«Notre football est confronté à des goulots d'étranglement» Notre sélection a franchi des pas intéressants et notre football tient le haut du pavé au niveau continental. Sauf que même si notre Ligue 1 est la première d'Afrique, l'on doit se pencher sur les problèmes qu'encourt notre sport-roi. Le peu de moyens des petits clubs, l'infrastructure globalement désuète, la formation à la tunisienne pas toujours en adéquation avec les standards internationaux et une hiérarchie rarement bousculée (toujours les mêmes qui sont titrés). Il faut forcément sortir des sentiers battus et se montrer ambitieux et audacieux. Exemple, au niveau des jeunes, c'est le désert. Les grands clubs n'intègrent pas autant de jeunes issus de la formation parce qu'ils font le choix d'avoir des effectifs très riches, où les novices trouvent difficilement leur place. D'autres, moins nantis, optent pour un recrutement orienté parfois sous forme de prêt, cherchant les bonnes pioches. Dès lors, les contraintes liées à la formation apparaissent excessivement coûteuses (notamment au travers le cahier des charges relatif aux infrastructures), pour un bénéfice incertain. Les petits clubs ont le sentiment de «former pour les autres», à perte, et leurs dirigeants aspirent à une dérégulation qui leur permettrait de gérer la formation comme bon leur semble. Ils développent ainsi des méthodes alternatives, censément plus rationnelles. Sauf que les intentions n'ont pas été définies de manière très explicite, notamment parce qu'il faudrait donner un cadre réglementaire aux solutions proposées et procéder à des négociations entre les différentes parties concernées. En attendant, on s'avance dans l'inconnu, on navigue à vue avec des démarches qui ressemblent à du rafistolage sur fond de pragmatisme ambiant. Pour un développement sur mesure Je pense qu'il faut avoir des objectifs théoriques réalisables, en étant plus sélectif qu'élitiste. Le « système » doit basculer vers plus de libéralisme, permettant à terme aux clubs de gérer leurs flux comme bon leur semble, sans subir les «diktats» de la DTN. Dans des pays où le «vivier» de joueurs est important mais peu exploité à terme. L'idée de filialisation (partenariats ou conventions entre certains clubs) doit recevoir un accueil relativement favorable au sein du microcosme sportif. Parce que ce serait un moyen de récupérer une partie de la formation, celle-ci étant en quelque sorte mutualisée. Au sein de notre sphère footballistique, l'on ne cherche que les « bénéfices sportifs » immédiats (titre ou maintien). Comme dans d'autres domaines, on voit des dirigeants vouloir à tout prix s'aligner sur les pratiques des grandes ligues européennes, quitte à abandonner les points forts du football tunisien. Mesure-t-on les conséquences globales, dans le long terme, de tels choix? Forcément, ça ferait disparaître un savoir-faire qui retourne aux clubs au travers des joueurs, mais aussi des techniciens. Et cette sorte de réorientation compromettrait un peu plus l'ancrage régional des clubs. Bref, notre football ne peut pas avancer avec une sorte de «formation sens dessus-dessous» !