Rajeunissement et parité, deux principes innovants Suite au 3e congrès électif d'Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés), tenu du 8 au 10 du mois dernier à Tunis, l'ex-ministre des Affaires sociales, M. Khalil Zaouia, a succédé à son camarade Dr. Mustapha Ben Jaâfar, l'ancien président de l'ANC, à la tête du parti, avec un nouveau staff dirigeant. Lors d'une conférence de presse, donnée hier matin, en son siège à Montplaisir, M. Zaouia a présenté son parti sous un signe novateur : restructuration sur la base d'une série de révisions entamées depuis la défaite cuisante des législatives de 2014 et rajeunissement de sa composition à hauteur de 40%. C'est un parti qui commence à changer. « D'ailleurs, le dernier congrès constitue un bond qualitatif à deux niveaux ; organisationnel et conceptuel», lance-t-il, faisant valoir les pas franchis depuis le printemps dernier à l'échelle des régions et des zones d'action. Et d'ajouter que son parti avance sur deux pieds pour mieux se repositionner sur la scène politique, défendre les acquis de la révolution et booster le processus démocratique encore en difficulté. De l'opposition à la lutte D'après lui, la nouvelle direction du parti a pour points forts une présence remarquable des jeunes et des femmes dont le pourcentage est respectivement de 40% et de 32%. L'autre valeur ajoutée consiste, selon lui, en un taux de renouvellement du bureau politique situé à 64%. Une sorte de reconfiguration conforme aux énoncés du règlement intérieur tel qu'il a été amendé par le 3e congrès d'Ettakatol. Il stipule également les principes de la parité dans les responsabilités et l'ouverture sur toutes les forces vives de la société. Sur le plan exécutif, un poste de secrétaire général du parti a été, nouvellement, créé, et confié à M. Kamel Gargouri. Dans son intervention, ce dernier a évoqué la position d'Ettakatol à l'égard de ce qui se passe sur la scène politique, économique et sociale. Un point de vue qui ressemble à celui de l'opposition, à des nuances près. « Nous sommes dans une position de lutte, plutôt que d'opposition...», précise-t-il. Cela s'explique, à l'en croire, par le fait de voir le pays revenir en arrière. « Tous les indicateurs sont revus à la baisse : « Surendettement de plus de 20 points, glissement continu du dinar, croissance en panne et balance commerciale gravement déficitaire », analyse-t-il. Sans pour autant réfléchir à des solutions radicales pour parer à cette crise socioéconomique. « On ne voit que des solutions de bricolage, n'aidant point à sortir la Tunisie de ce statu quo persistant. De même, il n'y a aucune volonté de changer le modèle de développement déjà remis en cause», renchérit-il. A propos de la corruption, il est du même avis que l'opposition, soulignant que les arrestations isolées des hommes d'affaires n'ont rien à voir avec une vraie guerre anti-corruption. « Alors que la machine de la corruption continue à fonctionner», dénonce-t-il. Preuve en est, juge-t-il, l'adoption forcée de la loi sur la réconciliation administrative. Cette crise économique s'est répercutée sur le processus politique. Soit, le retard pris dans l'installation des instances indépendantes constitutionnelles, le report des élections municipales, le recul des libertés et le déclassement de la Tunisie sur le plan international en matière de liberté de la presse. Et là, un jeune de l'organisation juvénile du parti n'a pas hésité à livrer, à l'auditoire, un témoignage choquant, racontant sa détention humiliante au poste de police de Bouchoucha (Bardo), suite à son arrestation injustifiée au stade de Radès, alors qu'il s'apprêtait à assister à un match de foot habillé d'un tee-shirt portant le slogan « Manich msameh ».