissent l'argent qu'ils ont en trop et subviennent aux dépenses de l'Etat en lui octroyant généreusement 1% des bénéfices, le gouvernement s'en est pris aux plus faibles avec une réforme du travail scandaleuse. Parce qu'il est inadmissible qu'un chef d'entreprise licencie ses employés avec un préavis de quatre jours, uniquement parce qu'il “prévoit” des pertes pour le prochain exercice, en économisant au passage plus de 50 % des indemnités. Mais surtout parce que la crise sert à camoufler un changement de cycle destiné à liquider l'Etat-providence. Parce que si nous n'avons pas été capables d'exporter notre progrès aux travailleurs des grandes puissances émergentes, comme la Chine et l'Inde, nous allons bientôt importer leurs terribles conditions de travail. Parce que l'Occident sait déjà qu'en réduisant les gens à l'esclavage on gagne beaucoup plus d'argent. Parce qu'après avoir rogné les droits des travailleurs, on rognera les droits civiques".
Cela sonne comme une des fameuses jérémiades du Livre des Lamentations de l'Ancien Testament. Ce n'en est pas moins moderne. Et, surtout, justifié.
L'évocation de l'Etat-providence est, ici, on ne peut plus pertinente. En fait, l'un des symptômes majeurs de la dernière crise économique mondiale, c'est précisément la déliquescence de l'Etat-providence dans les pays nord-atlantiques. Le tout-va libéral a fini par y installer un capitalisme sauvage. Un capitalisme aux dents de loup où la règle d'or ayant la faveur de l'establishment se résume en une formule aux connotations sinistres : "Chacun pour soi et Dieu n'existe pas".
Comme le décrie avec force Almudena Grandes, la crise sert à camoufler un changement de cycle destiné à liquider l'Etat-providence. Ce faisant, elle soulève une question taboue, maintenue — qui plus est en sociétés démocratiques — sous une bien pesante chape de plomb de silence, de non-dit. C'est-à-dire un silence qui, par ses dérobades mêmes, équivaut à un témoignage d'indigence, un aveu implicite de culpabilité.
On oppose généralement l'Etat-providence, avec ses attributions de protection sociale, à l'Etat-gendarme, confiné dans les seules fonctions régaliennes de police, d'armée et d'administration de la justice. L'Etat-providence promeut la protection sociale. L'action et l'aide sociales favorisent l'assistance multiforme des personnes victimes de fléaux tels le chômage, la maladie, les accidents, le divorce ou même la vieillesse et la disparition d'un parent. L'Etat-providence garantit un strict minimum de ressources ainsi que l'accès aux besoins de base essentiels telles que la nourriture, l'hygiène et l'éducation, même et surtout en temps normal, hors les périodes de guerres et de catastrophes naturelles.
Or, l'illusion du triomphe définitif du modèle libéral aux lendemains de la chute du Mur de Berlin a débouché sur de nouveaux poncifs et clichés. Comme celui de croire — et d'accroire — que l'ultralibéralisme constitue la clef de voûte du système économique national et international.
Cela n'a pas manqué d'affecter sensiblement tant les économies nord-atlantiques que l'économie-monde dans son ensemble. Le résultat est douloureusement manifeste: accroissement de la pauvreté, explosion sans précédent des systèmes d'exclusion, chômage généralisé (en Espagne, il touche plus de 40% des jeunes), effritement des instances de solidarité, d'entraide et de gestion des crises et conflits, marginalisations, flux migratoires générés par la précarité, renfermements xénophobes et battues de chasse à l'étranger en Europe et en Amérique du Nord...
Et face à l'exacerbation des heurts et conflits subséquents, les Etats européens n'en finissent guère de se cantonner dans leur fonction de gendarme. C'est-à-dire d'opposer en dernière instance aux bouillonnements affectifs, l'argumentum ad baculum, la force, la coercition.
Vivement le retour à l'Etat-providence aux dépens de l'Etat-gendarme.


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