Le Club Africain a montré à la face de l'Afrique son caractère ambivalent, capable du meilleur comme du pire sur une double confrontation. On l'avait présenté comme un navire de guerre. Insubmersible. Mais ce bateau a pris l'eau de toutes parts. On le croyait capable de se sublimer en C3, mais tout a fini par voler en éclats. Ce CA-là a non seulement raté le coche, mais il a surtout frôlé la correctionnelle face à un néophyte en la matière. Le constat est sans appel. Le CA a de nouveau affiché des largesses défensives et une fébrilité collective indigne à ce niveau. A l'image du défenseur international algérien Belkhiter, fautif sur les trois buts encaissés, et de son compatriote Brahim Chenihi timide, douteux et nullement décisif. Ce fut le fiasco total, car à l'exception d'un Saber Khelifa volontaire, le reste du Onze était comme tétanisé, égaré sur le rectangle vert de Radès. Ce CA-là n'a rien maîtrisé. Ni ses nerfs. Ni ses émotions. Ni le match qui lui a filé entre les doigts d'une manière improbable. Impardonnable. Ce sera dur, très dur de s'en relever ! La peur au ventre L'improbable crash a eu lieu sous nos regards médusés. Les coéquipiers de Atef Dkhili n'y croyaient pas leurs yeux. Supersport a remonté son handicap pour se hisser en finale. Quant au CA, il ne verra pas le trophée de la C3. Contre toute attente, le CA s'est littéralement effondré, balayé et humilié. Un bateau ivre qui a sombré comme le Titanic. Ce naufrage historique représente un fiasco retentissant pour les Clubistes de tous bords. Et force est de mentionner que cet échec met directement en péril le projet de l'exécutif en place. Etrillé, démissionnaire, le CA de Marco Simone était hors sujet. Le coach lombard avait pourtant exhorté les siens à se surpasser. Il n'en fût rien. Ce sont juste les supporters qui ont donné le la, faisant de Radès «une cocotte-minute », devenue par la suite une poudrière! A croire que le technicien n'a pas su faire passer son message, trouver les mots justes et mobiliser ses troupes. Car dès l'entame de la partie, une vague a déferlé sur les travées vertigineuses de la monumentale enceinte de Radès suite à l'ouverture du score sud-africaine. Sous pression, douchés d'entrée, les Clubistes ont cédé et ont par la suite juste fait illusion. Puis, de retour des vestiaires, Supersport enfonce le clou. S'en était fini des chances de «remontada» clubistes, même si Saber Khelifa a ravivé la flamme sur penalty. L'arène de Radès était semblable à un volcan à ce moment. Sauf que vers la fin, il n'en restera qu'un. Ce sera les gars de Pretoria ! Le CA, quant à lui, achève le match laborieusement. Sous une nuée de sifflets stridents, les joueurs clubistes regagnent des vestiaires qui ressemblent à des abris plus qu'à autre chose. Il faut l'avouer, il n'y avait pas photo entre les deux équipes. Un Onze compétitif et homogène face à une équipe hétérogène. Voilà le tableau ainsi brossé. Des Clubistes constamment asphyxiés par des Sud-Africains spectaculaires, mêlant grinta et écrasante maîtrise du ballon. Pris à la gorge, les Clubistes ne réussiront pas à se dégager de l'étau, multipliant les erreurs techniques. Et à force de tergiverser, ils plieront à trois reprises dans leur fief. En fin de compte, l'on retiendra que le CA a pris la bourrasque adverse de plein fouet. On a vu alors (lors du break adverse), les dirigeants du CA blêmir d'inquiétude en tribunes. Cruel destin, ce match va virer au cauchemar, scellant le crash d'un CA impuissant. Le rêve de voir Radès rugir au coup de sifflet final de l'arbitre, hérissé d'étendards aux couleurs du CA s'est évanoui. Ce ne sera pas pour cette fois ! Et, non seulement, le CA a été terrassé. Mais surtout, cet improbable crash