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Le développement local à partir de presque rien
Reportage: Sur les traces du BIT, de Siliana au Kef
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 07 - 2017

Pourtant riche en histoire, en monuments mégalithiques, connu pour ses figuiers, sa cascade d'eau et ses escaliers taillés dans le roc, Kesra, à Siliana, est un village berbère qui s'enlise, depuis longtemps, dans la misère. A première vue, ses denses vergers verdoyants, ses oliveraies, ses plantes aromatiques font penser que ces potentialités de développement local sont fort valorisées. Mais la réalité est tout autre
La région n'a pas les moyens de sa subsistance. Perché à 1.100 mètres d'altitude, Kesra Supérieur, village le plus haut de la Tunisie, est resté jusque-là accessible que par deux entrées mal aménagées. Sa population paysanne compte environ 200 exploitants agricoles vivant des fruits de leurs champs dont principalement la figue noire à la saveur authentique. Sa qualité dite « Zidi » est jugée la meilleure sur le marché. A défaut d'eau d'irrigation en quantités suffisantes, le produit risque de perdre toute sa valeur. Et face à une pluviométrie trop faible pour arroser une petite superficie de 20 hectares. En été, la seule source naturelle, creusée au sommet d'un massif rocheux, a cessé de couler. Son débit étant arrivé à terme. C'est que le mode d'irrigation traditionnel a fait perdre beaucoup d'eau, soit une bonne quantité perdue au fond avant d'atteindre les parcelles d'en bas. Les producteurs locaux craignent le pire. Pour eux, l'intervention du Bureau international du travail (BIT), depuis 2013, semble venir à point nommé. Son appui, en complétant les dispositifs de l'Etat, a été perçu comme une planche de salut.
En réponse à leurs besoins pressants, le choix s'est ainsi porté sur des travaux d'aménagement hydro-agricoles pour les plantations de figues, sources de revenu de centaines de ménages. Au début, c'était un rêve... une gageure. Mais, le fait de voir construire, en béton armé, des conduites d'amenée d'eau de source aux champs de figuiers, ça ôte une épine du pied. « Un tel système gravitaire à travers des Seguias nous a permis, outre une économie extrêmement importante, une meilleure répartition de l'eau», renchérit le chef du groupement du développement agricole dans la localité. Et puis, une production de plus. « Une seule parcelle de dix à douze pieds rapporte annuellement pas moins de cinq mille dinars en moyenne », estime-t-il. Bonne récolte, sans pour autant compter les réserves en consommation familiale. Et là, le projet du BIT a marqué un point : le scepticisme, au départ, a cédé la place à de nouvelles attentes. Pourquoi pas une valorisation du produit !
L'économie solidaire, un créneau
porteur
D'ailleurs, l'Office du développement du nord-ouest (Odno), présent dans la région, n'a pas manqué de mettre à profit ses études techniques faites sur la chaîne de valeur et les méthodes de son application sur la commercialisation de figue transformée. «Il y en a d'autres réalisées sur les produits laitiers, les oliveraies, les plantes médicinales... », ajoute M. Ridha Bousselmi, directeur à l'Odno, une structure chargée des études relevant du ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale. Le BIT n'a pas, lui aussi, lésiné sur les moyens pour ériger un mausolée (Sidi Thabet) abandonné en unité de fabrication de confiture à base de figue. Son aménagement a coûté environ 90 mille dinars dont 10 mille dinars injectés, en guise de don octroyé du conseil régional à celui communal. Le tout dans une approche participative, pierre angulaire du pouvoir local, tel qu'énoncé dans le chapitre 7 de la constitution. Ce faisant, une vingtaine de femmes ont bien reçu une session de formation spécialisée à la Cité El Kadhra à Tunis, avant de se lancer dans un groupement agricole, étant encore à leurs débuts. Formateur résident, Jawhar Sammari, jeune kasserinois, natif de Thala, semble joindre l'expérience au savoir-faire local. Maître d'œuvre, M. Jad Haj Boubaker, coordinateur du projet «Appui aux zones défavorisées (AZD)», initié par le BIT en Tunisie, a insisté sur l'élargissement du champ d'activités. «Ces petits projets du développement intégré local ne supportent pas trop d'effectif pour un seul produit. Il faut jouer sur un bon rapport coûts-bénéfices», a-t-il recommandé. L'homme, docteur en économie, sait de quoi il parle. Car l'économie sociale solidaire est un secteur à peine émergent, pouvant être un créneau porteur. Pour les femmes de Kesra, tendance à se réunir en société de mutuelle des services agricoles, plus connue sous le nom « Smsa ».
