Si nous partons du principe que le sport est non seulement un élément complémentaire dans la formation d'un individu, homme ou femme, équilibré, mais aussi un loisir qui est devenu un véritable choix de société, cette activité revêt de nos jours une importance capitale. La situation faite aux femmes dans le sport est bien souvent à l'image de leur place dans la vie économique, sociale et politique. Un philosophe du 19e siècle disait que «le degré d'émancipation des femmes donne toujours la mesure du degré d'émancipation d'une société». Cette réflexion n'a pas pris une ride, c'est une transformation d'ensemble qui se gagne dans chaque domaine, dans les conseils d'administration sur les pistes d'athlétisme comme dans les assemblées nationales. Les années passées on a accordé une place privilégiée et importante au sport mais aussi consolidé les acquis de la femme. La présence de la femme dans les différentes associations, organisations et structures est de plus en plus renforcée, et une concrétisation à tous les niveaux a montré le chemin à suivre, celui d'impliquer la moitié de la société dans le processus du développement en tant que coresponsable dans une approche égalitariste agissante dans l'œuvre de développement globale. Dans ce contexte tout à fait favorable, les exploits sportifs ont été au rendez-vous et la participation féminine s'est distinguée sur plusieurs plans, notamment lors des derniers Jeux Olympiques, Championnats du monde et Jeux Méditerranéens où les performances des athlètes femmes sont à saluer. Ces exploits donneront à tous et toutes une impulsion qui marquera indéniablement les esprits et permettra non seulement de prévoir des résultats de plus en plus performants mais aussi nous incitera à persévérer sur la voie de l'excellence. Mais le sport féminin souffre encore d'un certain nombre d'insuffisances et difficultés. En effet, les efforts déployés et consentis pour le faire évoluer demeurent insuffisants, et nous sommes toujours appelés à trouver des solutions et à œuvrer afin d'être à la hauteur de notre prestige à différentes échelles pour hisser le drapeau national dans les manifestations internationales. Les obstacles au développement : L'insertion de la femme dans le sport a été tardive, l'aspect culturel qui oblige la jeune fille à arrêter son activité : Mentalité dans certaines régions, méfiance des parents et époux sur la mixité et la présence masculine et sa contagion néfaste, impossibilité de concilier étude et sport et vie privée, le problème est surtout d'ordre pédagogique. Ce faisant, l'évolution des associations spécialisées n'est pas importante. Nous avons noté une participation féminine quasi inexistante au sein des instances sportives nationales, internationales, des associations et des fédérations. La présence des femmes au sein des fédérations et des associations et même au niveau du staff technique constitue un handicap majeur, pour l'évolution et la pratique des jeunes filles de l'activité physique Les efforts déployés : La tutelle ne peut rester insensible aux obstacles et se doit de fournir des efforts supplémentaires mais primordiaux pour encourager les clubs et couvrir certaines dépenses régulières (matériels et équipements nécessaires), et surtout les adapter selon leur besoin réel, notamment les subventions allouées aux associations féminines et l'optimisation au niveau des programmes de préparation par discipline et par spécialité. Un début de solution : Subventionner les sections féminines, financer une partie des activités des clubs et des associations : Indemniser les entraîneurs des disciplines féminines, motiver les clubs en prenant en charge les entraîneurs engagés et les aider matériellement Prévoir un budget pour répondre aux besoins réels de chaque sport (ballons, matériel sportif, équipements), créer un fonds pour la promotion de la femme et pour aider les clubs à surmonter leurs difficultés financières, en octroyant une subvention annuelle. Collaborer avec les autorités régionales, locales et nationales : gouvernorats, municipalités pour moderniser et implanter certaines installations avec création d'associations féminines dans chaque gouvernorat. Recrutement de cadres spécialisés parmi les enseignants et de responsables conscients au niveau des fédérations et des ligues et une présence féminine (sachant que quel pouvoir aurait eu 1 ou 2 membres si l'on choisit la spécialisation ? contre une grande majorité) et les introduire dans la gestion des équipes féminines (dirigeant-entraîneur). Sensibiliser les responsables de l'éducation physique dans l'enseignement secondaire et primaire pour contribuer à l'intégration des jeunes filles dans les clubs civils : travail de base dans les petites catégories. Suivi et contrôle systématique des acquisitions techniques et physiques pour la détection des surdoués et des futurs talents, les professeurs sont concernés. Promouvoir le sport féminin dans toutes les villes et encourager les jeunes filles à la pratique dès le plus jeune âge : organisation de journées de sensibilisation + d'information régulière pour une meilleure contribution au développement de ce secteur à l ‘échelle régionale. Assurer une formation de qualité, un recrutement pour une pratique soigneusement étudié et scientifiquement effectué : tests d'évaluation pour satisfaire les besoins immédiats et à long terme. Sensibiliser le facteur culturel, inculquer dans l'esprit l'apport éducatif de telle ou telle discipline par des journées d'information au sein des établissements secondaires, organisation de meetings ayant comme thème de débat : la connaissance de la noble mission du sport, son utilité pour vaincre les préjugés et éviter le manque de discipline d'organisation et de responsabilités afin d'assurer la confiance. Améliorer la coordination entre les clubs civils et les associations sportives scolaires qui constituent une réserve et une source de recrutement des futures élites. Sensibiliser les enseignants d'EPS affectés aux établissements pour aider les entraîneurs des sections féminines dans la détection des sujets répondant aux critères exigés de la discipline. Le sport scolaire est un facteur fondamental d'émancipation et d'évolution qui peut contribuer dans une large mesure à l'évolution et à la promotion du