La victoire à l'Afrobasket a été saillante et largement méritée pour notre sélection qui a dû gérer une pression fatale. Nous avons rencontré un joueur chevronné de la sélection, Radhouene Slimane, pour nous raconter l'Afrobasket et les rouages de la sélection, les secrets de cette victoire, la relation avec Mario Palma. Bref, il parle longuement des détails qui échappent à ceux qui suivent le basket de loin. Le joueur, qui a livré une bonne prestation, tout comme ses équipiers, reste optimiste pour l'après-Afrobasket. Interview. Parlons de ce titre fort mérité. Il y avait deux visages : un premier peu rassurant au premier tour et un autre plus rassurant au second tour. Comment l'expliquez-vous ? C'est vrai. Nous n'avons pas été incisifs et très convaincants au premier tour malgré trois victoires. A mon avis, ça s'explique ainsi : il y avait énormément de pression sur nos épaules au début de l'Afrobasket. On jouait à domicile et on avait peur de perdre, de rater ce rendez-vous. On sentait cela, nous, les joueurs, d'autant que le public voulait cette fois le titre. Je vous donne un exemple : notre sélection avait des taux faibles dans les lancers-francs tellement on était tendus et sous pression. Cela ne nous a pas empêchés de gagner assez facilement les matches du premier tour. Puis après, on s'est parlé entre joueurs, et on s'est décidé à améliorer notre qualité de jeu, tout en privilégiant le résultat. La machine s'est huilée au fil des matches. Toujours est-il que malgré cette amélioration dans le second tour, l'équipe de Tunisie avait du mal à gérer les deux premiers quarts temps, et passait facilement la vitesse supérieure en deuxième mi-temps. C'était étudié ? Il y avait une rentrée difficile sur les matches face à tous les adversaires. On gérait match par match, et chaque adversaire essayait de tout donner dès le début pour nous surprendre. Nous avons cherché à jouer avec le long souffle, et après une préparation aussi chargée et longue (plus de deux mois), il nous était facile de jouer sur un même tempo pendant les 40'. Nous étions plus frais, plus forts mentalement et nous avons plus de solutions que nos adversaires qui n'étaient pas capables de suivre notre rythme à partir de la troisième période. Quel était le match le plus pénible et le match le moins compliqué dans cet Afrobasket ? Je dirai que le match du Cameroun, le premier, était le plus difficile à gérer. Nous avons gagné dans les cinq dernières minutes. Il y avait un énorme trac, d'autant qu'on n'avait pas une idée sur l'adversaire du jour. Pour le match le moins compliqué, je citerai la Guinée. On était déjà qualifié, on s'est même relâché et sous-estimé l'adversaire, mais on s'est repris vers la fin. Pour les matches du second tour, ils étaient tous difficiles. Notre sélection était la meilleure sur le plan de la défense. Et on a vu que vous avez joué l'homme à homme et parfois la zone. Comment décrivez-vous la stratégie défensive ? Nous avons joué plus la défense homme à homme. Le sélectionneur national, Mario Palma, avait beaucoup insisté sur ce type de défense. Il y avait de l'agressivité, des rotations étudiées et beaucoup d'abattage dans le marquage sous le panneau. Avec l'absence de Salah Mejri, il ne fallait pas se retrouver un contre un sous le panier avec des pivots costauds. Nous avons réussi à bien défendre, c'était une culture. Quant à la défense de zone, nous l'avons parfois utilisée pour fermer les espaces devant les tireurs. Parlons de Mario Palma, le sélectionneur national. Vous l'avez côtoyé pendant toute la préparation. Quel apport a-t-il dans ce titre ? Mario Palma est un très grand Monsieur et entraîneur de renommée internationale. Nous avons eu de la chance de travailler avec lui. Je ne dis pas ça par diplomatie ou par flatterie, l'homme est un grand entraîneur qui a une part considérable dans cette consécration. C'est nous les joueurs qui sommes les mieux placés pour le dire. Sa touche est indiscutable. C'est un Monsieur qui a gagné 5 titres africains et plus de 70 titres en clubs, ça ne peut pas être n'importe qui. Il a une philosophie du basket qui se base sur la passion et la perfection. Il a su nous la transmettre avec des méthodes d'entraînement qui vous donnent exactement votre rôle et qui vous permettent d'améliorer vos capacités. Il réussit à simplifier ce qu'il nous demande de faire, en défense surtout. Et pourtant, c'est quelqu'un d'autoritaire et on le voyait crier et râler pendant les matches... C'est vrai, il n'aime pas qu'on échoue ou qu'on n'applique pas ce qu'il nous demande de faire. Il le fait pour remettre les choses dans l'ordre. ais c'est quelqu'un qui nous donne une marge de manœuvre, qui valorise ce que nous faisons. Il a bien géré les différents matches et quand ça ne marchait pas, il savait intervenir. Sur le plan relationnel, c'est quelqu'un de très fort. Il respecte ses joueurs, il les aime, il les motive, il ne fait pas deux poids deux mesures ;c'est pourquoi tous les joueurs de la sélection louent le travail qu'il a fait et l'apprécient. Après ce titre, comment voyez-vous l'avenir de la sélection ? Je pense que le cycle est encore long pour cette génération,d'autant que des jeunes, pas beaucoup c'est sûr, percent. C'est un groupe uni, motivé, qui a encore la qualification en Coupe du monde et aux Jeux olympiques comme deux objectifs majeurs. Le fait de ramener un grand entraîneur comme Palma pour 4 ans veut bien dire que la mission est encore longue devant nous. Il s'agit aussi de préserver notre supériorité africaine. Ce sacre doit avoir des effets sur le basket tunisien qui a plein de problèmes au niveau des clubs, des jeunes... Oui. C'est un titre qui doit impulser un changement vers le meilleur. Il faudra travailler encore pour que le basket tunisien reste compétitif à l'étranger. Ce titre devra attirer des sponsors qui peuvent compter sur l'image de marque du basket tunisien. Recyclage, méthodes de travail dans les clubs, niveau du championnat, collaboration avec le staff technique de la sélection, on doit bouger et pousser vers l'avant. C'est un titre très précieux qui devra motiver tout le monde. Et vous, allez-vous continuer l'aventure en sélection ? J'ai pensé, à un certain moment, à me retirer par la grande porte, comme le disent certains. Mais en parlant avec Palma, il m'a donné envie de rester jouer. Pour lui, l'âge n'a aucun sens, c'est la qualité et la motivation du joueur qui comptent. Il y a la qualification au Mondial comme challenge, et personnellement, j'ai encore envie de joueur au basket à haut niveau.