La Chambre tuniso-allemande d'industrie et de commerce (AHK-Tunisie) a publié les résultats d'une enquête menée auprès de quelque 192 entreprises allemandes, en majorité de taille moyenne, opérant en Tunisie. Elle concerne leur situation au cours de l'année 2016 mais également les perspectives pour 2017 et porte, tous secteurs confondus, autant sur les entreprises totalement que partiellement exportatrices L'enquête s'est basée sur une série de questions concernant le succès commercial au cours de 2016, les attentes pour l'exercice 2017, l'évaluation des atouts et avantages ainsi que des handicaps du site Tunisie. Les facilitations et les difficultés particulières enregistrées en 2016 ont également été évoquées. Les entreprises participant à l'enquête emploient plus de 45 mille personnes et sont qualifiées de représentatives de l'ensemble des entreprises à participation allemande en Tunisie. Cette enquête annuelle révèle que pour 2017, la tendance est plutôt à l'optimisme quant aux perspectives d'avenir sur le plan de l'évolution du chiffre d'affaires et du personnel, ainsi que du volume des investissements, tous secteurs confondus. Cependant, si le rapport met en exergue cette orientation, il n'en souligne pas moins la situation préoccupante vécue par le secteur du textile et de l'habillement. En effet, alors que 70% des entreprises opérant dans les industries électroniques estiment pouvoir compter sur une augmentation significative de leur chiffre d'affaires, seuls 10% des entreprises textiles confirment cette tendance haussière. Selon le corollaire qu'une évolution du chiffre d'affaires entraîne une augmentation des investissements, 70% des entreprises électrotechniques entrevoient un accroissement de leurs financements. A l'inverse, 19% seulement des entreprises du textile et de l'habillement prévoient une telle augmentation. La raison en est que cette activité connaît depuis des années des difficultés dont les répercussions deviennent de plus en plus visibles. Le rapport d'enquête révèle, par ailleurs, que 85% des entreprises allemandes opérant en Tunisie estiment que le facteur de proximité géographique de la Tunisie avec l'Europe demeure l'atout principal et le premier facteur constitutif de l'attraction du pays sur les investisseurs. Ce taux de satisfaction dépasse de loin le facteur coûts de production, principal paramètre d'une haute compétitivité, puisque 45% seulement des entreprises interrogées le mettent tout de même en seconde position juste devant un atout non négligeable, celui du niveau d'éducation et de formation du personnel apprécié par 43% des participants à l'enquête. D'autre part, si l'an passé, 44% des promoteurs ont cité les conditions cadres fiscales comme un avantage du pays, ce taux a, en 2017, significativement chuté à 28% des entreprises totalement exportatrices, après que les avantages fiscaux à elles accordés ont expiré et qu'une contribution exceptionnelle rétroactive leur a été imposée. Au niveau des handicaps de la Tunisie, les entreprises allemandes installées en Tunisie avancent l'instabilité politique (78%) et sociale (76%). Les «chinoiseries» et tracasseries administratives sont montrées du doigt et désavouées par 59% des entreprises à cause de la rigidité des procédures et la réglementation excessive. C'est que plus de la moitié des entreprises, soit 54%, déclarent avoir subi les conséquences négatives en raison de la complexité et des longueurs et lenteurs administratives. C'est pourquoi nous retrouvons en pole position des suggestions, l'urgence d'une simplification des structures et des procédures administratives. Les entreprises allemandes continuent à investir dans le capital humain de demain si l'on se réfère aux 66% d'entre elles qui déclarent posséder des structures sectorielles de formation des jeunes et que 60% sont liées par des accords de partenariat avec des centres de formation professionnelle et d'apprentissage publics. Quant au niveau du travail de l'Union européenne, 66% des entreprises participant à l'enquête souhaitent que cette dernière soutienne la Tunisie au niveau de la sécurité. Les promoteurs interrogés pensent que l'UE peut contribuer à l'amélioration du cadre économique en soutenant la mise en œuvre de l'Etat de droit et de lutte contre la corruption (58%) en promouvant la formation professionnelle (53%), en œuvrant à ouvrir le marché européen aux produits tunisiens (49%) Enfin et en ce qui concerne l'Accord de libre-échange complet et approfondi, 32% des entreprises s'attendent à des répercussions positives sur leurs activités, alors que 53% déclarent ne pas pouvoir à se prononcer sur le sujet. Signalons que la Tunisie est le 2e partenaire commercial le plus important de l'Allemagne dans la région du Maghreb. L'Allemagne quant à elle est le 3e partenaire commercial le plus important pour la Tunisie et le 3e investisseur dans les industries de transformation tunisienne. Le volume commercial tuniso-allemand était d'environ 3.010 millions d'euros en 2016.