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Sidi Mostfa
Littératures de mon pays
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 10 - 2010


Par Soufiane BEN FARHAT
Les vieilles ruelles de la Médina de Tunis le connaissaient. Elles murmurent encore son souvenir. Il les a tellement arpentées qu'elles en gardent la trace. Feutrée, silencieuse comme un vieux secret de famille. Tenace à l'instar d'un persistant soupir.
Tout le monde l'appelait Sidi Mostfa. Mustapha Khraïef appartient à cette généreuse génération dont les principaux ténors ont disparu. Ils venaient de loin, d'illustres provinces de l'arrière-pays, de la Tunisie profonde. Ce qui ne les empêchait pas de tutoyer les ruelles tortueuses de la Médina de Tunis, de se faire apprivoiser par elles. Tel était le cas de son frère, l'illustre romancier Béchir Khraïef, de Tahar Guiga, de Tahar Haddad.
Et puis, le hasard ne favorise que les esprits préparés. La mère de Sidi Mostfa, Ella Chérifa, était une Ben Miled, issue d'une vieille famille tunisoise du rbatt de Bab-Jédid. Né à Nefta, le 10 octobre 1910, le petit Mustapha s'est très tôt retrouvé à Tunis comme un poisson dans l'eau.
Bon sang ne saurait mentir. Et lorsqu'on est un Kraïef, on est forcément homme de lettres, de préférence poète ; dans tous les cas de figure, un écorché vif de la magie des mots, des démons de la création.
Sidi Mostfa était un poète-né, un poète prédestiné. Comme une pierre précieuse sertie sur une monture de rêves.
Son père, cheikh Brahim Khraïef, était un poète, doublé d'un historien, auteur d'un ouvrage sur les gens et les tribus du Djérid. Il avait une bibliothèque particulièrement riche d'ouvrages inestimables. Ses sœurs M'barka et Zohra étaient, elles aussi, d'illustres poétesses. Son frère, le cheikh Nasser, était un éminent zeïtounien, un homme pieux, imam de la grande mosquée des Mouadda. C'était le père de l'illustre poète Si Mohieddine Khraïef. Son frère Béchir Khraïef était l'inégalable grand romancier de la Tunisie, l'auteur notamment de Barg Ellil et de Eddegla fi arajinha qui comptent parmi les meilleurs romans de la littérature mondiale. Son frère Mohamed Hédi était lui aussi poète, acteur, musicien et parolier. Il était l'auteur des paroles de la fameuse chanson Laou ken ennar illi kouatni kouatik.
De santé fragile dès son enfance, Sidi Mostfa faisait l'objet des précieuses prévenances de son père. Son âme sensible et délicate en a fait un poète précoce. Un écorché vif. A l'instar de son ami d'enfance et compagnon de jeunesse, le grand poète Abou El Kacem Chebbi. Le premier poème de Sidi Mostfa a été publié au journal Al-Wazir, alors qu'il n'avait que treize ans.
Etudiant à la grande mosquée Zitouna, Mustapha Khraïef se retrouve très jeune embarqué dans la jeunesse bohème de l'époque. Ami inséparable deAbou El Kacem Chebbi, de Tahar Haddad, de Ali Douagi, de Bayrem Ettounsi, il faisait partie du mythique groupe Taht Essour. Il cultivait de précieuses relations notamment avec l'homme de lettres et grand journaliste Hédi Lâabidi, l'immense poète Larbi Kabadi ou Ben Fdhila. Il était de tous les combats intellectuels, écrivait dans plusieurs journaux, hantait plusieurs cercles et cénacles dans différents cafés et lieux de la Médina de Tunis. Poète, nouvelliste et dramaturge, il s'est également exercé avec brio à la radio tunisienne.
L'automne, il rentrait à son Djérid natal. Comme tous les enfants du Djérid lorsque mûrissaient les régimes de dattes. Il y passait d'agréables moments, en compagnie des poètes populaires, dont la légendaire Hiddi. Ali Douagi eut le grand loisir de la connaître lorsqu'il accompagna Sidi Mostfa à Nefta en 1937. Il lui consacra une nouvelle publiée dans son recueil Sahirtou minhou ellayali, (Nuits blanches).
Le mot d'ordre de Mustapha Khraïef était "Et nous marchons" (Nahnou namchi). C'était d'ailleurs le titre d'une remarquable chronique journalistique qui lui était si chère et où il gribouillait sur tout.
Aujourd'hui encore, l'ombre de Sidi Mostfa, disparu prématurément en 1967, arpente les vieilles ruelles de la Médina de Tunis. Certains cafés mythiques encore en place s'en souviennent. Cher lecteur, en marchant à Tunis, daigne bien être attentif. Tu pourrais bien y retrouver des réminiscences de la silhouette frêle et folâtre de Sidi Mostfa, marchant allègrement dans les dédales du souvenir.
"Et nous marchons".
C'est aujourd'hui que débutent, dans la ville de Nefta, les festivités marquant la célébration du centenaire de la naissance de Mustapha Khraïef. Elles se prolongeront dans cette localité – ville natale de l'écrivain – jusqu'à la fin du week-end, mais donneront lieu ensuite à bien d'autres manifestations, en particulier à Tunis.


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