Le projet de la banque des régions a été, récemment, remis sur la table des discussions suite à une réunion du ministre des Finances par intériem, Fadhel Abdelkefi, avec des représentants de la Banque allemande des régions (KFW) et du bureau d'études « Olivier Wyman », ainsi que de responsables du ministère des Finances et des établissements de financement et d'assurance. Des expériences étrangères réussies (allemande et marocaine) peuvent servir de modèle Plusieurs s'accordent sur l'importance de la mise en place d'une telle institution permettant de booster l'investissement dans les régions. Mais il faut dire que ce projet a pris beaucoup de temps. Alors qu'il devrait être opérationnel en juin 2015, il n'a pas encore démarré. « Il s'agit d'un projet qui a beaucoup traîné. Il a pris beaucoup de temps pour la mise en place alors que c'est une institution qui pourrait être extrêmement utile pour la Tunisie », affirme l'économiste Ezzeddine Saidan, qui est également consultant pour la firme « KFW ». Mode de fonctionnement décentralisé En effet, la banque des régions pourrait répondre en partie à la problématique du développement régional. Une problématique qui n'a cessé de croître depuis 2011 et qui constitue l'objet du ressentiment des régions intérieures, comme il a été le cas dernièrement au Sud. Face à la marginalisation à laquelle font face ces régions, il est important de définir une politique économique orientée vers les régions, qui les implique dans le processus de développement économique et qui pourrait augmenter le ratio de l'inclusion financière. La banque des régions pourrait en être le catalyseur. « Il s'agit d'une institution qui pourrait être extrêmement utile puisqu'en Tunisie nous avons un problème de financement des régions. Ce problème va être encore plus aigu avec l'orientation vers les élections locales et régionales. Il y a une orientation vers la décentralisation. Si celle-ci n'est pas accompagnée par une institution de ce genre, elle ne pourra pas réussir et n'aura pas d'effet », précise M. Saidan. Il est à noter que le concept de la banque des régions existe dans plusieurs pays de par le monde et a un grand impact sur le taux de bancarisation. Selon une analyse de Ghazi Boulila, professeur en sciences économiques à l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis, publié dans le bulletin économique de l'intermédiaire en Bourse « MAC SA » pour le mois de juin 2017, ces banques ont réussi à réaliser des performances croissantes en renforçant leurs parts de marché. Ceci est dû à leur mode de fonctionnement décentralisé et qui s'adapte aux besoins de sa clientèle. Ce sont des banques mutualistes qui se distinguent des banques classiques par leur organisation, leurs objectifs et leur gouvernance. Banque centrale populaire En Tunisie, la mise en place de banques régionales pourrait avoir un grand impact économique et faciliter l'accès au financement dans les régions, essentiellement pour les PME et le secteur agricole. Reste qu'il faut bien penser sa conception et son fonctionnement. D'après l'analyse M. Boulila, l'expérience marocaine pourrait être très utile, consistant en la reconversion d'une banque publique en une banque centrale populaire et la création d'un réseau de banques mutualistes coopératives. « L'objectif essentiel est le développement de l'agriculture moderne et méditerranéenne, de l'industrie agroalimentaire, de la valorisation des ressources naturelles, de l'artisanat et du tourisme écologique dans les régions de l'intérieur et du milieu rural », explique M. Boulila, en ajoutant que l'opération de reconversion permettra la réduction de l'atomicité et de l'éclatement du secteur bancaire et l'élaboration d'une politique de développement régional. A ce niveau, il propose que la Banque nationale agricole, vu son expérience dans le financement du secteur agricole, ou bien la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (Bfpme) soient reconverties en banques centrales populaires. En ce qui concerne la création de banques populaires mutualistes régionales, le professeur indique qu'elle permettrait de mieux servir les régions, en l'occurrence le milieu rural et aussi le développement local. Ceci à travers la diversification des produits, la collecte de l'épargne locale et la bancarisation de l'économie.