Ouverture de la première édition du Festival des films d'horreur de Tunis avec la projection, en avant-première, de « Mother ! », un thriller psychologique original du réalisateur américain Darren Aronofsky, vendredi dernier à la salle de cinéma Le Palace à Tunis. Tant attendu par les amateurs du genre, le premier festival dédié aux films d'horreur a démarré vendredi dernier en présence d'un public nombreux de jeunes, surtout, et de moins jeunes spectateurs. C'est « Mother ! » qui a ouvert le bal. En effet, après Venise et Londres, et avant Deauville et Toronto, ce mystérieux film de Darren Aronofsky, réalisateur de «Black Swan» et «Requiem for a dream», s'est dévoilé au public tunisien, en avant-première, vendredi dernier à la salle Le Palace. Il s'agit d'un thriller psychologique, véritable tour de grand-huit au croisement de plusieurs genres, dans lequel un couple paisible isolé dans sa maison de campagne, voit débarquer des invités imprévus qui vont bouleverser leur tranquillité et l'équilibre de leur demeure. Le casting réunit des lauréats de la prestigieuse Académie des Oscars. En effet, Jennifer Lawrence, déjà primée à Venise comme meilleur espoir pour «Loin de la terre brûlée», en 2008, fut sacrée meilleure actrice dans Happiness Therapy du réalisateur David O. Russell en 2012. Javier Bardem, lui, reçoit l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour «No country for old men» des frères Cohen en 2008. Dans le rôle des intrus, Michelle Pfeiffer, star de «Scarface» et Ed Harris, qui s'est récemment illustré dans «Westworld» (la série à succès produit par HBO). Le film commence par l'image d'une femme qui brûle et qui semble émerger des flammes. Suivie d'une scène où l'on voit un homme qui, dès qu'il repose une pierre précieuse sur son socle, une maison délabrée reprend vie. A l'intérieur, une jeune femme et son mari, un artiste en mal d'inspiration. La femme, de son côté, prend soin de cette maison qui les protège et les isole du monde extérieur. Jusqu'au jour, où un inconnu se présente, demandant un toit pour la nuit. Sans hésiter, l'écrivain lui ouvre les portes de leur cocon, malgré la réticence de sa femme. Pour les amateurs qui s'attendaient à voir un film d'horreur du genre « Annabelle », ils seront plutôt déçus. Car, il s'agit d'une tragédie, un thriller psychologique, bref, une autre forme d'angoisse qui ne laisse pas indifférent. Cela dit, le film est riche en éléments techniques propres aux films du genre, qui ont été subtilement employés. Le travail sur le son est ingénieux et nous plonge instantanément dans les ressentiments du personnage de Jennifer Lawrence. Peu à peu, on s'approprie les oppressions de la jeune femme et ses angoisses deviennent les nôtres. Assister à l'occupation de cette demeure provoque autant d'énervement et d'agacement pour celui devant l'écran que celui derrière. Côté effets spéciaux, l'ensemble est bien travaillé, donnant lieu à des séquences époustouflantes. Quant au fond du film, il regorge de symboles et de métaphores, tellement foisonnants qu'il est possible d'en faire plusieurs lectures et interprétations. Et c'est libre à chacun de se forger ses propres idées par rapport à cette œuvre multiple et riche. Les niveaux de lectures possibles varient ; sociale, problème de couple — l'amour difficile d'une épouse pour son mari poète en mal d'inspiration — politique, où les invités étrangers sont à l'image des colonisateurs qui envahissent la maison sans se soucier de l'avis de la propriétaire devenant par la force des choses une fugitive dans sa propre maison. Et religieux (biblique) où le poète est celui qui crée (Dieu), l'épouse c'est la mère d'où le titre du film « Mother » symbolisant La Sainte Marie (appelée Déesse, à plusieurs reprises) et puis le fils, le bébé sacrifié afin de « sauver l'humanité ». On peut donc y voir une réflexion sur la difficulté d'aimer un artiste à succès plus passionné par ce qu'il crée que par son couple. On peut, également, interpréter la maison comme la représentation de la solidité du couple ou même de l'esprit du poète. Sa femme ne serait alors que la représentation d'une inspiration (elle est d'ailleurs appelée ainsi à quelques reprises) que l'artiste ne parvient pas à saisir. Il a besoin de créer et il exprime son besoin de s'ouvrir aux autres, au monde et à sa misère. Alors, il ouvre la porte à des inconnus. Et dès que la porte est ouverte, plus rien n'est à l'abri des yeux et des mains envahissantes des autres. Il n'y a plus de limite entre l'intimité légitime du privé et de l'espace commun extérieur. L'écrivain se fait envahir par l'insatiabilité du public demandant toujours plus sans aucune vergogne. Et lui ne cesse de satisfaire leur avidité dangereuse menant à la décadence et au chaos. Un film riche et intense qui ne laisse pas indifférent. Rappelons qu'une sélections des meilleurs films d'horreur sont encore à découvrir jusqu'au 20 septembre. La clôture du festival aura lieu avec « IT » (Ça), réalisé par Andrés Muschietti et sorti le 7 septembre. Il s'agit de l'adaptation cinématographique du roman Ça de Stephen King, publié le 15 septembre 1986. Il raconte l'histoire d'un groupe d'adolescents qui découvrent le secret derrière les multiples disparitions d'enfants et de jeunes dans leur petite ville. Ils se trouvent confrontés à une entité maléfique qui prend la forme d'un clown terrifiant.