sport féminin. Sachant que l'EPS est une discipline obligatoire dans l'enseignement primaire et secondaire, une coordination sérieuse entre les 2 parties sera bénéfique pour le sport civil qui présente une certaine négligence du côté éducationnel, et on a tendance à oublier que le sport est une éducation. Faire participer les équipes scolaires aux compétitions civiles sensibilisera l'enseignant et fera gagner la confiance des parents. Prise en charge du transport des équipes féminines en impliquant des sociétés de transport ou des agences de voyages, et octroyer des minibus aux clubs les plus actifs en sport féminin. Elargissement de la base des pratiquants en obligeant tout club appartenant à la division nationale du championnat masculin d'engager au moins 1 ou 2 équipes femmes dans la discipline concernée. Création d'associations sportives féminines dans chaque gouvernorat, ce qui va permettre d'accroître le nombre de licenciées, de former une base plus solide et de créer une élite sportive féminine. Consolider la présence de 3 ou 4 ou même plus d'éléments féminins dans le sport scolaire et universitaire et constituer une commission permanente de suivi. Sensibiliser les associations sportives à promouvoir les sections féminines pour le bien du sport féminin. Améliorer la programmation des compétitions féminines (entre 2 épreuves ou 2 matches des équipes masculines) pour retenir et attirer le public. Prévoir une programmation planifiée dans les établissements qui va permettre une éclosion nettement plus évidente et une formation plus révélatrice des jeunes scolarisés. Prévoir une formation et un recyclage d'un nombre plus important de spécialistes femmes dans toutes les disciplines. Assurer une meilleure répartition des spécialistes femmes à travers les régions et créer un comité de réflexion féminin. Encourager la jeune fille à s'orienter vers l'enseignement de l'éducation physique (formation des cadres) Sensibiliser les mass medias, qui ne contribuent que très peu à l'essor du sport féminin, trop rares sont les occasions où sont mobilisées la radio, la télé... Charger plus de personnes au sein des organisations pour donner plus de place par le biais d'enquêtes et d'articles plus approfondis : transmissions, séquences, émission, toutes les fédérations doivent fournir l'effort de communiquer à la presse le programme et les résultats de chaque journée de leurs championnats respectifs, ce qui va engendrer une certaine dynamique entre les mass media et le public. Favoriser les sports individuels, ils drainent plus de jeunes filles 63% que les sports collectifs 37% : ce choix s'impose, l'aspect logistique est plus facile à assurer vu l'infrastructure de proximité : établissement scolaire, coût plus réduit. Aménagement horaire pour le rythme scolaire : un arrêt des cours à 16 h rend plus accessible la pratique d'une activité ; surtout pour la fille : cela comporte la théorie protectionniste des parents. Pourquoi ne pas saisir dans l'immédiat l'opportunité qu'offrent les sports individuels qui aident la fille à s'affirmer, à forger sa personnalité qui ne se dilue pas de la même manière dans le sport collectif, à s'exprimer par sa performance, à prolonger sa durée de vie sportive. Le sport individuel est un travail personnel, une prise en charge personnelle où on ne dépend ni de la méforme d'un partenaire de jeu, ni d'une lacune collective. Par ordre on peut classer : l'Athlétisme le Karaté self defense le Judo la Natation Ces disciplines apparemment très prisées sont faciles à relancer et on peut vite repérer les plus doués : résistance, combativité, flottaison. Création et amélioration des conditions nécessaires surtout dans les régions démunies. Améliorer le centre médical scolaire au niveau des modalités d'octroi des dispenses et du statut de l'élève dispensé. Se procurer le plus possible de matériel à usage pédagogique et peu coûteux pour les établissements scolaires (cordes, cerceaux, ballons,...) pour rendre le travail plus attrayant. Prévoir dans chaque établissement scolaire la création d'une infrastructure sportive propre à lui. Sensibiliser les chefs d'établissement pour l'élaboration des emplois du temps afin de mieux exploiter l'infrastructure. Les systèmes visant à développer le sport de haut niveau sont maintenant bien établis en Tunisie, il convient de porter une attention particulière aux dispositions à prendre en faveur du sport populaire et l'égalité de pratique entre les sexes qui sont également une préoccupation permanente. Il s'agit de promouvoir le développement de la pratique du sport par toutes les tranches d'âge afin de profiter de ses bienfaits (sociaux, santé). Les medias à ce propos pourraient jouer un rôle important puisque le sport aujourd'hui est considéré comme un phénomène de civilisation éminemment culturel et significatif de notre époque. Nous vivons à l'ère de la vitesse, notre vie active quotidienne n'échappe pas au stress au travail et pour faire face à toutes ces obligations en restant en bonne santé, il est quasiment impossible de ne pas pratiquer de sport. Cette pratique constitue une réaction positive aux pressions multiples auxquelles nous expose la vie moderne et présente la meilleure forme de prévention contre la maladie, l'abus des drogues, l'oisiveté, etc. ‘'Le sport pour tous est un mouvement dont l'un des buts est d'atteindre l'idéal olympique qui proclame que le sport est un droit dont se prévalent tous les individus sans distinction de race, de sexe, ni de classe... Ce mouvement encourage la pratique d'activités sportives qui peuvent être pratiquées par les personnes de conditions sociales et économiques différentes ‘' En effet, l'objectif étant d'encourager la pratique du sport par tous, tout en mettant en exergue les avantages sociaux : améliorer la qualité de la vie, faciliter l'insertion sociale, contribuer a la cohésion d'une société. Les bénéfices acquis contribuent à l'acquisition d'un capital santé par tous les membres de la société et surtout au niveau de la femme qui joue un rôle principal au sein de la famille tunisienne, laquelle a acquis un statut incomparable dans le monde arabe et même par rapport à l'Occident par l'encouragement qu'elle pouvait prodiguer ou conseiller pour une pratique régulière de l'activité physique.