Loin de Kesra, au Kef, l'équipe BIT garde à l'esprit la même logique d'intervention. Ses partenaires sont généralement les structures de l'Etat dans la région. Douar Ousseltia, délégation de Nebeur, est une communauté d'habitations éparpillées relevant de Bahra, localité nouvellement décrétée commune. Les municipales 2017 ont nécessité un nouveau découpage territorial. Ce douar, brutalement enclavé, n'a pas imaginé, un jour, sortir de son isolement. Sa souffrance mi-séculaire continue dans le temps et dans l'espace. Et il fallait attendre un don étranger pour pouvoir retrouver, un tant soit peu, une lueur d'espoir. Certes, avec l'appui de l'Etat, mais un tel éveil de conscience tarde à venir.
Longtemps à la merci d'un pont
Cela s'est illustré, tout bonnement, par la construction d'un pont sur l'oued El Mhassi, dont la longueur ne dépasse pas quelques dizaines de mètres. Aujourd'hui, c'est l'unique point d'accès au douar. Comment un tel chantier modeste, aux coûts insignifiants de l'ordre de 60 mille dinars, n'a pu être réalisé qu'à l'initiative du BIT. Alors que l'Odesypano existe, déjà, depuis 1981, soit 36 ans d'exercice sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. «Le budget qui lui a été alloué pour chaque quinquennat n'avait pas permis de venir à bout de tous ces problèmes d'infrastructure et de développement local intégré », défend M. Lazhari Boudelli, animateur auprès de l'Office. Celui-ci est venu finalement donner suite au projet, en se chargeant d'aménager la piste (2,5 km environ) qui mène au douar. Avec la même valeur des fonds investis pour le pont. Soit 120 mille dinars au total ont pu désenclaver une trentaine de familles nécessiteuses. Un montant trois fois rien, mais d'un impact immédiat. Pourquoi, alors, ces longues années d'attente ? Et de patience ! Ironie du sort. Surtout qu'un tel accès a permis aux habitants de s'affranchir et de s'épanouir : « Dieu merci, la chance nous a souri. On nous a donnés l'opportunité pour voler de nos propres ailes », soupire Nejia, sexagénaire bénéficiaire d'un poulailler de 125 poussins. L'élevage des volailles, mais aussi bovin, fait partie des traditions économiques de Douar Ousseltia. Voire leur principal gagne-pain. Ce sont, en fait, des unités d'élevage de poulet de ferme, financées par l'UE, sous la supervision du BIT.
Et c'est grâce au pont qu'il demeure possible d'écouler leurs produits du terroir (laits, œufs, poulet). « Aujourd'hui, le collecteur de lait vient jusque dans nos foyers pour nous acheter les quantités du jour, recueillies par une vingtaine de femmes bénéficiaires», raconte-t-elle allègrement. Son activité agricole lui a permis de gagner jusqu'à 10 dinars par jour. Mais, Nejia, comme d'ailleurs ses voisines, vise à étendre son projet avicole et avoir une trayeuse pour augmenter la production de lait. Ambitions légitimes. A moins que l'Odesypano ne batte en retraite. Son interface dans la région, M. Boudelli nous a assuré que l'Office prendra à sa charge le suivi et l'entretien des projets réalisés dans la zone d'intervention du BIT. Mission accomplie, ce dernier se prépare au départ, d'ici fin décembre prochain. « Mais, il ne va pas quitter le pays, puisqu'il interviendra dans d'autres zones défavorisées, à savoir Tataouine et Jendouba », indique Jad Haj Boubaker.


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