C'est un joueur correct, discipliné et qui a beaucoup progressé. Il appartient à l'ESR, l'un des fiefs du basket en Tunisie. Sa consécration, il y a une semaine, vient au bon moment pour son équipe. Il nous parle de ce titre, de la saison et de beaucoup d'autres sujets. Interview avec un joueur modèle dans le basket tunisien Si on revenait sur les deux matches de la finale qui vous ont permis de gagner le titre de champion... Votre analyse à tête reposée ? Il faut rappeler qu'on a déjà battu l'ESS une semaine avant en Coupe de Tunisie. On était donc plus à l'aise avec un ascendant psychologique. Néanmoins, le premier match de la finale du championnat n'était pas facile à gérer. Il y avait de la pression sur nos épaules. On avait mal entamé le match avant de revenir vers la fin et l'emporter. Au retour, on avait un ascendant de deux victoires déjà, mais on s'est dit une chose avant ce match : il fallait l'emporter à Sousse et éviter un match d'appui à Radès où la pression sera fatale et en faveur de l'ESS. Cela s'est bien passé, on a retrouvé nos individualités et notre caractère pour gagner et remporter haut la main le titre de champion. Sur l'ensemble des deux matches, nous étions meilleurs et supérieurs. Lors du match retour, Matteus, un pivot important dans votre équipe, avait totalisé trois fautes en 3 minutes. Son suppléant a connu le même scénario. C'était un tournant tactique. Comment avez-vous géré cette donne ? Absolument. C'était un coup dur pour l'équipe, vu le poids de Matteus dans le jeu intérieur. Amine Rezig et Mohamed H'didane ont dû s'investir et se donner à fond. Ils ont géré leurs efforts, vu qu'ils ont joué 40 minutes, et évité de commettre des fautes. C'était intelligent de leur part, et les deux ont beaucoup aidé l'équipe à rester dans le match. On a essayé, en tant que joueurs, d'aider Rezig et H'didane en défense en empêchant les Etoilés de pénétrer dans la raquette avec beaucoup d'aide et des prises à deux pour empêcher les joueurs de l'ESS de coller des fautes à ce duo. En attaque, on avait joué en mouvement et compté sur notre adresse pour ménager autant que possible Amine et «Hammoudi» surtout au niveau des rebonds. Après des hauts et des bas au play-off, l'ESR a atteint le top de la forme vers la finale... Ce n'était pas facile d'autant que les yeux étaient rivés sur vous... On a perdu deux fois face à l'ESS et au CA au play-off. L'équipe tentait à ce moment-là de monter en régime et de trouver l'équilibre petit à petit. C'était des défaites utiles qui nous ont beaucoup servis pour soigner nos imperfections. On a dès lors appris à mieux gérer mentalement nos matches et à jouer jusqu'au bout. A l'approche du super play-off, les joueurs se sont plus rapprochés, se sont motivés et même ceux qui ne jouaient pas avaient la même motivation. Petit à petit, l'équipe a atteint le top de la forme. Tant mieux. Vous avez beaucoup investi dans la première équipe cette saison. L'arrivée de Adel Tlatli a été un événement. A votre avis, qu'est-ce qui a changé avec lui ? C'est un entraîneur célèbre par son CV fourni en clubs et en sélection. C‘est un monsieur qui a laissé des traces là où il est passé. Je pense que c'est un entraîneur qui défend ses joueurs, qui les comprend, qui sait les emmener tactiquement et humainement. C'est quelqu'un de strict qui joue bien son rôle d'entraîneur-manager. Il a su améliorer les aptitudes de chaque joueur, tout en étant à l'écoute du groupe. J'ai beaucoup aimé travailler avec un entraîneur aussi gagneur et compétent. Si on dresse un portrait de l'ESR. Quels sont ses points forts et ses points faibles ? Je pense que l'ESR a excellé sur le plan défensif surtout avec l'apport de Matteus qui pèse sous le panneau et aide dans la phase défensive. Il y a aussi la réussite collective, l'ESR joue désormais en tant que groupe et pas en tant qu'individualités. L'ambiance et l'intégration de tous les joueurs sont aussi un point fort. Par contre, nous devons mieux gérer les moments difficiles d'un match et éviter le relâchement pour rester dans ce palier élevé de performance. Parlons de ce cycle qui, pour certains, va permettre à l'ESR de dominer le championnat pour des années. Qu'en dites-vous ? Je crois que le bureau directeur a mis le paquet depuis des saisons non pas pour gagner une seule fois, mais pour dominer le championnat pour des années. Le premier titre, qui constituait une sorte de malédiction, est venu, et c'est déjà énorme. Maintenant, il faut consolider cet acquis et améliorer les performances en Tunisie et en Afrique. Vous avez parlé de cycle, j'en conviens parfaitement. Les joueurs ont des contrats de deux ans au moins. On a envie de gagner encore. C'est un cycle de consécrations qui commence et qui va se prolonger sur des saisons. Mourad El Mabrouk et Mohamed H'didane, qui ont gagné au CA, ont débarqué à l'ESR et gagné. Quel est leur apport, d'après vous? Ce sont deux joueurs exceptionnels. Ils se sont vite intégrés dans l'ambiance de Radès. Mohamed est un joueur polyvalent qui ne joue pas seulement au poste 4. C'est un créateur qui fait la différence même sur un petit détail. Quant à Mourad El Mabrouk, c'est l'un des meilleurs pointeurs à trois points en Tunisie et en Afrique. Il offre beaucoup de solutions en attaque quand il a de l'aide. Ce sont deux renforts de taille qui ont donné à l'ESR une valeur rayonnante. Maintenant, vous allez disputer la finale de la coupe contre l'USM. Vous partez favoris ? Je crois que nous sommes beaucoup plus motivés pour gagner en coupe qu'en championnat. Le titre de champion n'a pas de valeur et de saveur sans remporter la coupe. Ça va être du 50/50, mais l'ESR aura un petit avantage pour avoir battu 4 fois l'USM cette saison. On connaît parfaitement sa manière de jouer, ses points forts et faibles. Mais je le répète, c'est un match de coupe où tout est envisageable. Parlons de la sélection et de Mario Palma. L'équipe de Tunisie a-t-elle pris du neuf ? Je crois que la sélection est restée aussi compétitive qu'auparavant. Ce sont presque les mêmes principes: jeu collectif, mouvement avec et sans ballon, et beaucoup d'agressivité en défense. Palma est un professionnel qui insiste beaucoup sur le jeu collectif et sur le sérieux. Nous aurons l'Afrobasket en septembre avec l'objectif de jouer les premiers rôles. On attend encore la participation de Salah Mejri et de Michael Roel qui ont leur valeur et leur vécu en sélection. Et avec vos ambitions personnelles concernant votre carrière? Je ne veux pas brûler les étapes. J'ai une finale de coupe et des engagements avec l'ESR, mon club de toujours. Cela dit, j'aimerais jouer en Europe avec ce basket de haut niveau que j'aime beaucoup. J'espère développer mes capacités et mes qualités, tout en apprenant. Pour n'importe quel basketteur, il faut avoir l'ambition de jouer le basket de haut niveau.