pourrait durablement secouer les tenants et aboutissants du club de Bab Jedid, et en premier rang son président Slim Riahi. Voilà la rétro de ce « black sunday ». Maintenant, le pire dans tout ça, outre l'enfer vécu et la fébrilité d'ensemble clubiste, c'est que les « Blues » de Supersport n'ont même pas eu à forcer leur talent. « Soyons honnêtes», diront certains, «nous sommes presque soulagés de voir le CA quitter la C3 à ce stade. Car si le Club Africain n'a pas fait le poids face à un néophyte, qu'en aurait-il été face au Tout Puissant Mazembe dans son antre de Lubumbashi ? Oui, c'est assurément l'une des soirées les plus pénibles que le CA ait vécues dans son histoire. Plus qu'une désillusion, c'est un séisme qui a frappé le club de la capitale. L'enfer était promis à l'adversaire. Mais c'est le CA qui a dû déchanter quand Supersport s'est persuadé que l'impossible remontée était à sa portée ! Voilà la conséquence d'une rencontre que le CA a abordée à l'envers, payant au prix maximum chacune de ses insuffisances, présentes à tous les niveaux : technique, tactique, psychologique. Plus qu'un coup d'arrêt, cette débâcle illustre la fragilité mentale d'une institution comme le CA. Quelle que soit l'issue de la saison clubiste sur le plan national, cette défaite laissera des traces. Peut-être même au-delà. Elle pose question sur la capacité de certains joueurs à gérer la pression, et sur leurs aptitudes à franchir un cap psychologique dont les grandes équipes doivent s'affranchir pour mener à bien une campagne continentale. Car c'est avant tout dans la tête que les Clubistes ont failli. Le ciel s'abat sur le CA ! On dit souvent que l'espoir fait vivre. Le CA manque, certes, de talent, de personnalité, de solidarité et de détermination. Mais tout n'est pas à jeter aux orties. Alors oui, la performance du match aller à Pretoria doit constituer une base de travail plus que consistante pour la suite du championnat de la Ligue 1. La performance du match aller a été plus en phase avec les standards du représentant tunisien. Sauf qu'avec ce retour de bâton spectaculaire, sa valeur a chuté en flèche. Si l'on spécule volet interprétation, l'on pourrait s'avancer à dire que mettre en relief l'échec clubiste n'a de sens que si l'on met en avant la performance réussie par Supersport, et ce, au terme d'une rencontre où tout ou presque a tourné en sa faveur. Parce qu'il s'en est donné les moyens. Parce qu'il n'a jamais cessé d'y croire. Parce qu'il possède dans ses rangs des joueurs valeureux ! Supersport United a non seulement gagné mais elle a surtout séduit et convaincu. Son approche du match a été idéale. Quand on voit combien la furia s'est emparée des « Bleus », de la même façon que la peur a transpiré des pieds clubistes, l'on reste perplexe. En fin de compte, les Sud-Africains ont fait basculer la liesse dans leur camp et le CA dans les ténèbres ! Plus qu'une claque, plus qu'un camouflet, plus qu'une déroute, c'est un revers historique pour le Club Africain ! Finalement, le CA a montré à la face de l'Afrique son caractère ambivalent, capable du meilleur comme du pire sur une double confrontation. A Radès, les Clubistes ont été fébriles, ont refusé de se battre et n'ont cessé de subir. Et le pire est que même avec cet état d'esprit défaillant, cela aurait pu passer avec un peu plus de « baraka ». Mais entre l'incapacité de la défense à se montrer solide, un Belkhiter aux fraises et un milieu hors sujet, il n'y avait, de toute façon, pas grand-chose à espérer. Contrairement à ce qu'on pouvait penser au match aller, le CA n'est pas encore au niveau des standards continentaux. Une faillite à tous les étages, un naufrage collectif. Une panique générale. La crise s'installe !