Les grévistes exigent une augmentation de la tarification en vigueur, une révision à la baisse des pénalités qui les concernent et ne veulent plus payer d'impôts. Bien qu'ils aient enlevé leur plaque, certains ont travaillé en catimini, embarquant leurs clients fidèles, à leurs risques et périls... Tunis, lundi 9 octobre 2017. Au petit matin, les taxis sont inexistants, hormis quelques-uns, circulant sans plaque de service. A la station de taxis du Passage, des flâneurs le signalent aux passants en quête de l'«oiseau rare» et qui ne sont pas au courant de la grève. Mais, après de longues minutes qui s'égrènent lentement, des passants matinaux, en quête d'un taxi, finissent par se rendre à l'évidence: ils devront opter pour un autre moyen de transport pour se rendre à leur lieu de destination et vaquer à leurs occupations quotidiennes. De nombreux passants ont affiché, hier, des signes d'agacement. Irrités pour les uns, contrariés pour les autres, certains ont raté un rendez-vous de travail, d'autres n'ont pu se rendre chez leur médecin ou n'ont pu amener leurs enfants à l'école. Ils reprochent aux taxistes de ne pas avoir averti les citoyens par le biais des médias, ce qui leur aurait permis de prendre leurs dispositions dès la veille. Ils ont dû finalement opter pour les autres moyens de transport, à l'instar des taxis collectifs qui ont profité de l'aubaine pour transporter un maximum de personnes. La chambre syndicale des taxis relevant de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat dénonce, de son côté,cette grève illégale. Dans un entretien téléphonique avec La Presse, M. Ali Turkia, trésorier de la chambre syndicale, clame haut et fort son mécontentement, reprochant aux taxistes de ne pas avoir émis de préavis de grève. «Cette grève anarchique n'a pas lieu d'être. Notre syndicat s'en tient à l'accord conclu avec le ministère du Transport. Il s'agit d'une grève illégale qui n'a aucun caractère officiel. Leurs revendications auront peu de chances d'aboutir. Malgré cela, on peut comprendre leur sentiment d'insécurité...». Inconfort et malaise Stationnant tranquillement sur l'avenue de Paris, un chauffeur de taxi a, à l'instar de ses collègues, enlevé sa plaque en signe de contestation. Il énumère l'une après l'autre les revendications de la profession cautionnées uniquement par l'Union Tunisienne des Taxis Individuels, qui est un syndicat non reconnu par la chambre syndicale des taxis relevant de l'Utica. « Nous réclamons une augmentation de la tarification en vigueur, une révision du régime d'assurance ainsi qu'une amnistie fiscale. Nous revendiquons également l'amendement des articles 40 et 41 relatifs aux sanctions et aux modalités imposées en matière de contrôle technique des véhicules. Pour autant, nous sommes ravis de la révision du tarif d'embarquement, signalé au compteur, qui devra passer de 450 à 470 millimes. L'indice kilométrique, tous les 70 mètres, sera porté à 40 millimes contre 30, actuellement». Ce dernier a finalement décidé de reprendre le travail en embarquant des étrangers pour l'aéroport Tunis-Carthage! Bien qu'ils aient retiré leur plaque, des chauffeurs de taxi ont transporté, en catimini, des clients au bord de leur véhicule. Une résidente en banlieue nord a pu en dénicher un, sur le chemin du travail. «J'ai pris un taxi, comme tous les matins. Le chauffeur m'a demandé de payer la course comme si de rien n'était». Accompagnée de son fils, une dame qui vient de trébucher sur le trottoir fait part de son désarroi dû à l'absence de taxi : «Je suis arrivée, à 8h30, à l'infirmerie pour la vaccination de mon enfant. L'infirmière m'a sermonnée car je suis arrivée en retard!». Cette grève ouverte a causé, hier, beaucoup de tort à des citoyens désorientés et qui ont dû se rabattre sur les autres moyens de transport pour vaquer à leurs occupations.