Par Jalel MESTIRI Le football tunisien a intérêt aujourd'hui à revoir les paramètres de la vie sportive de ses équipes et du potentiel humain en termes de compétitivité, de raison d'être et de vocation. D'une certaine culture footballistique. De la durée et de la persévérance. On a tous notre petite idée sur les équipes africaines. Sur le niveau d'un football toujours en pleine évolution. On a aussi notre petite idée sur ce genre d'épreuve en fonction des prestations des équipes tunisiennes. Des exploits aux contreperformances, de l'accomplissement à l'abandon, de la joie à la déception. Mais aussi des contraintes et des obligations parfois sans limites. D'un contexte la plupart du temps défavorable. De façon générale le constat est bien là : les équipes tunisiennes auraient pu aller encore plus loin et obtenir des résultats encore plus probants. Le football africain est-il resté le même, c'est-à-dire à l'état naturel, au-delà des déformations provoquées par la mondialisation d'un sport qui se désintègre de plus en plus de ses valeurs, de sa réalité? Au-delà de l'impact qu'ont pris le marketing et les multinationales dans l'organisation des compétitions de football ? On se demande si le football africain n'est pas déjà dans le mur ! On pourrait comprendre ceux qui seront affirmatifs dans leur appréciation ... Les interrogations ne s'arrêtent pas pour autant là. Il reste à se demander comment le football africain peut-il se développer alors que les situations politiques et économiques de beaucoup de pays sont au plus mal ! Comment entrevoir une lueur d'espoir quand on regarde certains matches aux allures truquées dans des stades d'un autre temps et sous une chaleur suffocante ? L'une des principales conditions favorables à la réussite des équipes, comme l'ESS et le CA, aujourd'hui qualifiées aux demi-finales, est l'affirmation d'une véritable approche de jeu, mais aussi de l'application et de la discipline sur le terrain. Leur réussite ne peut pas être seulement d'ordre sportif. C'est aussi un mode d'emploi et de comportement, un environnement et un entourage. On a toujours pensé que l'exploit des équipes tunisiennes en Afrique est en lui-même une piste de réflexion. Au-delà des résultats, c'est tout le travail accompli à court et à moyen terme, c'est le sens de la responsabilité et de l'accomplissement, c'est l'esprit de compétitivité susceptible à tout moment de faire la différence. On ne manque pas ainsi de relever que les arguments étoilés et clubistes sont défendables, chacun dans son registre, bien sûr, et qu'ils sont disposés à se donner à fond. Comme si c'était la première fois. Comme si c'était le début, et comme ils avaient appris à se revendiquer au fil du temps. Cela n'a jamais signifié une rupture avec ce qui existe déjà, avec aussi tout ce qui a été accompli. Il est évident qu'un nouvel ordre s'impose, ne serait-ce que pour retrouver une logique perdue. Et c'est précisément pour cette raison que le football tunisien a intérêt aujourd'hui à revoir les paramètres de la vie sportive de ses équipes et du potentiel humain en termes de compétitivité, de raison d'être et de vocation. D'une certaine culture footballistique. De la durée et de la persévérance. De toutes les façons, ces équipes ne peuvent plus aujourd'hui se passer d'une compétition qui en fait l'histoire du football tunisien, sa diversité et, également, sa qualité. On espère encore que le football tunisien puisse un jour se présenter dans le continent comme le rassemblement d'équipes et de joueurs d'exception, qui ont bien du savoir-faire face aux exigences du haut niveau. Mais ici et là, le chemin reste encore long. Si on fonctionne aujourd'hui avec passion et détermination, il nous manque encore la rigueur du résultat.