Quelles que soient les explications, priver le public de son droit à regarder les matches du championnat est inadmissible. C'est une première pour le championnat. Aucun match n'a été retransmis en direct, chose qu'on n'a jamais vue depuis l'émergence du championnat et du football. On s'est habitué auparavant à regarder les matches en différé, mais actuellement, il ne nous est plus possible d'en voir même quelques minutes. Ce scénario a été évité in extremis la saison dernière, mais cette année, aucune intervention du Premier ministère, aucune intervention «politique» (le football est que l'on veuille ou non une affaire politique) pour réduire la distance entre la FTF (qui a le monopole des droits TV) et la Télévision nationale, diffuseur unique de l'intégralité des matches. Le pire a eu lieu, chose qui a provoqué une grande colère de la part du public du foot en Tunisie. Pour ceux qui connaissent bien le Tunisien moyen, qui n'a pas les moyens de passer quelques jours dans un hôtel ou même pour aller à la plage, les matches de football sont son seul moyen de loisirs à ne pas toucher. Et maintenant, cette barrière symbolique a été franchie, et ce mal provoqué auprès du large public n'est pas si facile à oublier. Légalement, éthiquement et sportivement, ce qui s'est passé est inacceptable. Nous ne savons pas encore si les responsables de la FTF vont continuer à être obstinés voire «provocateurs» en s'immiscer dans le travail et la matière préparée par la Télévision nationale. Nous ne savons pas encore si les responsables de la télévision vont trouver un arrangement qui leur permettra de passer les matches de la deuxième journée. En l'absence d'une bonne gouvernance politique de ce dossier-polémique (le gouvernement a complètement raté la gestion du dossier), l'espoir reste permis pour trouver une solution. Une autre journée sans image sera une mauvaise information pour le public. Ce sera un très mauvais signal pour tout le monde. Pour la FTF et son bureau fédéral qui impose des conditions insensées pour autoriser la télévision à diffuser les matches, pour la télévision nationale, financée par l'argent du contribuable et qui n'arrive pas à satisfaire son public. Un point qui échappe à tout le monde dans cette triste affaire, c'est qu'il y a un contrat à respecter et qui court encore pour deux saisons. Cette relation contractuelle n'est pas respectée, elle est même mal définie avec deux parties qui défendent leurs intérêts et où chacune trouve que les clauses du contrat lui donnent raison. Le flou total... Une deuxième journée va avoir lieu ce week-end, et on ne sait pas encore si les matches vont être retransmis ou pas. Ce flou alimente les rumeurs mais confirme une chose : notre football est très loin du statut «professionnel». C'est un pur mensonge qu'on est en train de vivre et de croire malgré la réalité amère et ridicule. Pour ce qui est des droits TV, c'est alors un point a été mal conçu depuis le cahier des charges jusqu'aux modalités de paiement. De quel appel d'offres parle-t-on quand on a une seule télévision qui peut retransmettre tous les matches. De quels droits TV parle-t-on avec des montants payés en décalage et avec des clubs qui n'obtiennent qu'une petite part? Est-ce que vraiment nos télévisions présentent un produit de qualité pour justifier les milliards dépensés ? Pour le moment, c'est une image brouillée et qui risque de l'être encore une fois.