Une manifestation exceptionnelle a été organisée par le ministère des Affaires culturelles samedi dernier à Kalaat Senane, à l'occasion de la nomination du site de la Table de Jugurtha pour s'inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, accompagné de la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Salma El-Loumi, la ministre de la Jeunesse et des Sports, Majdoline Charni, et l'ambassadeur tunisien auprès de l'Unesco, Ghazi Ghrairi, ainsi que la directrice de la culture et de la sauvegarde du patrimoine à l'Alecso, Dr Hayat Qatat, a pris part à l'événement culturel, artistique et créatif organisé à l'occasion de la nomination du site de la Table de Jughurta pour s'inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Le temps d'une journée, donc, Kalaat Senane, qui abrite cet important site archéologique, vibrait aux rythmes des tambours, de la danse et du chant. Un programme festif et haut en couleur a été mis en œuvre pour célébrer cette première étape du projet d'inscription du site sur la liste préliminaire du patrimoine mondial de l'Unesco. Il s'agit d'une première en Tunisie, puisque jamais un site archéologique à la fois naturel et culturel —selon les normes de classification internationale définies par le Centre du patrimoine de l'Unesco— n'a été inscrit auparavant. A cet effet, le ministère a élaboré un plan d'action associant les différentes parties actives dans le secteur de la culture, du patrimoine et de la recherche scientifique. Cette étape constitue une occasion nécessaire pour échanger les points de vue et les expériences afin de trouver les meilleurs moyens pour réaliser le projet dans les meilleures conditions. Dans ce même contexte, le ministère des Affaires culturelles a veillé à associer les différentes parties prenantes notamment les institutions chargées du patrimoine comme l'Institut national du patrimoine (INP), l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc), la direction du patrimoine, de l'information et de la culture au sein du ministère de la Défense nationale, l'Office national des mines (ONM), le ministère du Tourisme et de l'artisanat ainsi que le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. D'autre part, des compétences scientifiques et académiques ont été associées à ce travail sans oublier les associés à l'échelle régionale comme le gouvernorat et la délégation des affaires culturelles du Kef, la délégation de Kalaat Senane ainsi que des composantes de la société civile comme l'association "Jugurtha" pour l'intégration maghrébine et l'association culture numérique de Kalaat Senane. Le programme de la journée a débuté avec des spectacles mêlant art équestre et patrimoine, suivi d'une visite guidée au site archéologique, visite d'une exposition d'art plastique et des ateliers d'artisanat ainsi que des spectacles de musique par des artistes tunisiens, tels que : Hassen Doss et Abedrrahmane Chikhaoui. Lors de cette manifestation, le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, a rappelé l'importance historique et civilisationnelle du site avec «toute la symbolique qu'il constituait à travers les époques et qui pourrait également constituer un élément d'attraction touristique pour la région». Et d'ajouter que «La volonté d'inscrire la table de Jugurtha sur le liste du patrimoine mondial témoigne de cette importance et reconnaît la place du site dans les différentes composantes civilisationnelles de l'histoire de la Tunisie et une interaction avec l'environnement direct de la région et avec ses voisins en Algérie». Le ministre a relevé l'importance qu'accorde la Tunisie au patrimoine matériel et immatériel, disant que le pays œuvre à inscrire d'autres sites sur la liste du patrimoine mondial, à l'instar de Chott Djérid et les ksours sahraouis de Tataouine, rappelant qu'un atelier régional sur le processus de proposition d'inscription de sites culturels sur la liste du patrimoine mondial se tient à Djerba (du 11 au 15 septembre 2017). Pour Abdelhamid Larguech, membre du comité et expert en histoire antique, la table de Jugurtha constitue «le point culminant du Nord-Ouest d'un site historique qui a vu la succession de plusieurs civilisations sur cette région, à compter de l'époque punique en passant par celle romaine». Le site qui s'étend sur un plateau de 8 ha avait été un refuge pour le roi numide «Jugurtha», originaire de Cirta, l'actuelle ville de Constantine en Algérie, fuyant les Romains durant la guerre qui l'avait opposé à Rome, a-t-il encore précisé. Située à 4 km de Kalaat Senane, la Table de Jugurtha est considérée selon les spécialistes comme «une curieuse montagne de forme tabulaire et une véritable forteresse naturelle entourée de falaises qui, tombant à pic, ont fait de ce lieu un refuge idéal pour échapper à l'ennemi. Son accès n'est possible que par la face nord, par un chemin étroit, creusé dans une faille. Des traces de sabots sont encore visibles sur les pierres». Rappelons que récemment, une demande d'inscription de la synagogue de la Ghriba, d'une ancienne mosquée ainsi que d'une église de l'île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco a été déposée. Pour rappel, 12 sites tunisiens sont inscrits sur la liste préliminaire de l'Unesco. Cependant, depuis plus de 20 ans, aucun site ou monument tunisien n'a été inscrit sur la liste définitive du patrimoine mondial de l'Unesco. Légendes : Les visiteurs ont pu apprécier plusieurs tableaux vivants mêlant art équestre et patrimoine. Des expositions d'art et des ateliers d'artisanat ont été au programme Spectacle animé par Hassen Doss Une visite guidée a eu lieu afin d'admirer de près le magnifique site archéologique «La table de Jugurtha»