Entreprendre des travaux qui ont tendance à s'éterniser, au sein d'un établissement éducatif, n'est ni recommandé ni souhaité au cours de l'année scolaire. Il en résulte des désagréments et des risques considérables pour les élèves et le cadre administratif et enseignant Sise en plein centre-ville à Mahdia, l'école secondaire de l'avenue Bourguiba — communément dénommée «école Lumbroso» du nom de son fondateur — a enregistré une rentrée scolaire assez particulière, vu les travaux engagés le jour même de la rentrée. Ce qui était loin de plaire aux enseignants, aux parents et aux élèves. Mais force est de constater que cet édifice étatique menace ruine, faute d'entretien approprié, d'autant qu'il est centenaire, supportant mal les vicissitudes du temps et les méfaits de l'érosion corrosive de l'humidité marine due à sa proximité de la mer. Autant donc de facteurs qui ont précipité sa dégradation et son délabrement. Les lézardes, les fissures et les signes de décrépitude sautent aux yeux et n'ont fait que s'accentuer au fil des ans. Les escaliers sont devenus branlants et, chaque jour, l'on redoute le pire. M. Hatem Ghali directeur de l'établissement précise : «La menace d'effondrement est réelle .Cette école est centenaire. Le temps a fait son œuvre en attaquant même ses fondations et ses murs. Nous avons signalé à qui de droit cet état de fait, en témoignent nos rapports répétitifs et alarmants, en appelant à y remédier de toute urgence. Le ministère de tutelle a mandaté des ingénieurs pour voir de visu et statuer. Une enveloppe de l'ordre de 250.000 dinars a été consacrée pour entreprendre des travaux urgents, en vue de parer au plus pressé». Mais les palliatifs sont loin d'être la solution, et il y a lieu de penser à refaire, de fond en comble, cette école, en lui imprimant une conception moderne, plus appropriée à l'époque et en phase avec les exigences de la pédagogie moderne. D'autant que cette école occupe une place à part dans le cœur de tous ceux qui sont passés par là. Concilier l'inconciliable Mais en tout état de cause, entreprendre des travaux en pleine année scolaire n'est ni recommandé ni souhaitable, c'est même contre-productif et anti-pédagogique. La vue des tas de sable, de gravier et de sacs de ciment éventrés, les barres de fer qu'on plie, les madriers qu'on soulève pour les jeter ici et là, les engins poussifs qui déversent leurs chargements, en pleine cour, les marteaux-piqueurs en pleine action durant la journée... ne sont pas pour plaire aux enseignants, aux cadres administratifs, aux parents et encore moins aux élèves exposés à tous les risques éventuels. Haïthem, élève de cette école, s'apprêtait à y accéder quand nous lui avons demandé son avis: «Je n'arrive pas à me concentrer, en classe, le cours est toujours rythmé par des coups de marteau. Les vieux barils qu'on déplace à tout instant, les échafaudages qu'on monte et démonte tous les jours nous empêchent de suivre notre professeur, devenu lui aussi nerveux». Le même avis est partagé par une enseignante de français : «Les désagréments sont incalculables, un chantier en pleine action dans l'école n'est pas pour nous faciliter la tâche, afin de maîtriser une classe, les élèves sont excités et semblent perturbés par ce bruit incessant». Enfin, nous avons recueilli l'avis d'un parent d'élève qui attendait son fils, pour le ramener, chez lui, en voiture: «On aurait pu programmer des travaux pareils durant les vacances d'été, en accélérant les travaux plutôt que de muer cette école en centre d'accueil pour des vacanciers, durant les mois d'été, ce qui n'a fait qu'accentuer sa dégradation». Enfin, il est bon de rappeler, dans ce contexte le joli mot de Victor Hugo qui assurait que : «l'éducation, c'est la famille qui la donne, l'instruction, c'est l'Etat qui la doit».