Une machine de guerre. Et pas simplement 11 joueurs, mais tout un groupe soudé par un esprit collectif jamais vu, jamais atteint jusque-là. Voilà le vœu pieux des aficionados. On ne l'aime pas, cette éternelle question de savoir si le CA peut de nouveau remporter un titre continentale, fut-il la C3. Ne brusquons pas les choses et n'insultons pas l'avenir. Mais qu'est-ce que ça voudrait dire ? Que le CA a un fond de jeu qui rassure, un effectif pléthorique, un palmarès de nouveau enrichi ? Les supporters, quant à eux, raisonnent par analogie. Et ils aiment encore moins la réponse qui ressort souvent: l'Etoile et l'Espérance sont des équipes aux automatismes quasi-robotiques, sans aucune folie, mais surtout dotées d'une culture de la gagne et de la conquête. Aux antipodes de ce tandem, depuis quelques années, le CA a toutefois sa spécificité et son cachet. Ce qui le rend d'ailleurs « facile » à supporter. Car cette équipe a une âme, une belle histoire et un vivier de fans dont les rangs grossissent au fil du temps. C'est phénoménal et parfois même inexplicable. Oui, ce CA-là, même loin de rayonner, arrive à mettre en transe son cops et ses inconditionnels. Qu'il fasse le plein ou non, le CA reste populaire et brasse large volet «foule sentimentale». Reste maintenant à passer un cap pour maintenir la cohésion autour du club et dépasser par la même les malentendus. Pour y parvenir, c'est simple ! Dès le coup d'envoi, le CA doit assiéger les bases sud-africaines, sans toutefois se dégarnir au point de laisser les vifs avants adverses sans surveillance. Un Nicolas Apoku monstrueux en défense. Un Darragi insolent de talent, un Marco Simone «arrogant» et expressif. Et, une équipe de franc-tireurs aux schémas automatisés. De la création, du frisson, le tout sur fond d'envie et de détermination. Les fans ont-ils de bonnes raisons d'espérer pareilles prédispositions ? Mettre en place une tactique de survie ! La solidarité, la symbiose et la ténacité. Le CA doit être résolu et impliqué pour forcer son destin. Et les amoureux du romantisme footballistique n'attendent que cela. Un CA qui joue avec les tripes et qui sait se sublimer. Ils veulent voir une équipe attachante et séduisante. Ils veulent gagner, mais aussi accorder du crédit à leurs préférés par la suite. La notion de mérite, voilà ce que recherchent les fans. En clair, ils veulent aussi que ce onze-là fasse l'unanimité autour de lui. Mais en réalité, qu'en est-il du CA actuel ? Alors quoi? Le Club Africain? Trop simple, et surtout trop évident ? Son style de jeu, trop classique et trop prévisible ? Sa défense, tantôt prenable (en championnat) ? Mais bon, dépassons le registre et penchons-nous sur l'affectif. Quelle autre équipe pourrait réunir autant de folie et de romantisme. Rappelez- vous l'été 2015: le CA assiège les bases des Cairotes d'Al Ahly en fin de match. A la 97' de jeu, même Farouk Ben Mustapha se retrouve sur le front! Puis, Tijani Belaïd botte un corner que reprend Nader Ghandri dans les cages égyptiennes ! Un grand moment de « télévision » comme disent les observateurs de tout bord. Procurer autant de frisson et créer une telle liesse, tout en malmenant l'équipe continentale du siècle ! L'impossible n'est pas clubiste ! Et voilà pour la rétrospective du jour. Maintenant, retour sur le quotidien clubiste et les répétitions du moment. Une machine de guerre. Et pas simplement 11 joueurs, mais tout un groupe soudé par un esprit collectif jamais vu, jamais atteint jusque-là. Voilà le vœu pieux des aficionados. Pour le CA, jusque-là, le parcours est beau. Maintenant, pour atteindre l'apothéose de la C3, le Lombard Marco Simone doit mettre en place une tactique de survie, avec une équipe prête à tout endurer. Bref, chacun doit exceller dans son domaine. Même si le CA a trouvé la parade à Pretoria (un nul vierge suffit pour passer en finale), pratiquer toute sorte de simulations ou de techniques honteuses pour arriver à ces fins précipitera sa perte. Se montrer digne du parcours en C3, être intraitable sur l'homme, ultra-dominateur même. C'est un CA en état de grâce qui parviendrait à sortir le représentant sud-africain. Une cohésion naturelle, des hommes forts à tous les postes, un entraîneur fou, une rage de vaincre, et l'orgueil d'un club tunisien ! Si le CA parvient à ses fins, il aura réussi le pari de nous faire passer du doute à chaque début de match à autant de confiance au coup de sifflet final de l'arbitre égyptien Jihad Grisha.