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Elles n'ont pas le salaire qu'elles méritent
Femmes rurales
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 08 - 2017

Déchéance sociale, misère de la condition économique et encombrement au foyer : un statut de misère pour un modèle de bravoure et de labeur.
Exploitée de jour comme de nuit, rabaissée sur le plan social et vivant le plus souvent dans la précarité et la disgrâce, la femme rurale demeure encore dans de mauvais sièges, ne réussissant nullement à sortir du marasme social et économique dans lequel elle a été toujours plongée. Et en dépit des actions entreprises dans le pays pour améliorer sa condition sociale, elle continue d'endurer les souffrances et de rendre service à la nation en se consacrant à la fois au bien-être de la famille et du foyer et à la recherche de sources de revenus à même de conforter les revenus des ménages autant que possible, non sans peine.
Autant dire que la condition féminine est toujours dans de mauvais draps dans les régions de l'intérieur où, pourtant, elle occupe un rôle social et économique incontournable, notamment dans le secteur agricole où elle continue de s'activer et de redorer son blason, en particulier dans les secteurs de l'élevage et du maraîchage. Et pourtant, nombre de projets ont été mis en place en faveur de cette catégorie sociale pour promouvoir la condition féminine et aider les ménages ruraux à se prendre en charge économiquement.
C'est ainsi que tous les projets intégrés mis en place dans les régions de l'intérieur ont prévu, depuis une quinzaine d'années, une composante nommée développement de la condition féminine avec comme ingrédients au menu des activités agricoles productives à rendement rapide comme la cuniculture, l'élevage bovin laitier, les cultures irriguées et bien d'autres activités liées aux petits métiers où elles ont parfois réussi et décroché des médailles.
De multiples vertus
Habiba Bounaouar est une paysanne du Kef aux multiples vertus et au caractère à la fois exubérant et passionné, pour le travail qu'elle accomplit, depuis des décennies. Habillée en galoches et affublée d'oripeaux de fortune, elle continue de trôner en maîtresse de céans sur son troupeau de vaches laitières et sur son verger où les poires de la variété William's sont suspendues allègrement aux branches. Des pieds de fruits plantés par ses propres soins depuis une bonne dizaine d'années.
Infatigable, l'air débonnaire et souriante comme un bébé, elle fait montre d'un certain bonheur en regardant ses vaches brouter l'herbe sèche. Avec elle, quatre autres femmes s'activent pour achever les tâches de l'étable ou du verger. Un peu plus loin, une vingtaine de femmes sont affectées à cueillir les tomates dans la canicule de ces derniers temps, la tête couverte. Elles passeront la journée à ramasser la récolte de tomate, moyennant une certaine rétribution sur chaque caisse remplie. Quand les travaux du ménage ne les débordent pas, elles reviendront le lendemain de bonne heure, pour reprendre la besogne. Ironie du sort, leurs maris passeront la journée à se la couler douce dans un café ou sous un arbre ou encore à pratiquer des jeux de pierre et à tenir d'interminables discours creux. Ils rentreront au logis pour manger et se reposer. Certains simulent, cependant, un semblant de travail qui, le plus souvent, s'arrête à des recommandations.
Sombrer dans un sommeil profond
Au foyer, comme dans les champs, les souffrances sont toujours les mêmes. Il faut toujours courir pour nourrir les hommes et les bêtes, dans un même élan de générosité et de dévouement familial qui n'en finit pas. Abreuver les vaches, contrôler les poulaillers, répandre des grains aux volaillers, préparer la bouffe: la liste des tâches est loin d'être finie à la tombée de la nuit. Quand tout cela sera fini, elle pourra se détendre un moment avant de sombrer dans un sommeil profond dont elle ne se réveillera que pour reprendre la corvée de la veille.
Et justement en parlant de corvée, l'on remarque, aujourd'hui, que sur les 15 mille artisans de la région du Kef, 80% d'entre eux sont de sexe féminin. Elles sont, en effet, plus de 12 mille à pratiquer le tissage de la laine, la broderie et à accomplir d'autres petits métiers de fortune comme la distillation des huiles essentielles. Mais la plupart des femmes rurales n'abandonnent pas le rituel du poulailler, du grenier à blé et de la constitution des provisoires alimentaires qui, il est vrai, prendront, elles aussi, une partie du temps qui leur reste pour les constituer.
Des véhicules de fortune
Mais ce qui est dramatique c'est cette série d'accidents de la route survenus ces dernières années à des ouvrières transportées sur des véhicules de fortune pour accomplir des tâches de collecte ou de cueillette de fruits ou de légumes. On se souviendra longtemps de ce dérapage près de Téboursouk et de cet accident survenu à Jendouba où des femmes ont péri alors qu'elles étaient sur le chemin du gagne-pain. Aussi travaillent-elles dans les champs pour semer des betteraves, des tomates, des pommes de terre ou encore pour mener des bêtes au champ et les surveiller, avant de les ramener à l'étable en fin de journée. Une miche de pain souvent à la main et une bouteille d'eau attachée à la ceinture, quand celle-ci est là.
La campagnarde, la paysanne ou la femme rurale font partie, malheureusement, des laissées- pour - compte, des démunies, des déclassées et des damnées de la terre. Aucune justice ne leur est rendue jusque-là. Et bien malin qui dira qu'une loi est là pour les protéger contre les abus de ces propriétaires terriens avides d'exploitation de la gent féminine au demeurant acculée à la fatalité d'un mauvais sort.
«Elles ne sont pas nées misérables», explique une jeune paysanne de Jendouba, habituée à des tâches de culture de la pomme de terre. Elle se souviendra longtemps d'une de ses voisines morte écrasée par une camionnette alors qu'elle s'apprêtait à rentrer au logis après une longue journée de dure besogne. «Elle n'avait aucune couverture sociale et a laissé derrière elle des enfants en bas âge», renchérit-elle, deux larmes coulant de ses yeux. Et de résumer sa situation et celle de ses semblables. «Elle court, elle court de nuit comme de jour». Désolant !


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